Ce n’est pas sympa, surtout que c’est le lendemain d’une journée où j’ai sué sang et eau dans l’auguste département du Haut Rhin à escalader, debout sur les pédales, le massif du Petit Ballon, sans compter les quelques cols (Firstplan etc…) en apéro.
Je crois que j'aurai toujours du mal à accepter le terme de "japoniaiseries" que tu apprécies tant utiliser à la moindre occasion, ça me parait tellement irrespectueux, non seulement envers les japonais mais aussi envers ceux qui les respectent.
On peut chercher à s'affranchir de certains codes d'esthétisme japonais concernant le bonsaï sans passer par un dédain de ce genre (à la limite du racisme). J'imagine que des extrémistes des traditions japonaises pourraient voir d'un bien mauvais œil le mode de vie à la française, je ne les soutiendrais pas non plus.
Concernant l'utilisation des mots japonais liés à l'art du "bonsaï" (ou "l'arbre en pot" si tu préfères, mais ça me parait un peu réducteur) il y en a certains qui n'ont pas vraiment d'équivalents en français et il me parait bien plus efficace et précis de les utiliser que de faire tout un paragraphe à la place (évoquer le mochikomi en français prend un peu plus de de temps). Il y a certainement un nombre incalculable de mots français empruntés à d'autres langues, pour décrire des choses pour lesquelles il n'y a pas d'équivalents français (je ne vais pas commencer de liste pour ça) et je suis sûr que tu en utilises régulièrement.
Ce qui me laisse le plus dans l'incompréhension, c'est qu'il y a de fortes chances pour que tu doives la connaissance de l'art du "bonsaï" aux japonais (une passion qui semble te combler depuis au moins 40ans). Même si ils se sont inspirés d'un art chinois, ils ont sans doute joué un rôle important pour sa popularisation dans le monde entier.
Il me paraitrait normal d'être reconnaissant envers eux, et de passer par le respect pour cela.
Tout en étant vraiment en accord avec le sens global de ton message, je trouve par contre que le mot mochikomi est vraiment inutile. Ce mot vient du verbe mochikomeru (littéralement « prendre et bourrer ») qui veut dire « mettre en pot ». Le mochikomi, à l'origine, c'est le temps qu'un arbre a passé en pot, par extension, le résultat de ce temps passé. Le mot « patine » https://www.cnrtl.fr/lexicographie/patine dans son sens 2. me semble parfaitement adapté et plus évocateur.
Merci beaucoup pour ces explications assez complètes du terme japonais Mochikomi . C'est intéressant et je découvre.
Par la même occasion : je m'attendais à entendre ta réaction de biologiste dans le sujet concernant la Biologie quantique ici
@Julien
Je trouve ta réaction à l'emploi de "japoniaiserie" par Boots dans ce message plutôt injuste.
Je revendique en effet la primeur de ce jeu de mot (au sens littéral). Donc tes reproches devraient m'être adressé plutôt qu'à lui
Serait-ce parce que le terme touche un point sensible par l'humour qu'il déclenche autant de réactions violentes ?
On pourrait imaginer reprendre la facétie avec Royaume-Uniaiserie pour le Brexit, avec Lituaniaiserie pour les rapports de la Lituanie avec l'OTAN, avec Sloveniaiserie pour son virage à l'extrême droite etc... Dans ces cas le jeu de mot serait autrement plus sérieux et plus acide que pour le Japon.
Ceci dit je trouve le parallèle entre Monsieur Jourdain chez Molière et tous ceux qui s'extasient devant les turqueries – les japoniaiseries – en matière de bonsaï tout à fait pertinent.
Il n'y a pas de xénophobie chez Molière, mais juste un sens aigu de l'observation de ses compatriotes. On voit bien dans cette scène du Bourgeois gentilhomme (voir la vidéo ci-dessus) comme la langue (pseudo-turque) agit magiquement en créant un mystère.
Pour en revenir à l'arbre, il me fait le même effet que les arbres de Patrice Bongrand et "la voie naturel"...... Je rejoins fandango13 sur la page précédente, "on dirait un arbre"!!
Franchement, j'adore!!!! Cet arbre est tout en finesse et mériterait d'être prit et bourré dans un pot adéquate, un bel ovale émaillé.
La création du mot est attribuée à l’écrivain Champfleury qui l’utilise dès 1872.
C’est un terme dont le sens péjoratif peut aussi bien correspondre aux admirateurs français du Japon qu’à la culture japonaise en elle-même . Et de fait, tu l’utilises essentiellement dans cette dernière acception, ce qui fait que certains, dont moi-même, trouvent assez pénible d’être obligé de lire ici. Pour la beaufferie xénophobe, le courrier des lecteurs du Figaro t’est grand ouvert.
Je trouve ta réaction à l'emploi de "japoniaiserie" par Boots dans ce message plutôt injuste.
Je revendique en effet la primeur de ce jeu de mot (au sens littéral). Donc tes reproches devraient m'être adressé plutôt qu'à lui
Ah, en fait tu n'as pas du tout compris, mes reproches t'étaient totalement adressés. Boots employait le terme en faisant référence à ton emploi fréquent de celui-ci, il l'a utilisé pour décrire ta réaction suite à l'emploi du terme "mochikomi". Je ne pense pas qu'il souhaitait te soutenir dans ta réaction, donc si j'ai bien compris son propos, je ne lui reproche absolument rien.
On pourrait imaginer reprendre la facétie avec Royaume-Uniaiserie pour le Brexit, avec Lituaniaiserie pour les rapports de la Lituanie avec l'OTAN, avec Sloveniaiserie pour son virage à l'extrême droite etc... Dans ces cas le jeu de mot serait autrement plus sérieux et plus acide que pour le Japon.
Je ne trouve pas que ça excuse l'emploi du mot japoniaiserie, surtout que pour ma part, je trouve ça plus peut être plus impactant dans le cadre de ton utilisation, qui rabaisse une culture et des traditions qui se sont étalées sur des siècles, alors que les exemple que tu cites ne semblent rabaisser qu'une situation ponctuelle.
Je profite de ce compliment – merci chuchao – pour préciser un point
Au début on s'imagine toujours qu'après une douzaine d'années de culture d'un arbre, on entre dans une zone de confort : on l'a sauvé du choc de son prélèvement, on l'a adapté à un pot et les traumatismes liés à la structuration sont derrière soi.
Il n'en est rien.
Cet arbre comme les autres de la même période continue à me questionner si ce n'est à poser des problèmes. Il y a des jours où il me donne des sueurs froides.
Au fond, c’est inhérent à l'exercice de notre art qui consiste à maintenir un équilibre instable entre la vie et la mort d'un végétal. Oubliez quelques jours l'arrosage, et c'est la catastrophe. Un bonsaï se trouve toujours dans une posture précaire et sans votre intervention, il glissera très rapidement dans les abîmes. Tous nos arbres glissent et nous sommes là quotidiennement pour les remettre au sommet de la pente.
Ceux qui exercent la peinture, la sculpture ou la création musicale n'ont pas ce soucis. Ils décident de l'achèvement d'une œuvre et elle vit ensuite sa vie imperturbablement.
J'aime bien la métaphore du vélo pour décrire notre pratique. Arrêtez de pédaler et vous tombez.
Je ne peux que le conseiller aux membres de ce forum.
au passage cet arbre m’interpelle, il n’est pas dans les « codes » habituels et c’est peut-être pour ça qu’il plait tant !
beau boulot !
Il n'est pas dans les codes parce que c'est un arbre que j'ai formé à mes tous débuts. J'étais vierge de toute influence académique. Je n'ai de cesse de retrouver cet état qui conduit à des bonsaïs plus personnels. J'essaye de désapprendre.