Le recours au juridique et/ou à l'éthique. Fort bien !
Moi je suis "pour" tout en sachant que ça ne marche pas.
A la conférence d'Asilomar (Californie 1973) bon nombre de chercheurs proposaient un moratoire des manipulations génétiques. C'était le Woodstock de la biologie moléculaire.
Je m'en rappelle très bien : c'était la première fois qu'un prix Nobel (Paul Berg) a pris la décision d'arrêter ses recherches parce que trop risquées. Une première dans l'histoire des sciences ! C'était beau, c'était grand. J'en étais vraiment tourneboulé à l'époque. Pensez donc , les biologistes réussissaient là où les physiciens avaient échoué (bombe atomique).
Au final on a simplement acté des conditions de sécurité qui ont ralenti provisoirement les manipulations génétiques et ont permis au USA d'en profiter pour organiser le secteur et arriver in fine à la force de frappe qu'on connaît.
La convention d'Orviedo (Espagne 1997) stipule que l'intérêt de Homo sapiens est plus important que les intérêts de la Science. Parfait !
Un des points de cette convention affirme que les interventions sur le génome humain ne sont tolérés entre autres que si elles n’entraînent pas de modification dans le génome de la descendance.
Or on apprend en 2015 que l'équipe dirigée par Junjiu Huang (Université Sun Yat-sen, Canton) procède à des modifications génétiques sur le fœtus humain qui a pour caractéristique de pouvoir se transmettre à la descendance de la personne ainsi manipulée.
Mais voyons, c'est pour la bonne cause ! Les modifications pourront, au choix, être une "correction" d'une anomalie aux conséquences pathologiques voire, plus tard, une "amélioration" via l'apport d'une caractéristique particulière. Le cheval de Troie, vous connaissez ?
Et l'opinion publique ? Eh bien il lui faut un scandale ou une catastrophe pour réagir (après coup). Avec CRISPR-cas9 on se trouve en amont.
Tout le monde s'en fout parce que personne ou presque ne comprend. J'estime à 2 sur 10 la proportion de lecteurs de ce fil qui connaissent l'existence de la technique CRISPR-cas9, 1 sur 10 qui en connaît vaguement les principes.
Tout le monde s'en fout tant qu'on ne touche pas à l'Homme, c'est l’anthropocentrisme.
Tout le monde s'en fout tant qu'on ne touche pas à ses proches.
Tout le monde s'en fout tant qu'on ne touche pas à ses Bonsaïs. L'objectif de ce sujet est juste d'alerter sur le bordel incommensurable qui attend le bonsaî-ka des années 2030.
Résumons :
Connaît-on un exemple, un seul, d'une avancée en sciences dont l'homme s'est interdit volontairement et durablement d'exploiter une des retombées possibles ?
A supposer que le législateur s'oppose, l'interdiction ne vaut que pour les pays qui adhèrent. Il suffit de s'installer dans un pays non signataire de l'interdiction et d'ouvrir son petit labo là-bas.
Et puis et surtout, surtout, il y a les guerres qui font table rase de toutes velléités éthiques. Et donc l’après-guerre est un paradis pour les essayeurs et sorciers de tout poil.