Dans le sujet « Yamadori aubépine choix du style » (initié par @Sylcas), @clement34 a eu une réponse que j’ai trouvée très forte parce qu’elle pointe à mon avis, un aspect fondamental dans la manière dont nous concevons notre passion commune.
Mon message
Mon avis c’est qu’on n’est pas libre à mener un arbre selon ses envies. L’arbre a son mot à dire. Et là je suis euphémique !
La situation de départ impose de placer le curseur quelque part entre les deux extrêmes que tu as illustrés plus haut.
D’ailleurs la contrainte n’est-elle pas le meilleur moteur à l’imagination ?
La réponse de @clement34
Pas tout à fait d’accord. Moi je vois ça plus comme de la sculpture. Le végétal étant un bloc d’argile que tu sculptes et mènes à ta guise.
Juste que ce bloc d’argile est mouvant.
Les seules limites étant des limites horticoles et biologiques au final.
Commençons par ce petit syllogisme sur lequel nous tomberons tous d’accord
Le monde vivant mérite notre respect
L’arbre est un être vivant
L’arbre mérite notre respect
Le respect pour un être vivant s’exprime par la perception et la reconnaissance de ce qu’il est, de ses qualités et par la considération qu’on lui porte. Là encore, ça m’a l’air consensuel.
En revanche, il risque d’y avoir quelques divergences sur la manière de reconnaître ce qu’est un arbre et donc ce qu’il faut respecter. Racines, tronc , branches, tout à la fois ?
Dans le même sujet :
Pas de problème, vraiment ?
Peut-on sélectionner une seule de ces parties, le tronc, éliminer les branches pour les reconstruire à sa manière tout en étant respectueux globalement de l’arbre ? Question d’éthique.
Un arbre n’est pas seulement l’ensemble de ses trois parties. Il transporte aussi avec lui un vécu décisif dans l’agencement de ses composantes.
Respecte-t-on un arbre en faisant abstraction d’un pan de son histoire, celle qui a disposé et réparti ses branches par exemple ?
Respecte-t-on un arbre en manipulant son code génétique ? (Voir le sujet Crispr-cas9)
Jusqu’où avons-nous le droit d’être irrespectueux ?
Si dans la pratique notre passion peut effectivement ressembler à de la sculpture comme le dit @clement34, ce sur quoi nous l’exerçons est très différent de l’argile qui, malgré sa noblesse, n’est pas vivante. Quand un sculpteur explique qu’il respecte le bois, il fait allusion à la prise en compte du fil du bois. C’est une contrainte purement technique d’un matériau inerte.
Pour moi l’arbre n’est pas une ressource sur laquelle on peut exercer des techniques. Un bonsaï est un compagnon qu’on aide à vivre dans un pot tout en négociant avec lui quelques transformations
Je comprends très bien l’argument du sculpteur avancé par @clement34. Il m’est arrivé de sculpter pierre et argile. Je note aussi que c’est une idée majoritaire.
Cependant, je vois dans la pratique du bonsaï une dimension supplémentaire et déterminante. Celle d’un échange avec un être vivant.