La "face avant" d'un bonsaï : un artifice tordu?


et 23 instances dans le livre de John Naka

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Dans le livre de Naka, p.15, « Introduction générale à l’art bonsaï », c’est le sixième point : « Face devant : tout bonsaï doit avoir une face avant, qui doit correspondre à son plus beau côté. »

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Une question, si tous les bonsaïs n’avaient pas de face, ils auraient tous la même forme ? La forme d’un chene qui pousse en praire qui reçoit la lumière sur tous ses angles uniformément, une cime bien ronde.
Pourtant on nous apprend a incliner la cime vers le spectateur, avoir des branches de profondeur a l’arrière…
Je pense que bien sur il a une face et au moment du rempotage on fait attention même dans un pot rond a la position des pieds, avoir une belle symétrie ou un alignement parfait. Un bel arbre peut-être regarder sur plusieurs angles, mais ils sont rares. Combien de pins, genévriers, oliviers sont construits a partir d’un point intéressant sur le tronc, souvent des veine de bois mort car c’est cela qui lui donne leurs caractères.
Mais en réfléchissant peut-être les bonsaïs formés a la chaîne et vendu en grand nombre, n’ont pas de face… mais est-ce des bonsaïs ?
Meme dans le style burton il y a une face, elle peut évoluer mais pendant une période donnée il y a une face. Hervé Dora l’explique bien dans sa dernière vidéo en insistant sur l’angle de plantation.
Et cela n’est pas une évolution dû au photos numériques ou autres hypothèse, tout les enseignants bonsai l’explique depuis longtemps.
Personnellement je sort souvent des codes traditionnels tant sur les abres que sur les pots, mais je construit mes arbres en choisissant une face. Elle peut changer avec le temps mais il faut recommencer la structure… que direz vous d’un arbre présenté qui aurait sa première branche pile face au spectateur? Qui masque tout visu sur le tronc ?
Si vous vous dessidez a jeter vos pots rectangulaires dites le moi.:smiley:

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pour moi, ce sujet repose sur une « fausse bonne idée », ça me rappelle le foin sur la « mémoire de l’eau »… Notre ami Bonsaiphil est persuadé d’avoir trouvé l’idée géniale et révolutionnaire de laisser tomber la recherche de la face avant. Pour moi, c’est une fausse bonne idée, et une « déconnection » avec le réel car il suffit de tourner autour de nos arbres pour se rendre compte qu’ils sont plus beaux sur certaines faces (voire une seule face) que sur d’autres.

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Oui, mais ça n’est qu’une plage d’environ 120°, si tu construis une nouvelle plage à l’opposé d’un angle équivalent (ce qui serait déjà une sacré performance) , ça ne fait encore que 240°, on est encore loin des 360°. Et pour obtenir du dynamisme sur toutes les faces, ça me paraît assez compliqué.

Ma réponse à ta remarque se trouve déjà dans le message auquel tu réponds
:wink:

Tiens, en passant . Voilà un arbre, un tilleul initialement construit par @aikikou dont il est particulièrement difficile (et vain ?) de définir la sempiternelle « face avant »

Keskidi lui… En photo, deux orientations se détachent des autres. Il semblerait évident que, devant l’arbre, ce soit encore un peu plus visible.

Et quant bien même, si ce n’était (supposition) pas définissable du premier abord, cela sous entendrait que le créateur s’est laissé des possibilités et/ou la « transmission » se serait faite de peur de choisir (?) libre au nouveau propriétaire de prendre une décision…

Les Bordelais ou voisins qui ont connu les Barber, l’un deux disaient que les beaux bonsaïs étaient regardables sur différentes faces (donc déjà, il faut un beaux bonsaï) (…) au sein de mon club de coeur, JBG, nous demandes parfois de travailler certains de nos arbres pour qu’ils soient regardables des deux côtés (opposés)… J’avoues que ça me laisse parfois perplexe.

Déjà quant le racinaire est égal de (tous) côtés, le handicap est moins lourd.

Je propose qu’on discute (avec plaisir) de la face du Tilleul d’Aikikou sur le sujet de cet arbre… la discussion est intéressante…

J’ai pas tout lu encore, mais ça viendra. Juste une réflexion et qui n’engage que moi. Le bonsaï (et son esthétique) auquel nous nous référons est d’origine japonaise. Et lui-même, tout au moins dans son acceptation primitive, est indissociable d’une construction mentale qui appartient, philosophiquement et historiquement à la culture nippone. Je passe à dessein sous silence le bonsaï chinois, moins bien connu hélas. Lorsqu’on se penche sur deux activités artistiques nippone tout au long de la période Edo, en gros fin XVIème - 1868, à savoir la peinture sur rouleau et l’art des jardins, on est frappé par un système de représentation qui ignore la perspective. La peinture comme le jardin sont conçu pour être vu d’une seule position du spectateur, avec une succession de plans chargés de donner de la profondeur. Dans le cas du jardin, il existe généralement plusieurs points de vue, mais chacun est conçu comme un lieu unique propice à la contemplation et à la méditation. La peinture est produite pour être regardée de face, en « 2 D » donc encore que le terme ne soit pas tout à fait adapté puisqu’il y a profondeur donnée par des plans verticaux successifs, avec généralement un fond et un, deux plans verticaux donnant le profondeur recherchée. Cette vision sans perspective et sans mouvement s’est retrouvée appliquée au bonsaï, de mon point de vue, d’où cette fameuse face avant ou face principale définie par une ligne de tronc et un ensemble de branches et leur masses foliaires. La profondeur venant des branches arrières. J’ai parfois entendu parler de « voir l’arbre derrière l’arbre », venant de Kawabe ou de gens qui ont travaillés avec des Japonais, c’est à dire permettre à l’imaginaire de se créer sa propre vision de la face arrière. Si l’arbre est bien construit… Le bonsai a aussi été l’objet de présentation dans le tokonoma, selon certains principes bouddhistes zen. Je n’entre pas dans le débat de savoir si tel ou tel arbre est exposable dans le tokonoma, car selon plusieurs japonais que j’ai pu rencontré, chacun a sa propre interprétation, selon des préceptes zen, shintoistes ou purement mercantiles. La vision ainsi mise en scène est encore statique, de sorte que l’on ne voit que la plus belle face de l’arbre. Pour finir, la mise en exposition d’un bonsaï (ou d’un suiseki) obéit à un certains nombre de règles mettant en relation l’arbre avec son pot, une tablette et une plante d’accompagnement. Encore une vision construite pour être vue depuis une position unique du spectateur, placé dans la position d’un esthète contemplatif.

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Par le passé, je me souviens que tu avais déjà attiré notre attention sur l’absence de perspective (au sens occidental) dans l’iconographie japonaise. Il est vrai que l’école Rinpa de Kyoto a fonctionné essentiellement avec des aplats, des plans à différentes profondeurs.

Mais je n’aurais jamais pensé tirer un parallèle entre cette caractéristique des arts graphiques nippons et l’exigence d’une face avant du bonsaï, ainsi que la manière de les exposer en tokonoma ou en linéaires comme des tableaux, autant de points qui concourent à voir l’arbre sous un seul angle, le volume devenant presque accessoire.

Cette manière d’accéder à la contemplation dépasserait donc largement le cadre du bonsaï et semble correspondre à un trait profondément ancré dans la culture japonaise.

Merci d’avoir éclairé ce débat sous un jour très original

Raisonnement analogique… c’est un outil de base en recherche

similitude, convergence…transposition

Michel est archi, il sait construire un truc qui tient debout comme une réflexion par ex, c’est une forme de bâtiment, il faut faire gaffe aux hypothèses prises soit les fondations, les inductions, l’état d’esprit.

Un bonsai c’est une architecture, un bâtiment, une structure.

qui peut être modélisé par les éléments finis si on le souhaite .Méthode des éléments finis — Wikipédia

Il interroge ce fil de discussion
En bâtiment , domaine dans lequel j’exerce, on parle également de façade avant, gauche , arrière droite
Sur un immeuble ou une maison de ville, évidemment c’est parlant
Sur un bâtiment isolé, la façade avant serait celle de l’entrée mais à titre perso je suis satisfait quand chaque façade est élégante , y compris la vue de dessus, cinquième façade
En bonsaï j’aime apprécier différents angles de vue, en tournant l’arbre bien sûr, en regardant en dessous, au dessus . Ça c’est à domicile
En expo, si un point de vue est déterminé, on voit bien que les observateurs décortiquent l’arbre de différents angles de vue
Pour le pot, qu’il soit rond hexagonal ou rectangulaire, le vernis ou pas, les motifs, la patine vont participer à la face ainsi que les pieds
Au final c’est la composition entière arbre pot tablette qui va être magnifiée par l’orientation de chaque élément

Il y va de la sensibilité du bonsaika et de l’application de règles
Ou sa transgression, mais là on arrive dans l’approche artistique propre à chacun

L’article que publie Tony Tickle sur son blog résonne avec les réponses dans ce sujet. Il décrit les comportements quand on ose remettre en question l’évidence bonsaï-istique. La face avant d’un bonsaï semble être une évidence pour certains.
Je vous propose une traduction (presque) intégrale

Titre original :

Celebrate the Mavericks—Or Keep Worshiping Mediocrity
Tony Tickle

Titre traduit
Célébrer les non-conformistes ou continuer à vénérer la médiocrité

Dans le monde du bonsaï, il existe un terme qui fait mouche : les bonsaïs réplicants.(NDLR #1 ci-dessous) Il ne s’agit pas seulement d’une étiquette, mais d’ une insulte. Ces arbres sont les produits sans âme issus d’un système conçu pour produire en masse de la médiocrité. Ils inondent les jardineries, les quincailleries et même les collections personnelles de leur présence interchangeable et banale.

Un produit de la production de masse en Chine et en Corée, ou pire, les tentatives pathétiques des amateurs de bonsaï qui tentent de reproduire ce qu’ils ont vu dans les expositions. Soyons réalistes : ces arbres copiés-collés n’ont aucune originalité. Et lorsque les passionnés produisent encore plus de clones, le monde du bonsaï sombre dans une stagnation créative. C’est ce qui sépare les « praticiens » des véritables artistes, ceux qui ne se contentent pas d’entretenir les arbres, mais qui repoussent les limites de l’artisanat.

Mais voici l’ironie tordue : lorsque quelqu’un ose s’affranchir de ces normes sans vie, on le qualifie de non-conformiste, voire de fou irrationnel. Pourquoi ? Parce que le bonsaï, comme tant d’autres formes d’art, est obsédé par la prudence. Les non-conformistes ne brisent pas les règles ; ils les contournent jusqu’à ce qu’elles craquent. Ce sont des non-conformistes créatifs qui ne se soucient pas de l’approbation de l’establishment du bonsaï. Ils expérimentent, ils innovent et ils n’ont pas peur de l’échec, car l’échec n’est qu’une étape de plus vers la création de quelque chose d’extraordinaire. Et l’establishment ? Ils méprisent ces non-conformistes. Ils les craignent même…

Parlons de Masahiko Kimura. À ses débuts, l’élite du bonsaï se moquait de lui, le qualifiant de « clou qui dépassait d’une planche ». Comment osait-il refuser de se conformer ? Comment osait-il ignorer des siècles de tradition rigide ? Saut dans le temps, et Kimura est désormais considéré comme le plus grand artiste bonsaï de tous les temps. Alors, qu’est-ce qui a changé ? Rien, si ce n’est la prise de conscience que ceux qui défient les règles sont ceux qui finissent par les définir. Les premières critiques de Kimura ne visaient pas à ce qu’il ait tort. C’était parce qu’il avait raison, et que les traditionalistes ne le supportaient pas.

C’est le secret le plus caché du bonsaï : jouer la carte de la sécurité vous rend oubliable. Bien sûr, vous obtiendrez un signe de tête poli lors d’une exposition, et peut-être même une poignée de main si vous suivez toutes les règles à la lettre. Mais l’extraordinaire ? C’est réservé aux non-conformistes, à ceux qui se moquent complètement des règles. Ils voient l’échec comme une illusion, une plaisanterie. C’est pourquoi ils resteront dans l’histoire, tandis que les gens qui ont adopté le modèle à l’emporte-pièce tomberont dans l’oubli.

Sortir de sa zone de confort est terrifiant pour la plupart des praticiens du bonsaï, car ils ont passé toute leur vie à obéir à des règles obsolètes. Mais les non-conformistes ? Ils l’ont compris. Les règles ne sont pas sacrées, ce sont des restrictions qui attendent d’être surmontées. Si votre seule défense pour suivre la tradition est « c’est comme ça depuis toujours », alors félicitations – vous ne créerez jamais rien de remarquable. Les non-conformistes remettent tout en question, et dans cette remise en question, ils trouvent l’innovation. Et c’est pourquoi ils réussissent.

[…]

Dans la vie, et dans le bonsaï, ce sont les audacieux, les preneurs de risques, les non-conformistes qui changent la donne. Les autres ? Ils ne sont que des spectateurs, attendant que quelqu’un d’autre leur montre la voie.

NDLR #1 : La traduction littérale serait « Bonsaï à l’emporte-pièce ». Mais cette expression insiste en français sur le caractère grossier ou sommaire alors que dans le texte original l’auteur veut souligner l’aspect « copier-coller ». Les « réplicants » sont des androïdes entre robot et clone humain .

Ils ont quoi de différent les bonsais de T.Tickle?
Pot japonais, présentation sur tablette japonaise sauf exception, arbre construit de façon classique… L’important reste de créer une émotion, d’avoir une lecture de l’arbre, de plaire au plus grand nombre (si ce n’est pas pour plaire on ne montre pas), ce que ce monsieur fait me semble t il. Et il le fait bien et beau.

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Là je suis pas d’accord " de plaire au plus grand nombre (si ce n’est pas pour plaire on ne montre pas) " je fais pas des arbres pour plaire à autrui.Je m’exprime.Je fais avant tout des arbres pour moi , pour avancer vers mon individuation.Je fais des arbres qui me semblent beaux dans ma normalité, ma perception à moi s’ils plaisent à autrui tant mieux sinon tant pis.

On peut montrer pour interpeller, pour faire réfléchir autrui, pour faire de la pédagogie …pour pleins de raison.

L’un n’est pas l’autre tout comme l’autre n’est pas l’un.Il faut pas généraliser sa perception à autrui, il a la sienne.

C’est le meilleur moyen de faire de la soupe.

Beaucoup de chose quand on y regarde. Un des point, c’est qu’il les intègre à des scénographies très originales.
Le premier fil de fer barbelé avec un prunus spinosa, c’était lui.
Scénographies ? c’est où dans les préceptes du bonsaï nippon ? c’est toujours le sempiternel triptic tablette + plante d’accompagnement + kakémono.

Je m’explique, j’ai été un peu rapide. Quand je dimontrer c’est en expo, et pour exposer il faut que larbre soit admis par les organisateurs. Donc il doit plaire.
J’ai moi aussi des arbres atypiques qui je sais ne me plaisent qu’ moi et j’en suis aussi très heureux.
A part sa tablette barbelé je ne lui connais que son avant dernière présentation au trophy qui est peu conventionnelle. C’est peu pour autant d’expositions je trouve.
Bonsailphil, arrête de tronquer les citations, tu sors le principal de la phrase et tu réponds pour donner du sens a tes affirmations, c’est pénible! … j’ai aussi écris émotion, lecture…

Quand tu fais pour plaire , tu fais ce qui est attendu, convenu, tu suis une norme admise, c’est ça qu’il dénonce, ça entrave la créativité.

@corto35 j’ai bien compris cela! Par contre je dois mal écrire vous ne comprenez pas ce que j’écris :wink:. Je veux simplement dire qu’il ne fait pas ce qu’il écrit. Ça production est très classique et consensuelle.