Yamadori Massacre

Ceci dit, rien ne dit que le massacre dont il est question ici soit dû à un pro.... j'aurais même tendance à penser que c'est l'inverse.

Le pro, faisant çà our vivre, évaluera souvent bien mieux qu'un amateur le "temps" nécessaire à un prélèvement et ces chances de reprise. Autant dire que ce pin, je ne pense pas que beaucoup de pro (si ce n'est aucun) ne l'aurait pris (vu aussi la taille de la motte).

Bref, si le débat sans fin est toujours intéressant quand il s'agit de mettre la faute sur les pros afin de dédouaner les "amateurs", il s'agit ici d'une personne (d'ailleurs, dans l'article il n'est pas dit qu'il y avait des dizaines de trous sur la zone - si je me souviens bien - ce qui pourrait être un indice qu'il ne s'agit pas d'un "viandard" pro, mais d'un amateur qui a eu les yeux plus gros que ses étagères) sans éthique. Malheureusement, juste une personne sans respect.

L'hypothèse d'un amateur pas futé est réaliste, encore faut t'il ajouter qu'il n'a rien à faire dans le monde du bonsaï, sagouin à ce point là.

Cela n'enlève rien à la force d'évocation de cette image, pour dissuader la clientèle des pillards qui sévissent dans les Alpes, selon le constat des pros eux même.

Ces gens, attirés par l'appat du gain, ne s'organisent pas pour assurer le maximum de chances de reprise aux arbres, tout simplement parce qu'ils n'ont pas la formation nécessaire, en plus du manque complet d'éthique qui fonde leur démarche .

C'est comparable aux bandes organisées pour la razzia sur les champignons: en nombre important, ils s'attaquent aux bois en grattant le sol et n'emploient pas de couteaux pour les cueillir proprement, tous facteurs déterminant une disparition rapide des souches.

La force de l'image pour dissuader aussi les amateurs de pareilles indélicatesses, en leur faisant bien sentir que c'est tout sauf à leur honneur.

Quand à dire que c'est un débat sans fin, je pense que ce nest pas bien venu, à dévaloriser une discussion qui, si elle ne provoque pas de résultats immédiatement apparents,doit bien avoir une résonance sur la longueur, ne serait-ce que de voir que plus de 1300 personnes s'y sont déja intéressées.

Par ailleurs, on a pas du tout mis en cause les pros de la manière dont tu le dis, Hin... 

Juste pour info, connaissant bien cette zone et cet arbre que je venais admirer aussi. (je l'ai pris en photo peu de temps avant qu'il soit vandalisé).

 

Les personnes qui ont commis ça l'ont fait aussi juste à coté avec un autre arbre tout aussi gros et imprélevable. Le secteur, je dirais 10 km à la ronde est truffée de trous non rebouchés et bien souvent avec des arbres arrachés et laissés pour mort quand le racinaire ne permet pas de reprise. Sur un super beau site ou j'avais l'autorisation de prendre 3 pins, Ils ont dévasté l'endroit ( avec les mêmes technique de prélèvement) et je ne vous parle pas des sites autour (j'ai des photos). Ils sont venu en grosse camionnette et ont laissé de belles traces dans le champs. Pour l'arbre en question, il était au bord d'une route peu passante sur un col. Ces arbres étaient facilement visibles d’où l'acharnement rapide.

 

Le prélèvement quand il est bien fait de ne présente pas de désagrément, quand le trou est bien rebouché on ne voit plus de trace au bout d'1 an. Mais les cratères restent et l'enlèvement massif d'abres sur ces zones ou rien d'autre ne pousse n'est pas top d'un point de vue écologique. Ce sont des espèces pionnières qui permettent de stabiliser le terrain et de créer un peu d'humus afin que quelques espèces typique s'installent. De plus ces zones mettent un temps fou à se régénérer. Entre 50 ans et 1 siècle.

 

Mais cela n'a que très peu d'impact comparé à la totalité de la zone. On ne peut pas mesurer l'impact engendré, c'est dérisoire. Bien souvent, personne n'y met les pieds et les gens en général voient ça comme des buissons sans intérêt. J'y ai vu des zones de yamadori rasées dans le but de limiter les risques d'incendies, de faire passer des engins forestiers, etc.

 

Cela ne permet en rien de faire n'importe quoi. Notre éthique doit etre irréprochable tant au niveau de la vie (de l'arbre) et  du biotope qu'au niveau du respect de la propriété.

Le problème est que ces gens ne respectent rien. Être pro n'est pas pour moi un gage de garantie des ces paramètres et je pense que 95% des gens ne font pas l'effort de connaitre le propriétaire et de lui demander la permission. Je dirais même plus, vous avez plus de chance d'avoir une autorisation en tant que simple amateur, reste à savoir comment les pros font. (je dis ça je dis rien...)

 

Les premiers à etre horrifié de telles pratique sont les amateurs de bonsaï qui cherchent un arbre à prélever mais ceux là même peuvent cliquer sur un Like Facebookien quand ils voient un mec se ventant de porter des yamadori énorme d'un bras et de l'autre faisant le signe de victoire des 2 doigts (si vous voyez ce que je veux dire)

tu peux mettre des photos afin que chacun puisse se rendre compte de visu des dégâts que ça peut provoquer?

Pierre-Je te donne un exemple, Sète le Mont Saint-clair, je ne sais pas si tu connais, sur les terrains constructibles certains arbres sont protégés, la mairie va te dire ce que tu peux couper, voici le réglement (pour les arbres 2 A) et évidemment il y a plein de terrains protégés en France.

 

http://www.sete.fr/download/Services/urbanisme/notes/recommandations_murs_et_espaces_libres_du_mont_saint-clair_et_ses_abords_12.pdf

 

Sinon l'exemple d'u terrain qui va être rasé pour un couloir anti incendies est un bon exemple d'un endroit et un moment ou on peut prélever, idem pour la création de pistes de ski ou autres, il faut être là au bon moment ;)

Merci PJ1234, voilà un témoignage qui met les pendules à l'heure.

Là-dessus, des pros dûment déclarés, il ne s'en trouve pas beaucoup en France.

Celui que je connais ne pratique pas son métier comme ça, et il me semble assez facile (tout peut filtrer) de savoir comment font les autres, quel est l'importance de leurs stocks, par exemple, ce qui peut donner un ordre de grandeur assez parlant de la dimension qu'ils donnent à leur activité.

J'en reste à penser que prélever 200 arbres par ans ne peut être le fait d'un seul homme, il faut beaucoup de main d'oeuvre, affectée aussi bien au repérage,à l'extraction qu'à la manutention de ces arbres. En plus, ce travail est forcément intense, car limité par le temps propice aux prélèvements. A ce point d'activité, cela doit donc être de véritables entreprises, ou alors, il s'y trouve du travail au noir.

En plus, écouler un tel nombre d'arbres suppose un réseau de commercialisation à grande échelle qui ne transpire nulle part.

L'alternative des pillards clandestins, même s'ils sont "pros" à l'étranger (ou commandités par eux), alimentant les marchés européens me semble quand même la plus plausible, surtout dans les conditions de prélèvement décrites par PJ1234.

Corto avait posté un lien sur l'arrestation de gens se livrant à une activité semblable sur les sabinas espagnols.

Concernant les travaux genre coupe feu ou pistes de ski, n'y aurait t'il pas moyen de s'entendre, entre fédés, clubs et communautés de communes, Deal ou autres décideurs, pour que cela soit signalé aux amateurs et aux clubs avant le naufrage?

Ça ressemble à ça multiplié par des centaines.

Soit P la proportion de cons dans un sous-ensemble E de la population mondiale M.

 

Ceux qui n'aiment pas les maths peuvent directement passer au paragraphe (1) puis (2)

Si t est la variable temps et P(t) la proportion de cons en fonction du temps, alors :

P(t) = K où K est une constante : 10% < K < 60%

Soit c le cardinal E.

E étant un ensemble fini c est alors le nombre d'êtres humains dans E à un instant donné.  

Pour c>10, P(c) = K

(1) Autrement dit : prenez plus de 10 personnes n’importe où et n’importe quand, la proportion de cons est toujours la même à un instant donné.

Mais c(t) est une fonction exponentielle de t.

Le nombre N de cons devient

N=K.c(t)

CQFD

(2) Autrement dit dans tout sous ensemble E la proportion de cons augmente exponentiellement avec le temps.

Si on admet par ailleurs que la probabilité pour un con de passer à l’action est une constante caractéristique du con et qu’elle est uniformément partagée dans cette population, alors on peut dire que la probabilité de voir des conneries est une fonction exponentiellement croissante avec le temps.

Il n’y a donc rien d’étonnant à voir de plus en plus souvent ce type de massacres. C’est une simple conséquence de la croissance démographique.

Conclusion : limitez votre progéniture à 1 ou 2 max, pour laisser une chance à la biodiversité.

Epouvantable!

Si vous regardez bien, ce sont tous de gros arbres, pour justifier de pareils terrassements, et qui ont subi l'ablation en nombre significatif de branches très épaisses.

Cela permet de savoir à quoi ressemble le produit de ce carnage une fois dans le commerce, ou sur une expo.

Merci Tsubaka pour ta réponse. Ce dispositif d'aménagement territorial de la commune prescrit des lignes directrices et encadre les règles de bonne manière en matière paysagère mais ne protège pas les arbres, notamment les plus remarquables. Suis toujours à la recherche d'un outil réglementaire pour la sauvegarde des arbres en tant qu'élément patrimonial (hors sites inscrit ou classés, réserve naturelle ou parc national).

Euh tu parles de ma réponse?

Je t'assure qu'à Sète tu ne peux pas enlever certains arbres la mairie décide ce qui doit être conservé (vieux pins, vieux cèdres...)

 

"Les services municipaux doivent pouvoir, sur plan et sur site, marquer les zones ou les individus, dignes de protection totale"

 

Effectivement c'est un peu à "l'interprétation du règlement" sinon tu as raison c'est souvent sur des sites classés, mais il y en a beaucoup.

OK d'acc merci

Donc, selon ce que nous décrit Quatrefi, il est possible de faire classer les arbres sur un modèle qui peut interdire, par voie de conséquence, leur exportation: très intéressant.

Bon, on croise nos expériences, nos avis, nos propositions, mais qu'en disent les Fédérations?

Je les trouvent assourdissantes de silence dans ce débat, dont elles ne peuvent pas ignorer l'existence, et dans lequel leur poids pourrait être plus décisif que nous sur le sujet, Cela dit parce que je ne vois pas ce qui les empêcherait de s'engager très naturellement dans cette concertation, les concernant quand même d'assez près

A moins de considérer que les forums soient à un étage un poil trop bas pour les interpeller?......?

J'aime assez l'explication mathématique de Bonsaïphil

 

ça au moins l'avantage d'être drôle ;)

Malheureusement, Psandre, il est difficile de rester de bonne humeur quand on voit le spectacle dont on parle. As-tu été voir ce que montre EB, et que penses-tu de ce que nous montre PJ1234? Pour moi, il y a de quoi lacher son paquet de pop-corn.

Moi aussi, je me suis emmelé les pinceaux, en lisant les diverses contributions à ce sujet : comme le dit Pierre Boyet, il nous manque ce dispositif de classement des arbres qui les interdiraient d'export, à minima.

Le souci, dans toute démarche, et qui rend les choses compliquées, est de protéger l'intérêt des professionnels honnêtes,  et des amateurs sincères préleveurs occasionnels.

Excusez-moi de faire encore un parallèle avec les champignons, mais plusieurs préfectures de départements en ont réglementé la cueillette.

Par exemple, dans l'Hérault, se faire contrôler sur la route par les gendarmes avec plus de 5 kilos de champ par personne coute cher, quelque soit leur provenance, si on a pas de documents justifiant d'une activité légale de ramasseur professionnel, et de la légalité, itou, concernant les sites de ramassage.

Et pourtant le monde des cueilleurs de champignons n'est pas connu pour avoir des Européen champignon san show et autres célébrations.

Alors, pourquoi eux sont protégés et pas nous?!

 Pour moi, il y a de quoi lacher son paquet de pop-corn.

Voila une phrase qu'il aurait mieux valu ne pas prononcer dans le contexte de ce fil.

On pousse des cris d’orfraie à la vue du massacre d’arbres, on vitupère contre les cueilleurs indélicats de champignons, mais on se tait lâchement devant le génocide de milliards de grains de mais.

Faut-il rappeler qu’un grain de mais est une plante en puissance ?

Non content d’en garnir par seaux entiers les salles obscures, on s’acharne à leur donner la mort d’une façon particulièrement odieuse, voire sadique. Le grain, soumis à des températures inimaginables, saute de douleur en poussant des cris affreux pour terminer sa courte vie en étalant ses blanches et juvéniles entrailles dans la poele à frire. Comble d’atrocité, ces mêmes grains finissent dans les bouches fétides de spectateurs qui les broient névrotiquement et bruyamment au grand dam de tous ceux qui sont venus pour voir un film et non entendre ces « scrouitch », ces « scrotch » et autres bruits de mufles.

Y aurait-il deux poids deux mesures dans la destruction du monde végétal ?

 

oula...mais...c est de l humour geek ca non?

 

passionnant ce sujet ...on sent que les choses changent .. :spb33:

Heureusement que les pins sylvestres ne se mangent pas, par dessus le marché!

Quoique, un pro (on prend quand même la précaution de cette référence), m'a expliqué que les cueilleurs de bourgeons de pins, pour en faire des cosmétiques et des produits "bio", faisaient aussi beaucoup de dégats dans les Alpes.

Facile à comprendre, ces pins sont courts sur pieds, les branches très accessibles.

Revenant à ma reflexion sur les champignons: les préfets ont donc l'autorité de limiter leur prélèvement, et mandater la maréchaussée, gendarmes, police, douaniers, pour contrôler les bagnoles, avec une attention soutenue pour les camionnettes.

Il se trouve que les sites particulièrement touchés par le pillage des arbres sont, comme dans le cas des champignons, faciles à circonscrire, géographiquement. L'époque favorable en est restreinte, aussi.

Il n'est donc pas déraisonnable qu'on puisse demander aux préfets des départements concernés de prendre de telles mesures de sauvegarde pour les arbres aussi.

Par exemple (c'est un exemple!), limiter le prélèvement à deux spécimens par personne transportée dans le véhicule, et verbaliser des cargaisons plus importantes sauf justificatifs, professionnels et de provenance des arbres, valides.

Je ne sais pas qui a eu assez de poids sur les préfectures pour aboutir à ces dispositions de préservation des champignons, peut-être la grogne des propriétaires des bois, les assoc de protection de la nature? Le caractère de travail et revenus dissimulés a dû aussi beaucoup peser dans la balance

En tous les cas, il devrait bien se trouver sur ce forum des gens en même temps assez impliqués et le bras assez long pour évaluer cette option et, si bénéfice il y a, comme je le pense, pour le monde du bonsaï en même temps que la préservation des espaces naturels, appuyer le mouvement auprès des préfets pour les décider à agir...

Une perspective quand même plus abordable que pour le maïs de Bonsaïphil, où là, il s'agirait d'aller emmerder Monsanto, et ça c'est encore moins gagné.

Juste une petite anecdote qui donne un peu à réfléchir.

Au Japon, en plein milieu des montagnes, des bonsaika avaient découvert un pin pentaphylla dont les aiguilles étaient d'une qualité exceptionnelle pour faire des bonsaï: fines, raides, courtes, légèrement bleutées. Quelques rameaux ont été sélectionnés pour les greffer. La greffe a pris et s'est révélée stable. Une nouvelle variété est née.

Mais cela s'est su. De nombreuses personnes sont venues couper de nouveaux rameaux, et de plus en plus, jusqu'à ce que l'arbre s'affaiblisse et meure.

C'est peut-être un peu hors sujet, mais pas tant que ça finalement.

Même si l'on interdit le yamadori, il y aura toujours d'autres moyens pour les bonsaika de détériorer la nature.

Quant aux interdictions, je doute de leur efficacité dans des régions de montagne bien reculées.

Un changement d'état d'esprit serait tellement mieux. On peut toujours rêver.....