Ni les Sorbus domestica (Cormier), ni les Sorbus aucuparia (Sorbier des oiseleurs) ni aucun de la liste ci-dessus ne possèdent des tiges creuses. Bien au contraire, leur bois est très dur et il est très recherché par les ébénistes et les sculpteurs.
J'aurais donc tendance à penser que vous n'avez jamais croisé ni l'une ni l'autre de ces deux espèces ? Vous devez sans doute confondre avec autre chose.
Pour illustrer l'apparence d'un sorbier des oiseleurs, je peux vous parler par exemple de celui que j'ai trouvé en été 2015.
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été 2015
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Il poussait sur une table gréseuse, au bord du précipice, avec un soleil direct de 9 heure du matin au couché du soleil.
A première vue cela ressemblait à une patate un peu allongée posée à même le rocher avec quelques plumets verts. Pas de terre apparente, mais le tubercule était posé sur une fissure dans laquelle une lame d'Opinel ne s'enfonçait que de quelques millimètres.
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Automne 2015. Vue de dessus
De part et d'autre de la patate on pouvait voir une racine sur quelques centimètres avant qu'elle ne disparaisse dans la fissure. Ce qui m'a immédiatement impressionné c'est l'aspect à la fois complexe et tourmenté du bois qui portait les stigmates de nombreuses tentatives à survivre.
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A l'automne 2015 je ramène de la mousse tout autour de ce topinambour pour lui donner toutes les chances à surmonter l'hiver .
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Automne 2015
Pour les cervidés, le sorbier des oiseleurs est un peu ce que le miel est pour les ours. Si bien que ceux que l'on trouve généralement et dignes d'intérêt sont des arbres broutés. Mais celui-là fait exception : les cerfs et les chevreuils ne s'aventurent pas aussi près des falaises. Le stress de cet arbre vient de son exposition.
Au printemps 2016 le prélèvement s’annonçait mal.
Je suis venu avec marteau et burin. Pour avoir sculpté du grès rose, je savais à quel point cette roche peut être retors. Au bout d'une demi heure j'ai arrêté de taper comme un sourd. La quantité de grès écarté était négligeable. J'ai donc soulevé les deux départs de racine, une dans chaque main, j'ai tiré vers le haut et … crac et recrac. J'avais la patate en main avec ses deux petites queues.
Sous la masse ligneuse il y avait une multitude de radicelles millimétriques qui , si elles étaient bien à l'ombre, n'avaient pour autant jamais vu un soupçon de substrat. C'est sur elles que je devais compter pour une reprise.
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Un prélèvement hors normes pour un arbre atypique, en somme.
Je n'aurais sûrement pas fait cela avec une autre espèce, mais je savais que cette essence était très robuste et qu'elle racinait facilement pour en avoir fait l'expérience sur un autre individu.
Cette information pourrait s'avérer utile à ceux qui tenteraient l'aventure.
En rentrant je l'ai placé très bas dans un pot assez confortable. (pouzzolane + akadama + écorces de pin compostées ). Il n'y avait plus qu'à attendre et deux semaines plus tard les premiers bourgeons ont commencés à débourrer.
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Je vais essayer de rassembler quelques images plus récentes et en particulier celles où on voit la qualité et les caractéristiques du bois.