Cet Acer campestris n'a rien de champêtre quand on sait son lieu d'origine plutôt glauque.
Son prélèvement date du milieu des années 1980.
Il a une histoire pleine de rebondissements et il est resté de longues années un vilain petit canard. J'ai fini par me pencher sur son cas il y a une demi-douzaine d'année. Après le rempotage de la semaine passée où je lui ai fait subir un quart de tour, je crois que je peux enfin le montrer sans avoir à baisser la tête.
Vues des nouvelles faces avant et arrière
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La première charpentière part maintenant vers l’arrière
Le pot est chinois et date d'après la 2eme guerre mondiale (étiquette). Je l'ai aussi choisi parce qu'il a un grand rapport largeur/longueur, plutôt inhabituel, qui a facilité la rotation de l'arbre.
Salut Bonsaiphil, il joli cet arbre, je ne m'en souvenais pas ! Petite question, vu la réputation de puissance racinaire du Champêtre, pourquoi n'avoir pas réduit celui-ci, plutôt que d'adapter le pot ? Ou tu as fait des parts de camembert pour commencer a reprendre le racinaire au fur et a mesure ?
Quels sont les prochaines étapes ? Travailler la ramif ?
Mais après la rotation d'un quart de tour, je tenais à ce que les racines qui partaient précédemment dans le sens de la longueur de l'ancien pot puissent continuer à prendre leurs aises dans le nouveau pot.
Pas de véritable camembert.
Les étapes à venir : Pour la saison à venir, je n'en vois qu'une pour l'instant. Améliorer la façon dont les charpentières se subdivisent en taillant au mois de mai ou de juin des sous-branches surnuméraires ou mal orientées. Cela permettra de donner de l'importance à beaucoup de pousses actuellement bien situées.
Les bas-fonds urbains dans le titre de ce sujet, c'est quoi ?
Quelques précisions sur les lieux de prélèvement de cet arbre
En ces temps reculés on pouvait me voir déambuler dans des friches industrielles, des zones péri-portuaires ou le long de voies ferrées peu fréquentées et réservées à l'acheminement de marchandises. Le lieu d'origine de cet érable cumule tout cela. J'adorais fréquenter ces no-mans-land. Celui-là se trouvait en contrebas d'une voie rapide et la zone était jonché de mob, de scooter et de 125 cc volés puis abandonnés là dans ce lieu si près de l'agitation urbaine et pourtant si désert. Un infra-monde qui tient à la fois de Blade Runner (le premier) ou de Mad Max. De jour et avec un peu de chance, vous risquiez tout au plus de croiser un tagueur en mal d'un dessous de pont à illustrer.
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Cet arbre se trouvait à la lisière d'un petit bosquet qui occupait une patte d'oie ferroviaire. Il poussait à la limite du ballast après l'aiguillage. Je n'ai pas oublié les morilles trouvées dans le petit bois.
Après son prélèvement, il a voyagé entre pleine terre, pots de culture et caisse de pinard, il s'est essayé au pot à bonsaï, puis se ravisant, il est retourné en pot de terre cuite. C'est un arbre qui avait un système racinaire rébarbatif, une structure de branches à ne pas savoir quoi en faire. Un casse-tête. C'est ce qui arrive quand le yamadoriste débutant que j'étais alors, ramasse sans discernement.
Après tout ce temps de cohabitation difficile, je ne pouvais plus le mettre au feu.
Pas du tout ! Le mot Urbex est très bien trouvé, au contraire. :spb102:
Je pratiquais ce genre d’exploration dès les années 1975 bien avant que le mot existe. C’est devenu plus difficile dans ma région ces dernières années.
.....car il sont aussi une histoire, une époque dont on est nostalgique,.....
C'est vrai que j'accorde de l'importance à l'histoire de l'arbre , beaucoup plus que le font en général les autres bonsai-ka , me semble-t-il.
La charpentière que l'on voit partir à droite est passée derrière l'arbre et lui donne un peu de profondeur. Le mouvement du tronc est maintenant vu sous un angle plus intéressant.
Cet érable champêtre est le dernier à se déguiser en canari. Ses congénères sur les mêmes étagères ont perdu leurs feuilles il y a bien deux semaines déjà.
Ce matin, je n’ai pas pu m’empêcher de figer ce moment par quelques photos alors qu’il neigeait quelques flocons.
Deux vue frontales
Par contre, en ce qui concerne ton hypothèse, je ne partage pas du tout.
La perte des feuilles est liée à plusieurs facteurs dont la baisse de luminosité, la température, la génétique de chaque individu, les conditions hydrologiques.
Globalement, avec le réchauffement climatique, on observe que les arbres gardent leurs feuilles plus longtemps, ce qui écourte leur période de repos hivernal, ça les affaiblit. Sans compter que des nouveaux parasites et de nouvelles maladies apparaissent avec l’augmentation des températures.
La mortalité des arbres dans les forêts françaises a quasiment doublé en dix ans.
Je pense que la différence de 15 jours observée pour la chute des feuilles de tes érables champêtres (qui sont dans les mêmes conditions de culture) est dûe à la variabilité génétique entre tes érables. Ce qui ne veut pas dire que ton arbre ici présent n’est pas pas en forme
Je ne suis pas sûre non plus que le maintien des feuilles plus longtemps soit signe de bonne santé.
J’ai marcotté un ginkgo cette année, avec sevrage cet automne. La marcotte vient de jaunir alors que le pied mère (et les autres ginkgos) sont nus depuis au moins deux semaines. J’ai supposé que la marcotte avait gardé ses feuilles plus longtemps pour consolider son racinaire tout neuf et faire ses réserves d’énergie.
En forêt, j’ai observé un arbre récemment abattu et débité en tronçons. L’un d’eux arbore encore une branche avec des feuilles vertes (peut-être dans l’espoir de s’enraciner ?) alors que tous les arbres alentours ont perdu leurs feuilles cette semaine…
Si la variabilité génétique était la cause de la différence, elle s’exprimerait systématiquement tous les ans, non ?. Or c’est la première année que je note cette différence manifeste.
Je possède deux tilleuls dans le même pot qui montrent chaque année, depuis des décennies, le même écart de 15 jours pour la feuillaison. Je les montre dans le sujet :
« Tilleuls jumeaux désynchronisés »
Dans leur cas je crois qu’on pourrait parler de variabilité génétique, assurément.
Toujours est-il qu’il se passe quelque chose pour cet érable et qui ne se passe pas pour ses congénères sur l’étagère.
Citation Toujours est-il qu’il se passe quelque chose pour cet érable et qui ne se passe pas pour ses congénères sur l’étagère
C’est à peu près tout ce qu on peut en déduire
En fait ça peut être dû à tellement de paramètres physiologiques: engraissage, rempotage, tailles en vert, légère différence d’ exposition, taille du pot, quantité de mycorhizes, et effectivement aussi la bonne santé générale de l’arbre.
On peut sûrement dire qu un arbre en parfaite santé va avoir tendance à garder ses feuilles vertes plus longtemps qu’un arbre en mauvaise santé. Mais à mon avis on ne peut pas dire qu un arbre qui garde ses feuilles plus longtemps est forcément en meilleure forme.
Il y a aussi le facteur meteo passée, tout mes ormes sont encore en feuilles. Sur les ormes de chine, issus de la même série, venant de la même plante mère, un seul les a perdu et un seul commence son automne. Et je peux pas dire lesquels sont en meilleure ou moins bonne santé… idem sur les chênes lieges et oliviers certains poussent encore, d’autres non. On voit souvent cela dans les haies bocageres, de la à en tirer une conclusion…
Profitant de la nudité de cet érable champêtre de basse extraction, j’en profite pour exhiber sa structure. Ses bourgeons commencent à verdir
Les deux vues frontales
J’ai fait le contraire lors de son rempotage dernièrement.
Je pense qu’après plus de 40 ans dans un pot, le nebari et les départs de racines sont sans doute fixés.
Il était peut-être temps de le montrer un peu plus, non ?