Un Orme de Chine de 80 ans et gratuit

Cet arbre déroge à la tendance très majoritaire de ma collection : il n'appartient pas à une espèce autochtone.

Le voici dans les couleurs automnales. J'ai réalisé les prises de vue ce matin par un temps très couvert et on perçoit mal les reflets rosés que commencent à prendre certaines feuilles .

 

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Les essences "exotiques" ne sont pas trop mon affaire. J'aime les arbres d'ici.

 

Son ancien propriétaire me l'a apporté il y a une petite dizaine d'années pour que je le sauve. Il m'a expliqué que le malade avait plus de 70 ans. On était en juin et il n'avait que trois ou quatre feuilles. Après une année de soins l'arbre était bien rétabli. Le propriétaire m'a alors signifié qu'il n'en voulait plus. Cadeau.

 

Je ne l'ai rempoté que deux fois depuis son arrivée chez moi. Il va subir un troisième rempotage au printemps prochain.

 

Son aspect indéniablement vénérable n'arrive pas à cacher le peu d'émotion que j'éprouve à son égard. Néanmoins, je le trouve précieux : il m'a fait réaliser la quasi-indifférence que je peux ressentir avec un bonsaï que je n'ai pas cultivé à partir du stade sauvage.

Mon attachement aux arbres que j'ai prélevés s'explique sans doute parce que j'ai eu la chance de leur construire une histoire. Avec cet Orme de Chine, pas de réelle histoire, pas de lutte pour le conquérir, j'éprouve une sorte de détachement qui se traduit par très peu d'interventions. Cette année par exemple je n'ai même pas procédé à une taille en vert. Ce sont les premières photos de lui depuis plus d'un an.

 

Photos de Juillet 2021

Vues frontales

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Vue latérale

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Peut-être qu'avec le temps, avec beaucoup de temps, je saurais l'apprécier un peu plus ?

 

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Il est pourtant bien beau cet orme! Un port naturel, il mériterait en effet une taille plus régulière pour le densifier.   Le pot est plutôt sympathique et lui va bien. Pourquoi le gardes tu?

Et pourtant, de tous tes arbres que tu nous présentes, c'est peut être le plus beau. Enfin, non pas "beau". C'est trop subjectif. Le mieux construit, ou le plus aboutit dans sa structure. Enfin, je trouve.

 

Et puis si son côté "chinois" qui te dérange, fais comme si c'était un champêtre! :-)

il est bien beau ce mal aimé.

Bonsoir je suis bien d’accord avec vous il est bien beau ce mal aimer avec un port naturel et bien charpenter, il mériterait un peu plus d’attention de part son grand age déjà… Je le trouve magnifique et vénérable

Bel arbre Msieu' Phil , un bien joli cadeau que l'on t'as fait là ! :-)

 

Bien costaud, bien fourni de partout, une ramif' à soigner proprement pour une silhouette encore plus délicate et majestueuse ...  Il est entre tes mains, y'a plus qu'a ! 

 

Au rempotage, tu nous montrera le nebari STP, le chevelu ? et peut être le mettre plus en évidence ?! car là, le moins joli c'est peut être bien le nebari dirait-on :spb79:

 

Quitte à marcotter pour faire une belle base , ça marche top sur l' orme .  Il perd tout son feuillage l'hiver ? je te pose cette question, car chez moi, les ODC son devenu quasi caduc ...

Enfin tu te décide à la présenter cet arbre... les commentaire ci-dessous me rappelle nos discussion à son propos. Il a vraiment une belle allure avec ces espaces vides, qui ne font pas de plateaux mais des branches naturelles comme on voit sur les arbres de plaine. Suis bien curieux de voir son nébari au printemps prochain. Je me pose la même question que Lio, je ne sais plus si il est caduc ou pas celui-ci ?

 Je me pose la même question que Lio, je ne sais plus si il est caduc ou pas celui-ci ?

 

Oui et non

Il est caduc au sens ou c'est un feuillu comme les autres qui élimine ses anciennes feuilles pour laisser la place à celles qui bourgeonnent au printemps... au plus tard

Cependant il a la particularité de se départir des feuilles au compte-goutte. C'est une abscission au ralenti qui est vraiment significative à partir des premières gelées chez moi. Elle se poursuit tout l'hiver. Ne pas confondre ce processus avec celui qui conduit aux feuilles marcescentes.

Actuellement le feuillage à jauni, voire rosi, ce qui est le signe qu'il réagit à la durée d'ensoleillement et aux températures qui rafraîchissent (photopériode, thermopériode). Il accumule les réserves de sucres solubles.

Mon orme de Chine reste à l’extérieur en hiver. Ceci lui permet de s'endurcir progressivement pour résister au gel. Les feuilles qui restent ne jouent évidemment plus aucun rôle dans cette étape.

 

 

Et pourtant, de tous tes arbres que tu nous présentes, c'est peut être..... le mieux construit, ou le plus aboutit dans sa structure. Enfin, je trouve.

 

 

Cela s'explique sans doute du fait que ce n'est pas moi qui l'ai construit ! LOL

 

Et puis si son côté "chinois" qui te dérange, fais comme si c'était un champêtre! :-)

 

Le coté "chinois" ne me dérange que lorsqu'il s'agit de la marine et de l’aéronavale de l'empire du milieu qui occupe progressivement et scandaleusement la mer de Chine du Sud (trois îles artificielles dans l’archipel des Spratleys). Idem pour les nouvelles routes de la soie.

 

 

@Tous

Vous appréciez cet arbre. Soit. Ça me réjouit

Je ne le hais point.

C'est juste son absence de supplément d'âme qui me chagrine.(voir mon premier message)

 

 

Durant la saison de pousse 2022 cet Ulmus parvifolia a fait preuve d’une bonne vigueur. J’ai donc décidé d’en profiter pour le rempoter au printemps de cette année 2023. L’objectif est de le placer dans une poterie moins haute. Je m’y emploie depuis que j’en ai hérité.

Le pot « d’origine » début juin 2014 quand on me l’a apporté pour le sauver

Ci-dessous le pot dans lequel l’arbre a résidé entre 2016 et 2022 (Photo de juin 2021)

N’ayant pas passé assez de temps à la recherche d’un nouveau pot au printemps dernier, je l’ai placé dans une céramique chinoise émaillée d’une couleur brun rouille qui dormait à la cave. Pas très original, ses dimensions correspondaient néanmoins au projet de réduction de la hauteur.

Prise de vue immédiatement après le rempotage de mars 2023

Il est encore hirsute sur ce cliché.

Inutile de préciser que l’opération a exigé une taille sévère de racines plongeantes.

Malgré une taille des branches secondaires en conséquence, cet Orme de Chine a accusé le coup et n’a fait cette saison qu’un feuillage relativement clairsemé. Mais rien d’alarmant.

Je n’ai pas pris la peine de le faire poser devant mon appareil photo depuis qu’il a débourré.

Je m’y emploierai lorsque les feuilles commenceront à prendre des couleurs automnales.

cet arbre, à vraiment une base « peu acceptable » pour un bonsai… sont ancien proprio s’est surtout occupé du houpier, mais à oublier « l’ancrage » au sol (si j’ose dire)… mais bon ça se greffe aussi les racines… si des fois il t’en reste lors de ce rempotage (ça doit-être un peu tard toutefois maintenant)…

Son ancien propriétaire n’a rien fait du tout.
C’était un homme plutôt fortuné qui a trouvé de bon ton de posséder un « élément de décoration » dans son intérieur.
Il se contentait de prendre des ciseaux une fois par an et de couper tout ce qui dépassait pour avoir une boule. Il n’avait jamais été rempoté.
D’après ses dires, c’est un arbre d’importation qu’on lui a vendu pour avoir 60 ans environ.

Vue sur les départs de racines quand j’ai reçu l’arbre.


Greffer là-dessus produira des racines beaucoup plus minces, moins vieilles dans leur apparence qui vont dénoter.
Pour moi, le remède serait pire que le mal.

D’autant plus que même si ces départs ne sont pas académiques et ne correspondent pas aux critères japonais, leur direction, leur asymétrie accentue la courbure générale du tronc en venant pile-poil dans le prolongement de ce mouvement.
Un arbre ainsi fait se trouvant dans la nature est, ama, parfaitement viable.
Je n’expose pas : mes arbres n’ont donc pas à plaire à un jury et je me permets ainsi des formes moins stéréotypées.

je vais me dédire, par contre en voyant cette photo, qui est fort acceptable, contrairement aux présentations faites ci-plus-haut…

hm, les formes stéréotypés, tout e même, le formalisme classque Bonsai reste un must, même si ces formes semblent commune d’avoir été travaillé par tout bonsai-ka… les rejoindres n’est quand même pas donné à tout le monde… (j’y travaille) :wink:

Voilà mon opinion

L’Histoire montre le contraire.

Je pourrais multiplier les exemples autant en sciences qu’en art, mais je me contenterai de ne citer que le « salon des refusés » (1863) dans le domaine de la peinture. Regroupant toutes œuvres exclues du très académique Salon Officiel, il deviendra très vite le tremplin de l’innovation et de la modernité. Les artistes y avaient en commun d’essayer de faire sauter les stéréotypes et le formalisme classique.

Dans le même ordre d’idée, le Salon des Indépendants (absence de jury ) a été à partir de 1884 le lieu d’explosion de l’impressionnisme et a permis son épanouissement.

Les fauvistes, les pointillistes puis les surréalistes, pour ne citer qu’eux, sont des artistes qui ne voulaient pas rejoindre l’art bourgeois de leur époque. Ce n’était donc pas un must pour eux.
Autrement dit, l’innovation vient très souvent de ceux qui font un pas de coté

À quand un « Salon des Indépendants » du bonsaï ?

si seulement Lascaux ne vous donnait pas tort :wink: avec sa troublante contemporanéité

je fais aussi des bonsais en plastique récupéré (de simple tas - à vrai dire), pensez-vous que ma modernité soit accepté ?

il me semble surtout que vous confondez l’histoire du goût Occidental, avec l’histoire de l’Art et de la philosophie de l’Esthétique… le bonsai doit-il réellement sortir d’une représentation idéalisé de la nature, pour devenir sculpture-du-vivant parmi d’autres insignifiances esthétique ?

pourquoi pas ? pour moi, plus y’a de styles, de singularité, mieux c’est.
Je ne fais pas de « Burton » mais ce style ne me laisse pas indifférent alors que certains arbres très classiques et « parfaits » me laissent de marbre. Pour moi l’important est de créer une émotion, qu’on s’arrête devant l’arbre. Si tout le monde passe devant un arbre d’expo sans s’arrêter, c’est qu’il manque de caractère et/ou d’originalité.

Ils ont fini par créer ce salon car ils se sont fait jeter pendant longtemps.Le racinaire qu’on voit au départ est très intéressant au contraire, il donne du caractère à l’arbre, il l’ancre au sol, il contribue à donner un âge à l’arbre, à en faire un arbre vénérable.C’est quelque chose qui doit être travaillé et mis en valeur.

On pourrait même en faire un point focal, il a du potentiel cet arbre.

plus que des règles, des normes,il est question de principes ce qui est fort différent.

l’esthétique perdure dans le temps, elle n’est pas normé,ni réglée.Les normes non…on voit bien que les normes d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui et elles ne seront pas celles de demain.

Et aujourdh’ui ils remplissent les musés.

Tout est dit! Un bonsaï déclenche une émotion ou pas. Dimanche lirs de notre exposition c’est une petite forêt de ficus qui a fait l’unanimité. Pourtant son propriétaire ne voulait pas la montrer car pour lui elle était trop simple par rapport aux autres arbres.
Et que dire du retour du simple visiteur, qui regarde avec ses yeux de novices ?.. les retours sont souvent surprenants. Ils s’affranchissent des codes et dise juste c’est beau ou pas. Juste l’émotion parle.

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Il est agréable de lire ceci, on a tendance à oublier que c’est aussi l’art de la simplicité et de la sobriété entre autre…

Le mouvement c’est sympa mais trop de mouvements finis par tuer le mouvement.

Les codifications quelques part c’est une forme de simplification

Et oui le pb de la lecture et des trucs appris, ça démontre entre autre que bien apprendre n’est pas si négligeable.

La finalité n’étant pas de faire des arbres complexes mais de beaux arbres.

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Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris cette phrase. Fais-tu allusion à l’ouvrage fondamental de E. Kant "Kritik der Urteilskraft " (« Critique de la faculté de juger ») ? Cette œuvre est consacrée en partie à une analyse du jugement esthétique.

Pour ma part le bonsaï devrait rester une mise en scène idéalisée de la nature. C’est un avis très subjectif mais je peux concevoir que d’autres que moi s’en écarte comme pour le style « Burton » par exemple.

En revanche, « l’art » topiaire, une sculpture du vivant, est à mon avis une erreur et non pas une « insignifiance esthétique » (dixit).
En effet cette pratique est pleine de signification… négative : Elle révèle l’hybris de ses protagonistes à asservir la nature dans un carcan de formes géométriques. C’est une des manifestations de ce que j’ai déjà tenté d’expliquer ailleurs sur ce forum : conjurer la peur de la chose sauvage en posant la marque mathématique sur le vivant. Idem pour le gazon tondu à 4,52 cm de haut genre moquette ou les haies taillées à angle droit.

Je n’apprécie pas vraiment les racines aériennes. C’est la raison principale pour laquelle j’ai décidé très rapidement après son acquisition de descendre l’arbre

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Revenons à l’Orme de ce sujet.
Actuellement, il est assis un peu plus bas que ce à quoi j’aimerais arriver. Mon objectif correspond à peu près à la ligne rouge ci-dessous

Je l’ai provisoirement mis légèrement plus haut (voir photos actuelles) pour lui donner une chance de tirer des racines immédiatement sous cette ligne et profiter du substrat dans cette zone.

Une suggétion :
Maintenir les racines aériennes qui sont très typiques de l’orme de Chine.
Et à gauche, au niveau de la zone dénuée de racines, y mettre une pierre ou une plante comme une fougère ce qui permet de combler le vide laissé par l’absence de racines.