Le genre Sorbus regroupe 5 espèces autochtones :
Sorbus domestica - Cormier - Feuilles composées - Rare
Sorbus aucuparia - Sorbier des oiseleurs - Feuilles composées - Commun
Sorbus aria - Alisier blanc, - Feuilles ovales dentées - Ça et là
Sorbus torminalis - Alisier torminal, Alisier des bois - Feuilles lobées - Ça et là
Sorbus mougeotii - Alisier de Mougeot - Feuilles ovales dentées - Escarpements de montagne
Je les ai classé subjectivement par ordre d’intérêt personnel de l’espèce la plus excitante à celle qui l’est le moins. J’ai pu observer toutes ces espèces dans leur milieu naturel autour de moi (1).
Les répartitions reportées ci-dessus sont fondés sur mes observations dans le Grand-Est.
Du point de vue morphologique on passe d’arbres adultes majestueux (le Cormier) à des buissons insignifiants (Alisier de Mougeot).
Pourquoi placer le Cormier tout en haut de ma liste d’intérêt ? Au risque de vous décevoir ce n’est pas pour des raisons liées aux Bonsaï. Les raisons de cette mise en valeur résident plutôt dans la raréfaction de l’essence et de son rôle historique et culturel.
Il semblerait que les Cormiers soient en forte régression dans nos campagnes. Dimanche j’ai voulu voir de plus prêt à quoi ressemblent ces bêtes-là. Et je n’ai pas été déçu. Trois Cormiers multi-centenaires sur un kilomètre carré.
J’ai pris des clichés de chacun
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250 ans environ. 14 m de haut, 3,26 m de circonférence, 22 m d’envergure. Arbre classé au niveau national
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plus de 300ans. Hauteur : 13m. Circonférence 3,7m (pour comparaison, le plus gros du monde, en Slovaquie, a une circonférence de plus de 5 m)
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Celui là a un petit problème : il a été cerclé
Ces Cormiers ont pu être datés assez précisément. On sait qu’ils ont été plantés par des moines bénédictins qui occupaient une abbaye voisine et détruite à la révolution. Ces gars se servaient du bois pour faire des manches d’outils, des rabots ou des planches à graver. Le Cormier est le bois le plus dur qui pousse sous nos latitudes.
En discutant avec un indigène, j’apprends qu’un grand père du village avait l’habitude de récolter les petits fruits en forme de poire (Cormes) pour les distiller. Il a trépassé peu avant ses 100 ans, preuve indubitable des vertus de la Corme. Je suis persuadé que les bénédictins ne sont pas passés à coté d’une telle pratique !
Mais la Corme peut aussi servir à réaliser des sirops, des confitures, des liqueurs…
Avis aux fruiticulteurs !! Ça changerait un peu des pommes Golden et autres poires Williams à la con.
Une vue rapprochée de l’écorce :
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Bien que Sorbus domestica (Cormier) et Sorbus aucuparia (Sorbier des oiseleurs) aient des ports radicalement différents, leurs feuilles composées se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
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S. aucuparia : folioles oblongues, dentées presque dès la base qui est obliquement échancrée d’un côté de la nervure
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.S. domestica : folioles oblongues, dentées sauf à la base entière et non échancrée
Si une espèce à feuilles composées ne vous rebute pas en bonsaï, il vaut mieux cultiver un Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) que l’on trouve partout dans les bois, plutôt qu’un Cormier. C’est ce que je tente depuis quelques années. Si ça vous intéresse je peux informer sur mon expérience de l’espèce et exhiber quelques photos
(1) Je n’ai jamais réussi à repérer un Sorbus latifolia (Alisier de Fontainebleau) ni un Sorbus intermedia (Alisier de Suède)