Dialogue avec un arbre

Dialogue avec un arbre,
un pommier de Siebold.
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                Pommier de Siebold (Malus siboldii).
                Photo tirée du livre : Les plus beaux bonsaï du monde
                Editions du Rocher - 1989.

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Ce pommier de Siebold a 20 ans dont 5 ans de culture en pot.
Ce jeune bonsaï est de style kabudachi, style à troncs multiples issus d’un même pain racinaire.
Le bonsaï idéal de cette forme présente un tronc principal et un tronc secondaire autour desquels les autres troncs sont harmonieusement regroupés. L’effet d’ensemble suggère la beauté naturelle d’une forêt ou d’un bosquet.

Ainsi composé, ce tableau nous évoque la poésie des paysages champêtres.
La courbure des troncs à la base, l’apparent désordre des branches et l’absence de cime identifiée lui confèrent une note de naturel sauvage hors du sens japonais de la beauté formelle.
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Ce bonsaï me rappelle ce chemin de campagne jurassien où, silencieux, nous cheminions vers l’église pour rendre un dernier hommage à l’un des nôtres. Ce sentier était bordé de prunelliers et d’églantiers en fruits, poussant en liberté entre quelques pierres, vestiges d’un mur depuis longtemps éboulé.

C’est le cœur même de l’art du bonsaï que de susciter, chez celle ou celui qui le contemple, une émotion ; ainsi, l’art de la présentation nous ouvre les portes du dialogue avec nos états d’âme.

Et, lorsque je regarde ce bonsaï, mes yeux se remplissent d’un souvenir vivace où se mêlent la poésie du lieu et l’impalpable sentiment de nostalgie à l’évocation de notre finitude.

Les herbes folles et les fruits que porte ce pommier suggèrent l’été finissant ou la promesse d’un automne prodigue … l’un et l’autre nous mèneront à la rudesse de l’hiver.

Toto25
Septembre 2010

4 « J'aime »

Il est très graphique, ce type de pommier s’y prête bien, avec notamment ces petits fruits.

J’aime bcp l’ensemble, ça a un coté champêtre , bucolique, impressionniste très agréable, c’est frais,naturel un joli tableau poétique.

Vos mots sont aussi agréable à lire et à écouter, merci pour ce flot de syllabes bien conçues et bien rangées que vous avez laissé prendre l’air.

1 « J'aime »

J’ai plaisir à rédiger, de temps à autre, un court texte de commentaires à propos d’un bonsaï, pour peu qu’il m’inspire. En voici un deuxième exemple.
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Dialogue avec un arbre,
un akébie.
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           Akébie (Akebia quinata).
           Photographie tirée du livre : Bonsaïs chefs d’œuvre.
           (Nippon bonsaï association - Editions ATLAS – 1989).

L’akébie photographié ici est un bonsaï d’environ 80 ans et de 60 cm de hauteur. Cet arbre ou plus exactement cette liane, l’akébie est une plante grimpante, a été prélevé dans son milieu naturel puis entretenu de très longues années.
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Les racines et les lignes noueuses du tronc confèrent, à ce bonsaï, un air très naturel.
Le style de cet arbre, à tronc sinueux, se refuse à suivre les règles et suggère une forme d’arbre libre, authentique et enchanteur.

Tout aussi merveilleux ce tableau printanier qui unit les grappes de fleurs mauves au vert du feuillage juvénile.

Ce bonsaï décharné, au tronc tordu et pudiquement vêtu de mousses, porte fièrement sa floraison printanière figurant le cycle universel de la vie et de la mort. Cette myriade de fleurs, instant d’étoiles sur l’arbre aïeul, ordonne et célèbre le cortège du temps.

Ephémère est la présentation et son objet, le bonsaï, nous éveille au sentiment d’éternité.

Arbre Temps, symbolique et de paroles, ce bonsaï bouscule nos certitudes et laisse à penser la place fondamentale qu’occupe l’arbre dans notre vie et notre imaginaire collectif.

Toto25

3 « J'aime »

Le dialogue avec les arbres est l’un des principaux moteurs qui animent ma passion des bonsaï.

Cette fois, je suis parti d’un petit texte que j’avais rédigé en 2009 pour créer un bonsaï à son image.
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Arbre d’avant les arbres, d’avant même la forêt.
Pour quel génie tes bras se dressent.
Sur quel infini s’accrochent tes racines et à quelle force ancestrale puise ce tronc.
Tronc dont pas même le père des dieux y façonnerait le mât du grand coursier des mers.
Branches inutiles dont l’artisan le plus habile ne se résoudrait pas à y faire douves du tonneau ou planches du sarcophage de nos rois.
Arbre dérisoire, tu forges ton apparence et suis ton chemin.
Que passe le poète pour louer ta grandeur.
Le jardinier céleste composera un bonsaï, entre beauté et nature, esprit et harmonie.

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toto25, 2009.
bonsaï de la collection de l’auteur ; genévrier de Chine - Pot Patrice Bongrand.

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Dans ce quatrième épisode, une composition simplifiée sur une poésie d’Issa Kobayashi, réalisée en 2014.
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Quelques éléments de réflexion personnelle sur l’arbre et son pot.

                Azalée kakuo d’environ 25 cm de hauteur.

Pour ce bonsaï, de forme moyogi et présentant un équilibre dynamique marqué, le pot que j’ai choisi est d’origine chinoise non verni, rectangulaire et profond, de texture légèrement rugueuse. Seules les lèvres supérieures du pot, arrondies et tournées vers l’extérieur, rappellent la forme du tronc. La céramique est donc en opposition par rapport au style du bonsaï. Elle lui confère force et stabilité avec une touche d’élégance et d’austérité.

2 « J'aime »

Une fois n’est pas coutume je ne ressens rien devant cette azalée. D’une manière générale, les azalées ne me parlent pas.
Quant au Haïku qui l’accompagne il ne m’émeut pas plus.

En revanche le pot est remarquable et je trouve qu’il se marie parfaitement avec l’arbre. Les assortiments « en opposition » quand ils sont bien pensés se révèlent très puissants. Ils ne sont pas conformes au concept confucéen d’harmonie. C’est une démarche plutôt occidentale.

Ce post est l’un des plus beaux post que l’on ait vu ici, il exprime à merveille l’état d’esprit, ce qu’est cette pratique dans la perception de certains, mis bout à bout y a de quoi faire un joli recueil.

C’est l’une de mes variétés préférés de part sa floraison, la sensibilité de ces fleurs, elle sait aussi montrer ces char charmes sans en hêtre un , la demoiselle arbuste qui se prend pour un arbre, elle a bien le droit de rêver d’autres le font bien en se prenant pour ce qu’ils ne sont pas.

Merci, continuez svp…bonne journée

Merci @corto35.

J’ai plaisir à partager un peu de mon jardin secret.

Pour moi, la pratique du bonsaï relève, en partie, de la Poétique de la tradition grecque ancienne. Une forme de connaissance et une manière d’explorer la condition humaine.

@bonsaiphil

Cette présentation est une sorte de petit tableau miroir de l’imaginaire ; un éclat, un instant de Cosmos qui fige le temps présent. Un temps suspendu comme une invitation à apprécier une joie simple ou un peu de sérénité recouvrée.

Ce faisant, bien des personnes peuvent ne rien ressentir, émotionnellement, face à une telle présentation. J’en accepte l’augure. Cela n’enlève en rien l’intérêt que je porte à leurs commentaires.

y a le bonsai, le kazari.y a ça puis l’après…une histoire de nature, de perception celles de l’un n’étant pas celles de l’autre.

Il est aussi important qu’elles se respectent pour pouvoir dialoguer, échanger et partager entre elles , élément qui n’est pas toujours présent malgré le fait qu’il soit essentiel.

Au menu de ce cinquième épisode figurent seuls, un croquis et l’estime que je portais à son auteur.
De cette amitié est né un petit texte que je retranscris ici avec plaisir.
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Il se dit, enfin on raconte que là-bas, au bout du monde des landes, un pin prend toute sa hauteur. Fichu sur une falaise, suspendu entre terres et nuées, il se hasarde à la verticalité.

Ses bras épousent les vents qui, inlassablement, vont et reviennent.
A ses pieds l’océan, de vague en âme, ondule lascivement au rythme des marées.
Que viennent les tempêtes et l’arbre dansera au gré des souffles agités.
Les jours de ciel paisible, la quiétude se conjugue à l’or solaire et au temps, qui martèle son tempo.

On raconte que l’arbre sait, des vents qui reviennent, la terre ronde et les oiseaux multicolores qui parlent ; de la mer, le berceau de la vie et, des nuages, l’éclair de foudre et de souffrance.

Il se dit ici, au pays des légendes, qu’un esprit malicieux a croqué le pin, de la tête aux pieds ; et l’arbre, loin de s’en émouvoir, lui a confié bien des secrets.

Nul ne connait le contenu de leur échange mais moi, qui ai quelques accointances avec les éléments, je peux vous dire qu’il fut question de silence et d’amitié.
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toto25, 2010.

Märchenbaum. C’est l’expression qu’utilise Walter Pall pour qualifier un « arbre de conte de fées ».
Les fées, les kobolds, les esprits malicieux… On y est.

PS : Pour ce qui est de dessiner un bonsaï, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour @Gwinru qui a arrêté de sévir sur ce forum depuis sa nouvelle version. Que ses dessins étaient inspirants !

Oh que oui ,il nous manque l ami gwinru pour sûr. Puis pour moi à mes débuts ici c était les dessins de Law et vev et puis Pascal47 qui me faisait tomber.
—> https://www.parlonsbonsai.com/t/dessins-de-pascal47/110310😍

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