Un sorbier tel une bombe... volcanique


Ci-dessus : photo traficotée du "tronc"

Préambule :

Le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia ) de ce sujet a déjà été évoqué (voir ici, le message de présentation) dans un fil plus général intitulé « Sorbus : Cormier, Sorbier et Alisier ».

J’y décris en particulier les conditions incroyables de sa position sur un rocher (2015) quand il était encore à l’état sauvage. Il survivait sans terre apparente, simplement posé sur une faille très étroite dans laquelle il plongeait miraculeusement deux minces racines.

Dans le même sujet général on trouvera ce message qui rend compte de l’état de l’arbre en 2016 dans son pot de culture.

En 2017

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Prises de vue de l’arbre les plus récentes. Elles datent du 25 septembre 2023

Hauteur : 25 cm

Vues frontales

Vues latérales

Étant donné son évolution et mon intérêt croissant pour l’essence, j’estime maintenant que mon sorbier des oiseleurs mérite son propre sujet.

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Superbe sujet et je suis baba devant le tronc

Qu’est ce que tu as comme projet d’évolution devant cette bête @bonsaiphil ?

Amicalement

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Il est juste incroyable ce petit arbre
Il témoigne de la force de la nature et de la faculté d’adaptation
Très différent du port naturellement droit des sorbiers, il a un charme fou
Il mérite pleinement son sujet !! À suivre

Merci @olopost et @Fabizen pour vos commentaires encourageants.

Comme souvent, ce sont mes arbres qui dictent le projet. La contrainte qu’ils exercent est créatrice. Je ne fais qu’accompagner leurs propositions en les « arrangeant » gentiment. À l’opposé de ceux qui « dynamitent, dispersent, et ventilent » (dans « les tontons flingueurs »).

Dans le cas de cette bombe volcanique, je ne peux pas me raccrocher à des formes codifiées établies au pays du soleil levant. Et c’est bien ainsi.

Par ailleurs, s’inspirer de ce qu’on peut découvrir au détour d’excursions dans la nature est difficile : peu d’arbres ou d’arbustes exhibent une telle forme. Il n’a rien d’une trogne, par exemple.

C’est justement cette page blanche, cette absence de repères qui est intéressant.

Pour l’instant je m’évertue à le faire ramifier en stimulant des bourgeons arrière dormant. Ce faisant, je compte sur une réduction de la longueur des pétioles et de ce fait de la taille des folioles. C’est possible, je l’ai observé souvent sur les sorbiers broutés.

À force de tournicoter autour de l’arbre et avec son évolution viendra le moment où une tendance, une direction émergera. Je n’aurai alors plus qu’à accentuer cette impulsion.

Le titre de ce sujet appelle quelques précisions :

Il n’y a pas de tronc principal à proprement parler mais une espèce de broussin dont émergent des branches. Cette boule m’a rappelé une bombe volcanique

vues récentes du broussin

Cela ressemble à une loupe. Cependant il ne s’agit pas d’un chancre. L’arbre n’est pas malade.
Il a sans doute développé cette croissance atypique parce qu’il était posé au bord du précipice, comme tombé du ciel, sur une table de grès en plein soleil du matin au soir.

On distingue la fissure de la table rocheuse dans laquelle quelques radicelles cherchent leur chemin
A gauche une racine posée qui va quant à elle trouver un interstice plus loin

J’adore ces circonvolutions. Elles tiennent à la fois d’une lave refroidie et d’un hémisphère cérébral. Cet arbre posséderait-il un cerveau ?

De plus il ne cesse de gonfler ! Alors forcément, il doit adapter sa boite crânienne. Il perd régulièrement des plaques significatives d’écorce.

Au début, ce phénomène qu’on connaît sur d’autres espèces m’a inquiété. Mettra-t-il une éternité à reconstituer cette surface si spectaculaire ?
La réponse n’a pas tardé : l’année qui suit la desquamation il n’y paraît plus. C’est ainsi que le paysage à la surface change sans arrêt à l’instar de la bombe volcanique, la sève se substituant à la lave.

Parfois se dessinent des silhouettes mystérieuses. Un Gollum ?


image

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Une base d’arbre précieuse.
Envisager une partie aérienne digne de cette base n’est pas si simple.
Je te propose cette photo d’un bonsaï qui pourrait te servir, non pas de modèle, mais de source d’inspiration (photo tirée d’un bouquin de 1989 intitulée : les plus beaux bonsaï du monde).
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Cet arbre, à l’époque, m’avait troublé et j’en avait fait un petit texte dont voici le lien :
https://www.parlonsbonsai.com/t/dialogue-avec-un-arbre/124160
(pour éviter de polluer ton post).

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J’ai vu, j’ai lu et j’ai énormément apprécié ton texte.
Il vient contredire agréablement ce que j’exprimais il y a peu dans les dernières phrases de ce message dans " Travaux d’envergure pour contrecarrer une malédiction"
C’est tellement réjouissant de côtoyer des personnes qui savent écrire !

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Photos du jour

Vue frontale

Vue latérale

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Il ne faut pas tailler les sorbiers des oiseleurs en hiver. Il est important de leur laisser les bourgeons terminaux.
C’est seulement maintenant au début du mois de mai, qu’on peut envisager de réduire les pousses à 2 ou 3 feuilles. Ce sont celles qui correspondent à des entre-nœuds courts

Vues du Sorbus aucuparia de ce sujet le 9 Mai dernier avant une taille en vert
Vues frontales


Vue latérale

Volume de feuillage éliminé ce matin


Pas de photos après la taille

Remarque :
Il est possible de réduire ici ou là les feuilles composées en conservant la moitié des folioles sans que l’esthétique de l’arbre n’en soufre plus que ça

Chaque fois que j’actualise ce sujet, j’ai l’impression de jeter une bouteille à la mer.
« Parlons Bonsaï » est un océan peuplé d’une foule d’espèces, mais de Sorbier des oiseleurs, pas de traces.

J’ai du mal à comprendre ce désert quand je vois Sorbus aucuparia partout sous mes pas, jusqu’à border les routes en tant qu’arbre d’alignement.

J’en reste baba quand je vois l’engouement pour le frêne qui possède aussi des feuilles composées, mais bien plus puissant, avec des feuilles plus grandes naturellement et, cerise sur le gâteau, voué à la disparition en Europe parce que malade.

Alors, je persévère.

Après la taille en vert dont je faisais état ci-dessus il y a à peine un mois, je vous gratifie de ma « bombe volcanique » après cette précédente intervention et une défoliation partielle de ce matin. Je l’avais suggéré à la fin du message ci-dessus.

Dans cette première vue, l’objectif photographique a pu se frayer un chemin à travers les folioles

Dans cette autre vue frontale, il est plus difficile de distinguer la structure de l’arbre

Les deux vues latérales pour évoquer le volume

J’ai taillé les pétioles de certaines feuilles pour laisser entrer de la lumière et favoriser un bourgeonnement arrière.

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je suis ce sujet avec intérêt, j’ai prélevé récemment quelques jeunes plants (sauvetage avant travaux) s’ils reprennent car un peu tôt dans la saison je compte les mener en cépée

Ça peut passer.
Les miens ont tiré le rideau depuis une dizaine de jours en perdant la quasi-totalité des feuilles. Ce qui signifie sans doute qu’ils estiment avoir fini la saison.
Si les plants que tu as récupérés en étaient au même stade les chances de succès sont fortes. Le Sorbier des oiseleurs est tout de même une espèce costaude.

Cette année, pour ce qui est des belles couleurs automnales de l’espèce, on est plutôt frustré. Ils sont passés du vert au brun caca puis au noir, sans transiter par les couleurs cuivrées.

Pas de rempotage depuis 2022. J’ai hésité pour en faire un, ce printemps, mais en définitive j’ai décidé qu’il serait encore temps. Le drainage est bon, l’arbre est sain et vigoureux. Alors à quoi bon…
Il est reparti sur les chapeaux de roues, au point que j’ai déjà joué au chevreuil en abroutant les pousses vigoureuses et en coupant la moitié des folioles des grandes feuilles .
La semaine dernière j’ai pris quelques photos après cette taille
Vues frontales :


Je rappelle qu’il ne faut pas tailler cette espèce avant le débourrement.

Vue latérale

Volume de feuillage taillé

Cette année, c’est la première fois qu’il a percé sur la « bombe » proprement dite. Il y a eu trois perçages et je n’en ai laissé qu’un seul juste pour voir. Mes projets ne prévoient pas de laisser venir une autre branche à partir de la patate.

Ces perçages témoignent de la vitalité de ce sorbier des oiseleurs.

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Hypothèse.

Les réitérations peuvent être traumatique et peuvent prendre facilement l’ascendant sur l’existant d’avant traumatisme. Le végétal compense pour revenir à son équilibre foliaire « nécessaire ».
Vitalité ou survie…

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Alors j’ai pas tout compris à ta prose. Parler de survie, pour moi, ça sous entend que le végétal est faible.

Au final, tu tailles une plante, elle te refait de la matière. On est juste dans action/réaction, non?
Plus tu tailles et plus le végétal est fort et plus il reperce.
C’est comme ça que je le vois en tout cas…

Je suis un peu comme toi @Clement34 : je n’ai pas vraiment compris ce que @kalima-ich volait dire.
Pour ce qui est de la survie, je dirais que tous nos arbres sont en survie. Dans un pot ils se trouvent dans un état d’équilibre instable. Ecartez vous un peu de la position d’équilibre (oubli d’arrosage, rempotage sévère, gel prolongé etc.) et ils vont dévaler la pente. Schématiquement, c’est ça :


Un arbre dans la nature se trouve lui dans une position d’équilibre stable. Si un évènement le déplace de sa position « normale », sa résilience tentera de le ramener à une position d’équilibre
Un peu comme ça :

Je maintiens : Mon sorbier est vigoureux (non, mais …!) :winking_face_with_tongue: