Il est loin le temps (2014) où j'avais des difficultés à identifier Prunus mahaleb dans la nature (voir ce sujet).
A cette époque j'avais même quelques doutes sur l’existence de cette espèce dans mon écosystème. Depuis, j'ai pu les identifier et j'ai eu l'occasion de prélever quelques spécimens de St Lucie pour mon plus grand bonheur.
Voici un des Prunus mahaleb qui fait maintenant partie de ma collection.
Ce 2 décembre 2014 cet arbre était encore juché pour quelques minutes au sommet d'un pierrier accumulé durant des siècles en bordure de vignes. J'ai passé cette matinée brumeuse dans le clos à prélever un arbre dont le tronc, les branches et les racines étaient particulièrement puissants.
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Avant l’intervention
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Taille préalable avant prélèvement
Le propriétaire du terrain était en train de tailler ses vignes de Riesling à coté du monticule et l'autorisation pour intervenir s'est faite "en direct". Notre face à face a été épique. Il m'a clairement pris un illuminé échappé de l'asile.
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Sortie de terre
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Emmailloté
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Prêt au transport
Du clos à la caisse
Avant de le placer dans sa première caisse de culture je l'ai débarrassé des cailloux emprisonnés entre ses racines. Pied de biche et tourne vis se sont révélés efficace dans cette opération de nettoyage.
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L'arbre est resté en caisse de culture durant trois années durant lesquelles j'ai eu le temps de réduire et densifier les racines
Cet arbre se trouve dans ce pot depuis 2 ans seulement
Une année pour accuser le choc d’un volume plus restreint
Une autre année pour équilibrer racines et feuilles.
N'aurais-tu pas un peu survolé l'étape "retour en arrière" ?
On notera dans le haut les cicatrices importantes de branches trop droites qui ont été supprimées dans les premières années de culture
Pour l’instant le susdit « retour en arrière » n’a évidemment pas été à l’ordre du jour. Il ne sera pas d’envergure, le St Lucie bourgeonne très bien en arrière.
Perso je l'imagines bien avec une tête un peu plus arrondie, comme un vieux pépère tranquille.
C'est une option, mais il y a le temps de voir venir
Ben voila BonsaiPhil, quand tu veux tu peux respecter les règles japonaises :PB327:
Plus sérieusement, mais pas complètement sans lien avec mon trolling assumé ci-dessus, je trouve que tu l'as vraiment travaillé comme un bonsai, et pas comme une Sainte-Lucie. Pour paraphraser un grand bonsailliste, c'est un beau "bonsai de Sainte-Lucie"... La conicité est bonne, les branches placées aux bons angles, bien horizontales, etc. Pour moi ca manque de folie dans les branches, de bois morts, bref de ce qui fait qu'une sainte-Lucie est une sainte-Lucie et se repère d'assez loin sur le bord des chemins.
Attention, je dis pas que l'arbre est moche. Juste que je trouve dommage de ne pas avoir plus exploité les qualités (ou l'esprit) de l'espèce...
Ben voila BonsaiPhil, quand tu veux tu peux respecter les règles japonaises :PB327:
Plus sérieusement,
quoi qu'on en dise, tout le monde respecte 90% des regles esthétiques japonaise, y compris Walter Pall qui pretend le contraire par pure marketing lol ^^
L'Europe et les Etats-Unis ont des Bonsai très similaires aux "canons" japonais. Je trouve que les Taïwanais sortent un peu plus de ce style Japonais, par la forme generale du tronc et des branches (bcp d'ondulations et de grosses branches), et par le choix du pot (plus profond et coloré que ceux des Japonais)
je trouve que tu l'as vraiment travaillé comme un bonsai, et pas comme une Sainte-Lucie. ....
La conicité est bonne, les branches placées aux bons angles, bien horizontales, etc......
Tout ce que j'ai travaillé est invisible à l'œil.
Mes efforts se sont concentrés pour l'instant sur ce qui se trouve sous le substrat, la taille des branches inutiles avant le prélèvement (voir premier message) et la suppression des tubes dans le sommet de l'arbre.
Mon seul mérite est d'avoir vu dans l'arbre sur son pierrier un arbre susceptible de devenir un bonsaï. C'est ce que j'appelle l'invention de l'arbre. Et pour ça aucun maître japonais n'est utile.
La conicité est d'origine.
La position des charpentières et leur angle est d'origine
Celles qui sont horizontales le sont dès le jour du prélèvement.
Je n'ai rien construit. L'arbre s'est construit sans aucune "règle" sinon celles qui gouvernent son espèce.
Pour ce qui est des Prunus mahaleb et leurs bois morts, tu repasseras. La première photo du premier message donne une idée du port de l'espèce chez moi quand on ne la dérange pas.
Le Prunus mahaleb est combattu à l'eparseuse, à la tronçonneuse, au désherbant alors forcement aux bords des chemins on trouve des trognons tourmentés.
J'en possède aussi.
Mais je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une caractéristique naturelle de l'espèce. C'est simplement ce qu'on voit chez les bonsai-ka qui se ruent sur des arbres torturés et prélevés préférentiellement.
À force de feuilleter des catalogues de bonsaïs nippons on peut en oublier la vraie nature d'une espèce dans son milieu.
La conicité est vraiment très belle. Pis franchement, ça me fait du bien de voir un prunus sans bois mort. Parce que si c'est un gros atout de l'espèce, à force de trop en voir je finirai presque par trouver ça lassant.
C’est à dire que s’il s’est concentré sur ce qui se trouve sous le substrat, c’est forcément invisible à l’oeil. Je ne crois pas qu’il faille voir dans ces quelques mots isolés une quelconque forfanterie (mot compte triple, depuis le temps que j’essayais de le caser !).
Y'a toujours de traces visibles de coupe, mais y'a des branches qu'on est obligé de couper .. perso j'aime bien laisser un picot de bois mort sur les coupes de sainte-Lulu car je trouve, en ayant comparé les 2 bourrelets, que ça fait plus naturel quand le bourrelet cicatriciel s'arrete au niveau du petit jin. Sans Jin, en coupant à ras comme ici, je trouve que les bourrelets cicatriciels sont plus epais. Observation perso à comparer avec celle des autres, bien sûr
C'est à dire que s'il s'est concentré sur ce qui se trouve sous le substrat, c'est forcément invisible à l'oeil.
Je constate que tu n'es pas au courant. Il faut dire que l'infos a circulé sous le manteau par message privé.
En effet, aristide possède une paire de lunette très spéciale qui permet de rendre transparent les choses inertes et de voir les choses vivantes.
Un rêve pour les yamadoristes qui pourraient jauger des racines avant de passer à l'action !
Mais pas que....
Il semblerait qu'il se serve aussi de ces binocles magiques dans d'autres contextes. Les tissus et donc jupes, collants, culottes font partie de ce monde inerte.
Cet arbre possède effectivement une conicité assez prononcée.
Je constate tout au long des sujets de ce forum que c'est une caractéristique très recherchée. Pour ma part j'ai une préférence pour les arbres plutôt sveltes. Je leur trouve plus d’élégance que les gros pépères (cf PPDL ici).
Toujours est-il que la conicité de celui-ci s'explique initialement par deux faits :
1/ cet arbre était un double-tronc et j'ai supprimé un des deux départs au moment du prélèvement
2/ de fortes branches prenaient leur départ assez bas sur le tronc restant et je les ai écartées tout au début de la culture
Ces deux opérations ont laissé des cicatrices conséquentes qui vont se refermer à l'exception peut être de celle qui correspond à 1/
Dans ce cas, la plaie s'ouvre vers le ciel et l'arbre n'y a pas développé de bourrelets comparables aux autres endroits de coupe sur le tronc. C'est un peu mon souci pour cet individu.
Les photos qui suivent datent de 2017 et montrent la cicatrice qui pose problème.
Il n'y a sans doute rien à faire sinon que d'attendre que la branche qui prolonge cette coupe veuille bien fabriquer du cal. Mais elle est horizontale, donc ….
On peut comparer avec une cicatrice sur le tronc à la même époque
Perso je la trouve très belle cette cicatrice. Ce qui me plais moins, c'est la fine racine aérienne en bleu. Pourquoi ne pas essayer de la coller au tronc et mettre du substrat pour la faire grossir ? Elle pourrait peut être prendre l'aspect de celle en rouge qui, ama est très jolie.
Greffer en pont des tiges de Prunus mahaleb pour combler cette cicatrice.
Quelques arguments m'ont éloigné de cette idée :
1/ Je n'ai aucune expérience de la technique chère à MBdeMaibelle. Pour appliquer une technique que je ne maitrise pas j'ai l'habitude de faire des essais - et donc des erreurs - préalables sur des arbres sacrifiés
2/ La position de la cicatrice exactement à l'épaule de la charpentière (petite zone rouge foncé) rend le placement d'une tige selon le diamètre quasi impossible
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3/ Les résultats des greffes en pont ne m'ont pas toujours convaincu. Cet argument est très personnel
Toutes ces raisons me font penser que le jeu n'en vaut pas la chandelle, d'autant plus que j'ai déjà défendu le point de vue selon lequel, dans certaines circonstances, fermer une cicatrice n'est pas une nécessité.
Dans ce cas précis je trouve simplement que cette blessure n'est pas très naturelle.
Mais au nom de quel principe faudrait-il atteindre la perfection ?