Ce n'est pas parce que les fleurs mâles et femelles sont portées par le même arbre qu'il y a auto-fécondation. Je n'ai pas regardé pour Acer palmatum, mais en général, les arbres de climat tempérés qui sont à fécondation anémophile (par le vent) sont allogames, c'est à dire que ce ne sont pas les fleurs du même arbre qui se fécondent, mais des arbres différents. C'est un bon moyen d'éviter une trop grande consanguinité.
Pour faire de la fécondation croisée, tu peux soit avoir un mécanisme génétique d'auto-incompatibilité (si ton propre pollen te tombe sur le pistil, il ne germe pas, ou alors il ne peut pas féconder l'ovule, ou la graine avorte, etc), ou tu peux être plus "subtil", et par exemple avoir tes fleurs femelles qui sont matures avant les fleurs mâles (la période de maturité se chevauchant ou pas). Si d'autres arbres ont leurs fleurs mâles matures en même temps que tes fleurs femelles, hop! fécondation, et quand tes fleurs mâles sont prêtes, elles fécondent les fleurs femelles d'un troisième arbre (ou de X 3ème arbres)... chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, et d'autres seront plus compétents que moi pour entrer dans les détails de l'auto-incompatibilité (suivez mon regard vers une fleur du nord ;))
Et si tu veux compliquer encore un peu, non, le code génétique n'est pas suffisant pour décrire "totalement" une plante. Avec un génome, on a pas mal fait le tour ( ;)), mais il y a encore les facteurs épigénétiques. Pour faire une métaphore, si le code génétique est la recette du Baeckeoffe dans le cahier de ta grand-mère, l'épigénétique est le coup de main et les petits secrets qui font que même en suivant à la lettre sa recette, ben il manque un p'tit quelque chose, et il n'a pas tout à fait le même goût.
Et même si on se réfère au code génétique, à partir de combien de différences on considère qu'on a à faire à 2 espèces différentes ? Est-ce que 4 mutations qui ne vont rien changer de visibles comptent autant qu'une mutation qui va faire apparaitre une nouvelle paire de pattes (chez les animaux) ? Est-ce qu'un chien à 6 pattes (1 mutation dans 1 gène) est plus proche du chien "standard" qu'un chien d'une autre race (plusieurs dizaines de mutations dans plusieurs gènes). C'est comme un bon livre, tout le monde lit la même histoire, la même trame, mais chacun va s'attacher plus à un personnage, un lieu, certains vont plus apprécier les chapitres "qui bougent", d'autres les descriptions de paysages ou de sentiments (je vous renvoi à Proust....). C'est pareil en biologie, certains vont considérer que ce qui compte, c'est qu'une espèce se reproduise entre elle, d'autre qu'elle soit une lignée évolutive distincte, certains qu'elle ait des mutations qui lui sont propres, etc... le code est le même, les espèces sont les mêmes, mais les interprétations sont différentes (et tout aussi valable les unes que les autres).
Je sais bien que c'est troublant pour un physicien, mais c'est loin d'être un désordre innommable.... c'est la nature, et il n'y a pas de règles biologiques fixes dans la nature. C'est aussi ce qui fait que la bio, c'est mieux que la physique ! :spb13:
PS : p'tet qu'il faudrait séparer la partie "métaphysique" du coeur du sujet.... :-D