Cet Orme champêtre (Ulmus minor), je l’ai prélevé en janvier 2014 sur un terrain militaire uniquement fréquenté de temps en temps par des chasseurs, privilège réservé ici aux gradés de la grande muette.
Ce fut un prélèvement sans autorisation et s’il le fallait, je pourrais m’en justifier ici, au risque d’une controverse.
Pour faire les présentations et pouvoir juger de son architecture, j’ai choisi des clichés sur 3 faces pris le 14 Avril 2023
Une des caractéristiques remarquables de l’espèce est de rejeter à partir des racines qui prennent source sur un arbre « mère ».
Cet arbre est un de ces rejetons et cela peut rendre le prélèvement problématique. L’intervention s’apparente en quelque sorte à un sevrage.
Sur le terrain, on distingue parfaitement ci-dessous les trois arbres « mères » en haut à gauche et au premier plan les rejetons envahis par les herbes folles
Les photos ci-dessus montrent un espace ouvert. C’est très rare dans la forêt rhénane.
Non que Ulmus minor soit faiblement réparti dans les forêts alluviales de la plaine du Rhin. Elles sont très riches en essences et décrites comme des « jungles tempérées », difficiles à pénétrer. En plus de la prolifération des lianes et des moustiques, la densité des peuplements y est maximale.
Or ici il s’agit exceptionnellement d’un espace ouvert avec quelques arbres mère très isolés et libres de rejeter. Le sol humifère assez mince, repose sur des graviers alluvionnaires peu propices à des racines plongeantes. De plus les lieux sont peu fréquentés réduisant les risques de casse ou de piétinement.
Ce sont les caractéristiques atypiques d’un milieu qui devraient attirer l’attention du yamadoriste.
Pour autant, les deux arbres ne sont ni cousins ni frères . Ils sont génétiquement identiques, ce sont des clones.
Faut-il alors parler de deux incarnations d’un seul arbre plutôt que de deux arbres, de deux individus ?
La première photo du premier message dans le sujet de PPDL illustre à la perfection le « T » renversé, vestige du rattachement de ce clone à l’ arbre-source.
La remarque de @Clem est tout à fait pertinente. La question peut effectivement se poser.
D’abord, il me semble illusoire de déterminer le rapport qui existe entre les trois arbres-source. Tout au plus peut-on considérer leur âge à partir du diamètre des troncs. Un des trois paraît un peu plus âgé. Mais on ne peut conclure avec certitude que les deux plus minces soient des rejets du plus gros.
Une photo qui montre les trois arbres-source avec leurs écarts.
Ce qui m’amène à dire que l’arbre de @petitpoissondansleau est un clone du mien c’est la proximité de leur implantation initiale. Les deux arbres poussaient à moins d’un mètre l’un de l’autre. On peut donc raisonnablement faire l’hypothèse qu’ils appartenaient au système racinaire d’un seul arbre.
Mais on est d’accord : en toute rigueur et vu la complexité de ce qui se passe sous la terre, une appartenance différente ne peut être totalement exclue.
Pour ma part il me plaît simplement de jouer avec l’idée que nous sommes deux à cultiver le « même arbre » qui se trouve à la fois en deux lieux.
Mais peut-être ne vous êtes-vous jamais penché sur la mécanique quantique…
Plus que la dimension symbolique, ce qui m’enthousiasme, c’est l’opportunité d’une expérience qu’il n’est possible de vivre qu’au contact du monde végétal. Enfin, je crois.
Il ne faut pas non plus exclure le semis … du coup ce n’est plus un rejet. C’est peut être un semis qui c’est soudé à la racine d’un autre (anastamose). Quoi qu’il en soit,a ce jour il est indépendant, c’est donc un sujet unique.
On ne se pose pas la question sur les alignement de platanes qui ont leurs racines solidaires. Pourtant ils ont été plantés comme individu. On ne parle pas d’un seul sujet.
Cultive le bien il est beau cet arbre.
Sur les quelques arbres que j’ai prélevés sur ce site (6 je crois), aucun n’était un semis, vu la conformité de leur système racinaire
Garanti que non. As-tu jeté un œil sur l’arbre de @petitpoissondansleaudans le premier message de son fil ? Tous ces arbres on une structure racinaire en ┴. Celui ce fil montre encore une structure en └ parce que j’ai réduit fortement les reliquats du cordon ombilical.
Tu n’es pas sans connaître l’incroyable capacité de Ulmus minor à rejeter. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui l’a sauvé de la graphiose (momentanément ?)
Le soucis c’est que la graphiose se propage par les racines aussi. Du coup tôt ou tard le rejet peut être atteint. Par contre je ne vois pas bien les feuilles mais j’aurais tendance a pencher vers ulmus glabra…
Les feuilles de U. glabra lorsqu’elles atteignent une certaine taille montrent 2 « cornes ». C’est très caractéristique de l’espèce qui existe chez nous en Alsace mais est beaucoup moins répandue que U. minor. Ce dernier domine nettement.
J’ai rencontré des U. glabra en montagne à des altitudes modestes
Les feuilles de mes Ormes n’ont jamais développé de « cornes » même sur les tire-sèves très puissants
Merci beaucoup pour le document qui est vraiment exhaustif
Oui bien sûr !
À force de vivre depuis 40 avec mes ormes champêtres, j’ai oublié de mentionner le plus évident.
Cette discussion sur l’identification des ormes me replonge dans les années 80 quand je recherchais une certitude sur les ormes que je prélevais.
Tu as raison de rappeler cette asymétrie des feuilles qui est caractéristique : il a des débutants qui viennent ici.
Dans le document que tu as bien voulu partager, il est bien mentionné qu’un des habitats favoris d’Ulmus minor ce sont les plaines alluviales, ce qui est typiquement le cas de l’arbre de ce sujet (voir plus haut). Il est dit aussi que Ulmus glabra possède une prédilection pour les forêts plutôt fraîches. Cela correspond en tout point à mes observations sur le terrain.
Le milieu n’est pas une caractéristique à prendre en 1er critère (ni en second).
Pour certifier une identification seulement l’observation de la samare ( comme souvent) tranche le résultat.
J’ai un minor dont la base est très peu symétrique, c’est seulement avec les samare de ses frères que j’ai pu le certifier…
Si tu as l’occasion de mettre quelques photos de feuilles en détail.
J’ai obéi à ta demande mais j’estime que cette photo n’est pas pertinente.
En tant que bonsaï, Ulmus minor est réduit à des petites feuilles sur lesquelles la dissymétrie ne s’exprime que très faiblement.
N.B. La barre c’est pour mettre à plat car les feuilles se plient selon la nervure principale
Tu voulais sans doute dire que les bases des feuilles éraient très peu asymétriques. C’est à dire qu’elles tendent vers la symétrie. Cela a aussi toujours été le cas sur mes bonsaïs d’orme champêtre.
Je ne comprends pas pour quoi tu me fais si peu confiance dans mes déterminations. 40 ans d’expérience avec cette essence aussi bien en pot que sur le terrain, ce n’est pas rien.
Je suis désolé de te vexer. Je trouve la pointe de la feuille très marquée ainsi que les dents plutôt inclinées… il arrive souvent que les certitudes soient mises à mal. Dans mon département une plante (Thymelaea passerina) a été déclaré disparu dans les années 50… sauf qu’un botaniste lui, conservait jalousement les stations encore existantes. Les autres bota (dont moi…) la pensant disparu ne la cherchaient pas. Idem pour salix cinerea qui est resté le seul représentant de son espèce. Pourtant depuis quelques années nous en recenssons de nouvelles. Pour Ulmus même combat.
C’est juste pour cela que je te demandais une photo, mais là aussi sans les samares je ne peux rien cerifier.
Quoiqu’il en soit continue a bien le cultiver. C’est une essence gratifiante.
Peut-être… Mais tout de même !
Comparaison de la répartition de Ulmus glabra et Ulmus minor dans ma région. Les premiers occupent le terrain montagneux (en vert) à l’ouest d’une ligne Nord - Sud qui correspond au piémont des Vosges. Les seconds sont à l’Est de cette ligne (plaine en blanc).
Tes cartes montrent bien que les exception existent… je le redis seules les samares permettent de fixer la détermination! (et encore il ne faut pas que se soit un hybride). C’est bien pour cela que les botanistes repassent sur des secteurs bien connus, pour éviter les erreurs anciennes, pour la remise en questions. Idem pour le travail sur les herbiers.
Mais cela n’enlève rien au fait que l’orme soit une essence très gratifiante en bonsai.
La propension à fabriquer du liège différencie aussi Ulmus minor (orme champêtre) de Ulmus glabra (orme de montagne). Dans certaines conditions l’orme champêtre peu montrer un tronc ou des rameaux subéreux. A ma connaissance l’orme de montagne ne possède pas cette propriété.
Le tronc de mon Orme champêtre montre clairement cette production de liège.
Extraits de photos prises immédiatement après prélèvement.
Cette écorce ne ressemble pas vraiment à celle de Ulmus glabra.
Nous sommes début septembre et à cette date les ormes ont largué leurs samares. Je ne peux donc pas vous les ramener pour satisfaire à la demande de @Marc40.
Serait-ce bien utile d’ailleurs ? Les arguments que j’ai apportés (Drageonnement, forme des feuilles, répartition géographique, écorce) plaident tellement pour Ulmus minor que le lecteur devrait être convaincu par leur convergence.
D’ailleurs ils n’objectent rien. Qui ne dit mot consent .