Préparer un yamadori de chêne

voici un chêne pédonculé ou sessile (le doute subsiste encore), 1m de haut, 10/12cm au nebari, plus de 35ans en pleine terre, dans un sol pauvre et calcaire en crête de talus, avec une exposition plutôt ombragée et ventilé:

 

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désolé pour la qualité de la photo

 

Ce chêne se situe sur le terrain de mon beau père et était destiné à être arraché. Il n'a pas beaucoup de potentiel, puisqu'il n'a quasi pas de conicité, jusqu'à une inversion de conicité à mi hauteur. En plus il semble vraiment pas vigoureux...pas très étonnant vu les conditions dans lesquels il a grandi. IL sera donc un bon sujet d'entrainement, et qui sait un arbre plutôt sympathique dans une décennie.

 

Alors comment préparer au mieux le prélèvement de ce chêne avant la mise en pot?

Voilà à quoi j'ai pensé comme programme de culture pour l'année à venir:

- favoriser l'entrée de la lumière

- nettoyer la mousse: ce qui a été fait, avec la découverte d'une petite fourmilière, surement responsable du retrait de sève dans la partie supérieure

- greffer des jeunes plants (encore leur racine pivot) par approche pour reconstituer un racinaire sain et vigoureux et remanier le substrat existant

- couper la partie supérieure (avec sa branche principale abimée) sous l'inversion en favorisant la conicité du tronc, et conserver les rejets au niveau du nébari

- puis pousse libre en engraissant et en arrosant pour une bonne reprise de l'ensemble

 

est-ce un programme un peu trop chargé pour un arbre qui parait pas trop vigoureux?

à quelle période on peut réaliser ce genre de greffe?

 

Merci de vos avis

 

et voici un éventuel projet rapidement esquissé, avec une conicité bien exagérée :)

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D'après le contenu de ton message, il s'agit d'acquérir de l'expérience avec le chêne.

J'en déduit que tu n'as peut être jamais prélevé un chêne ?

Si c'est le cas, je trouve que tu as choisi un arbre particulièrement ingrat.

Pourquoi ?

Préparation ou pas, ton problème résidera dans l'extraction de la racine pivot. A mon avis celle-ci est particulièrement importante. Ainsi je ne te donnerais qu'un conseil : explore cette racine. Creuse délicatement près du tronc selon une forme de part de tarte (un secteur angulaire) dont la pointe serait au niveau du tronc. Creuse à 30cm au moins. Essaye de te rendre compte de :

- l'épaisseur de la racine pivot. Cette épaisseur est-elle décroissante ?

- la présence en nombre de radicelles qui partent de cette racine.

Si ce dernier point est négatif, moi j'abandonnerais sur le champ.

 

Avec un nebari de cette taille il va falloir descendre à 60-70cm tout autour de l'arbre pour  le soulever après avoir scié la racine pivot. Imagine la largeur de la tranchée pour pouvoir accéder horizontalement au pivot !

Je ne veux pas te décourager, mais juste remettre à sa place la vraie problématique pour prélever un tel arbre.

Bonjour,

Ce pourrait être aussi un chêne pubescent car il y en a beaucoup dans notre région autour de la

Ville rose.

Est-il destiné à être arraché ? Si la réponse est non, je le laisserai pousser là ou il est car tu n’as pas l’air convaincu toi même de son potentiel. De plus, c’est un arbre d’une certaine taille et réussir à prélever un tel arbre même avec de l’expérience est difficile.

Nous organiserons une sortie prélèvement dans le Lot avec mon club, tu pourrais te joindre à nous.

Des arbres plus intéressants dans la région il y en a une pléthore !

Salutations

Le Sabi

Effectivement je n'ai jamais prélever de chêne de cette taille!!! mais c'est une espèce qui m'inspire malgré les difficultés qui résident autour d'elle ;)

J'ai creusé un petit peu pour voir un peu mieux le nebari...et j'ai pas du creuser longtemps pour voir les radicelles en nombre. Il faut savoir que le sol est bien compact alors il est possible que le pivot ne se soit pas développé plus que ça...qui sait? Mais effectivement j'ai pas pris le temps de creuser plus que ça pour voir jusqu'où elle va. Je me suis dis que si je faisais prendre les greffons et que je les laisse s'épanouir pendant une paire d'année je pouvais m'affranchir de la pivot à une faible profondeur...c'est pas possible?

 

Et non ce n'est pas un pubescent sur sur ;)

Merci pour l'invitation, je pense savoir ou dans le lot...les causses du quercy peut être? j'y suis allé dans la semaine pour la première fois et j'ai été surpris  du nombre d'arbre potentiel ;) et je me suis dis...ouh va falloir que j'y revienne sérieusement ...donc tiens moi au courant je suis méga fan ;)

+1 avec tout ce qui a été dit notamment sur le pivot et sur le manque de potentiel de l'arbre.Vous le savez mais les prélèvements se font avec autorisation ;-).@+

cet arbre est destiné à être arraché c'est bien pour ça que je parle d'arbre d'entrainement...si j'arrive à cultiver en pot un tel arbre post prélèvement je devrai être en mesure de réaliser des prélèvements bien sympathiques par la suite. Donc cet arbre va être prélevé...

Alors qu'est ce que vous pensez de mon programme de culture? quelles serait les périodes d'intervention pour la greffe?

Et si tu n’y arrives pas tu ne sera pas dégouté ?

Pourquoi dis tu que ce n’est pas un pubescent ? As tu d’autres photos ?

Tu peux réussir à prélever un chêne et échouer à prélever un érable champêtre (réputé assez facile) car chaque prélèvement est différent selon son espèce mais son emplacement, type de sol, moment du prélèvent, influence lunaire, équipement, soins post prélèvement (vital), etc.

Et tu ne peut pas aller dans le Lot prélever juste comme ça, il faut les autorisations nécessaires et éviter les périodes de chasse si possible.

Si l’arbre est destiné à mourrir tant qu’à essayer de le tuer par toi même alors n’est ce pas ?

Le printemps mars avril est pas mal pour le chêne (le spécialiste en chêne du club dit novembre !)

Bonne continuation

Le Sabi

 

Alors qu'est ce que vous pensez de mon programme de culture?

J'en pense rien.

Comment le pourrait-on ?

On ne sait rien de ce qu'il y a sous l'arbre.

Comme le dit fort justement Le Sabi, chaque prélèvement est différent.

On commence a échafauder un programme de culture APRES un prélèvement, quand on connait l'état des racines qu'on a récupéré. Et encore, même là, on a bien 6 mois à un an devant soi pour méditer la situation.

Certainement je serai déçu, mais je verrai du positif en apprenant des mes erreurs ;) et je veux certainement pas donner la mort à l'arbre, je suis justement en train de donner de mon temps pour le sauver ;) et pour les prélèvements futurs je n'ai pas parlé d'autres espèces que le chêne...et soyez tranquille je suis bien au courant de la difficulté d'un prélèvement et d'autant plus si il s'agit d'un chêne, d'où l'ouverture de mon post ;) et je comptais pas aller dans le Lot et repartir avec mon chêne sous le bras, mais simplement y retourner pour me balader et en profiter pour en repérer un ou deux ;)

 

après je comprend pas la logique, si la racine pivot est profonde vous me conseillez de le laissez mourir?

Pour moi ça ne sera pas le cas, j'ai lu quelque post, ou les gens préparaient leur prélèvement en terre avant le choc pour justement redonner de la vigueur à l'arbre ou le préparer au mieux, je compte faire la même chose.

Et puis sincèrement je vois pas ce que je peux voir sous l'arbre qui pourrait m’étonner...l'arbre à plus de 35 ans et fait 10 cm au collet, il souffre de conditions de culture déplorables et les radicelles sont bien sèches...donc pour moi je dois lui redonner un système racinaire sain et peu importe la racine pivot j'ai envie de dire elle sera coupée au mieux et au plus court, à partir du moment ou les racines en surface se seront bien développées ;)

La technique qu'on a utilisé avec des potes pour prélever des chênes (avec autorisation), la 1ère année:

- taille de réduction des parties aériennes

- dégager le nebari jusqu'aux racines qui s'avèrent fortes mais souvent peu nombreuses

- creuser sous la motte jusqu'au pivot qui sera scié

- cercler les racines

- reboucher le tout proprement en mélangeant la terre avec de la mousse récoltée sur place

On avait la chance d'avoir des chevaux sur les terrains explorés et le crottin a servi d'amendement; en étant bien réparti autour de la base des arbres.

 

2ème année: prélèvement

Le post de bonsaïphil est plutôt bien tourné:

http://www.parlonsbonsai.com/forums/index.php/topic/59224-petite-histoire-de-chene-du-prelevement-a-la-culture/

Bonjour,

Merci Gwinru de partager avec nous ton expérience avec le chêne ; arbre qui cache encore un certain nombre de mystères (à mes yeux en tout cas).

Je connais la technique de préparation pré-prélèvement dont tu parles et je suis intéressé par ton expérience car cette technique na malheureusement pas marché lorsque je lai essayé (à plusieurs reprises). Peut-être que le crottin de cheval à fait la différence :slight_smile:

Il semblerait que chaque espèce de chêne (et même chaque individu dune même espèce) réagisse différemment au prélèvement et aux différentes techniques que nous employons pour forcer le chêne à vivre parmi nous sur nos bancs.

Après taille de la partie aérienne, cerclage, coupe du pivot (en gardant un maximum de longueur) et remplissage du trou de terre, jai constaté deux cas de figure : premièrement larbre meure tout simplement ou deuxièmement cas de figure larbre survit (sur ses réserves ?) mais la partie aérienne meurt et des « gourmands » sur la « boule » au début du pivot prennent le relais mais du coup larbre ne présente plus beaucoup dintérêt à être conduit en bonsaï.

Je crois que sectionner le pivot dun chêne est comme lui couper sa ligne de vie, étrangler son flux sanguin et dans la mesure où larbre est laissé en pleine terre, sur place, il est quasi impossible de lui prodiguer les soins « intensifs » post-section de pivot (post-prélèvement) essentiels à sa survie (à moins de pouvoir se rendre sur place tous les jours et arroser au tonus V par exemple et encore ce nest pas sûr de fonctionner).

Je conseillerai donc demporter larbre en même temps que lon coupe le pivot. Il est aussi important selon moi de mastiquer toute plaie du/des pivot(s) sinon larbre se vide littéralement de sa sève.

Je procéderai ainsi : fin novembre (si lon peut protéger du gel) ou fin mars début avril, je cerclerai larbre pour faire une tranchée large autour de larbre (jutilise pioche et barre à mine lorsque je rencontre des rochers). La tranchée doit être aussi profonde que possible (je dirai quil faudrait que le pivot restant soit au moins de la longueur de la moitié de la hauteur de larbre qui sera emporté). On creuse la tranchée sous larbre tout autour jusquau pivot que lon coupe à la scie. Avec une griffe jenlève autant de terre que possible de la motte sans abimer ce que jai pu récupérer de racines. Je cherche une flaque deau à proximité et je plonge larbre dedans en badigeonnant les racines de boue, Je mastique les grosses plaies des racines (surtout du pivot). Je place larbre dans une caisse en mettant idéalement 1/3 pomice, 1/3 pouzzolane et 1/3 zéolite et je saupoudre les racines (avant de mettre le substrat) dun peu de terre avec mycorhizes (avec filaments blancs) ramassée sous les feuilles de surface autour des chênes à proximité. Les soins post prélèvement sont importants : éviter le gel et le vent, arroser une fois par semaine avec un stimulateur racinaire si possible.

Voilà ma technique qui semble avoir été le plus efficace sur des chênes (pubescents dans mon cas).

Je te souhaite bonne réussite avec ton chêne,

Salutations

Le Sabi

Oui le sujet de bonsaiphil est bien fait mais concerne un chêne jeune et de faible diamètre.

 

J'ai pu compter les cernes au niveau de la cicatrice laissée à 10cm au dessus du nébari. Cette cicatrice correspond à un deuxième étêtage à la debroussailleuse. Il y a 16 cernes.

Et il doit y avoir bien 10ans entre la première destruction de l'arbre et celle du 2eme étêtage.

Ce qui nous fait un arbre de 26 à 30 années.

 

Les diamètres du tronc sont ici

 

Edit : je viens de corriger les chiffres après consultation de mes notes.

Tu as raison j’ai effacé mon précédant message mais il est difficile de se faire une idée des mensurations de ton chêne

....et dans la mesure où larbre est laissé en pleine terre, sur place, il est quasi impossible de lui prodiguer les soins « intensifs » post-section de pivot (post-prélèvement) essentiels à sa survie (à moins de pouvoir se rendre sur place tous les jours et arroser au tonus V par exemple et encore ce nest pas sûr de fonctionner).

 

Cet argument est important.

Quand j'ai lu la description de Gwinru, je n'ai pu qu'y adhérer. Mais j'ai haussé le sourcil en lisant son 3eme point :

"- creuser sous la motte jusqu'au pivot qui sera scié"

C'est ce point qu'il faut décider sur place et cette décision est plus que délicate. Les raisons en sont données par Le Sabi.

Je le fait sans sourciller pour l'aubépine. Mais je ne l'ai jamais fait pour un chêne. J'explore la racine pivot mais je ne la coupe pas avant le prélèvement.

On avait la chance d'avoir des chevaux ... et le crottin a servi d'amendement; en étant bien réparti autour de la base des arbres.

 

On lit entre les lignes le plaisir non dissimulé de Gwinru dans cette opération.

Effectivement : bien émietter les crottes à mains nues pour les répartir de façon homogène à la surface du sol. Puis prendre le plat de la main pour appuyer un peu et stabiliser l'intrant. C'est jouissif, je vous assure.

Il faut préciser quand même que le crottin ne doit pas être trop frais :spb79: mais assez sec, datant de quelques semaines au moins. C'est moins rébarbatif à ramasser à la main.

 

Pour en revenir à cette technique, elle a fonctionné sur un chêne de 10/12cm de diamètre, coincé entre des roches sur un plateau des Cévennes, et régulièrement brouté. Un 2ème chêne, situé à quelques centaines de mètres a également été préparé de cette manière il y'a deux ans, mais pas encore prélevé.

 

Je ne pense pas qu'il y ait de méthode infaillible pour les chênes. Je pense que la reconnaissance du pivot et de la situation des racines est fondamentale, avant de prendre la moindre décision, scier le pivot ou pas, cercler les racines, prélever de suite ou attendre 1 ans. Et puis la chance aussi...

On lit entre les lignes le plaisir non dissimulé de Gwinru dans cette opération.

Effectivement : bien émietter les crottes à mains nues pour les répartir de façon homogène à la surface du sol. Puis prendre le plat de la main pour appuyer un peu et stabiliser l’intrant. C’est jouissif, je vous assure.


Chacun prend du plaisir là où il peut :slight_smile:

Il faut préciser quand même que le crottin ne doit pas être trop frais :spb79: mais assez sec, datant de quelques semaines au moins. C'est moins rébarbatif à ramasser à la main.

 

On sent l'homme d'expérience.

Je ne peux qu'abonder dans les détails sur la consistance et l'âge du crottin. Néanmoins dire que le ramassage de cette manne soit "rébarbative" m'étonne. C'est une pratique ancestrale et il n'y a qu'une bonne cinquantaine d'année où l'on éprouve tant d'aversion pour une chose aussi naturelle. Durant des millénaires les hommes se sont réjouit de ce don salvateur.

 

Bien plus encore que ce cadeau chevalin je pourrais souligner l'importance sur le terrain de tant d'autres déjections. La bouse de vache par exemple.

Aaaah ! la bouse de vache. Rien que sa délicieuse odeur me transporte dans les années de ma petite enfance, dans l'étable de mon grand père. J'en pleure d'émotion, c'est ma madeleine de Proust (à consommer avec modération). Elle aussi peut servir au Yamadoriste averti au même titre que les crottes de chevreuil faciles à manipuler et conditionnées par l'animal en doses très pratiques. Les hêtres adorent.

On ne s'imagine pas tout ce qui peut servir avant et pendant un prélèvement et qui se trouve in situ. Combien de fois ai-je été sauvé par un de ces horribles sacs en plastique trouvé à proximité du prélèvement pour collecter de la mousse. Idem pour les rubans rouge-blanc-rouge que les forestiers  ne ramassent plus après leur usage. Jusqu'au fil de fer barbelé de la dernière guerre qui n'ai retrouvé son rôle protecteur pour des Prunus spinosa dont les marcottes souterraines sont en cours. Il les côtoyait, il suffisait d'arranger un peu tout cela.

 

On trouve sur place pléthore de matériaux très intéressants quand on s'engage dans "la voie de la montagne" (Yama-dori). Je pourrais encore rallonger ad libitum cette  liste, mais je dois bien constater que malgré ces aventures passionnantes beaucoup ici n'y trouvent que peu d’intérêt.

Ta Madeleine de Prout plutôt mdr

Raaaaa la bouse de vache, mais faut avoir vécu à la campagne.

 

Je me rappelle les pétards pour les faire exploser quand elle était encore fraîche avec avec une bonne croûte en surface pour éviter de mouiller la poudre. Fallait déraper en vitesse sous peine de projection et dans l'herbe grasse et humide c'est pas évident.

 

La collecte du crottin de cheval (sec, humide il s'émiette moins bien quand on le mélange à la paille) tout comme le varech et le goémon sur les plages, formidables pour une belle floraison des roses et des hortensias ou obtenir une bonne récolte de patates ou de choux.