Le Micocoulier de Virginie (Celtis occidentalis) aussi parfois appelé Micocoulier occidental n’est pas l’espèce qui pousse spontanément au bord du bassin méditerranéen. Ce dernier est le Micocoulier de Provence (Celtis australis). Le Micocoulier de Virginie est natif d’Amérique du Nord où il s’étend du Texas au Québec.
Pour ma part je cultive cet arbre depuis le milieu des années 1980 et je suis parti de graines récoltées au jardin botanique de Strasbourg. Il y prospérait ce qui était a priori un indice pour en faire un candidat à bonsaï.
Il m’a désespéré durant de nombreuses années, tant par la perte de branches et de ce fait une structure bizarre résultante que par ses retraits de sève surprenants.
Je le maîtrise mieux depuis une dizaine d’années, mais il a fallu beaucoup de temps pour que nous devenions copains.
Pour initier ce sujet, une vue hivernale me semble la plus appropriée pour observer la structure de cette dyade.
État de la composition le 6 avril 2023 après rempotage
De toutes les graines qui avaient germé (facilement), je n’ai réussi qu’à garder deux arbres que j’ai réunis au bout d’une dizaine d’années dans un même pot.
La composition en 1991, 7 à 8 ans après son semi.
Vue de face
Notez au passage la technique de « ligature enrobée ». Lamentable !
L’écart entre les deux arbres est trop grand. Je les ai rapprochés par la suite
L’assemblage des deux individus n’a pas été très heureux eu égard à mon inexpérience à l’époque. Une prudence excessive m’a freiné dans la taille des racines de l’arbre majeur à l’endroit du contact, si bien que l’arbre mineur semble chevaucher les racines de l’arbre principal.
Aujourd’hui il est trop tard pour réparer cette erreur tant la fusion des nebari est avancée.
La même année 91 en été
Il ne vous aura pas échappé qu’après 40 ans de culture mouvementée, ces deux arbres ont su garder des troncs minces alors qu’ils sont bien nourris et bien ramifiés. Ces formes graciles sont parfois qualifiées de « féminines » par les amateurs de stéréotypes sexistes.
Me concernant, je me contenterai de parler de légèreté, de grâce ou d’élégance, des caractéristiques qui ne sont pas le monopole du deuxième sexe. Les arbres avec ces propriétés sont tout en retenue et contrastent avec l’esthétique facile des gros troncs . J’adore la facilité, mais de temps en temps, je tiens à m’élever.
Le Micocoulier de Virginie est sensible aux gelées trop fortes ou trop longues. C’est le premier – et souvent le seul - arbre que j’abrite quand les températures restent négatives la journée. Il n’est pas rare qu’il perde quelques bouts de branchettes au sortir de l’hiver, phénomène que j’attribue au froid : une forme de retrait de sève. On les distingue sur les clichés ci-dessous
La plupart du temps c’est sans conséquences structurales. Je veux dire que cette coquetterie ne remet pas en question la construction de l’arbre comme pour le bouleau (Betula verrucosa) par exemple.
En revanche, les retraits de sève peuvent s’avérer surprenants en cas de coupe de branche. Observez ce retrait qui fait de cette branche une miraculée.
Le micocoulier étant de la famille des Ulmaceae comme les Zelkova et les ormes, je ne suis pas surpris qu’il perde des branches l’hiver, et pas totalement sur que ce soit dû au froid intense (mais sain) de l’Alsace
En tout cas, j’aime beaucoup les mouvements de troncs/branches de cette dyade, même si tu aurais pu bosser un peu plus l’enracinement (la bête noire des Ulmaceae visiblement)
Les ulmacées auraient donc tendance à perdre leurs branchettes ?
Je ne savais pas.
J’en déduis que j’ai de la chance avec mes ormes champêtres et mes Zelkova qui se tiennent tranquille de ce côté-là.
Si les températures hivernales n’y sont pour rien, quelle serait alors la cause de ces abandons ? Je sèche.
Tu es bien chanceux en effet, sur les miens j’ai toujours quelques branchettes qui sèchent pendant l’hiver. Rien de bien méchant, juste pour me rappeler qui est le maitre dans l’histoire
Je ne sais plus qui recommandait d’ailleurs de tailler les Zelkova en fin d’hiver, parce qu’il allaient de toutes façons perdre quelques branchettes et que donc, il ne servait à rien de garder des choses que l’arbre aurait sacrifié et inversement… même si ce ne sont quasiment jamais les pousses les plus fortes qui sèchent.
J’aime assez cette manière de voir les choses
L’abandon de branchettes est pour moi un mystère. La faiblesse de ces extrémités est une cause importante, mais je me suis déjà interrogé sur ce phénomène quand il s’agit de Tilleuls. Pour Tilia cordata, je suspecte la ligature comme facteur déclenchant du dessèchement de petites branches.
Mais ton vécu avec Ulmus minor et Zelkova serrata m’étonne franchement
un arbre très élégant avec beaucoup de finesse dans les courbes et ramifications.
Sur le tronc principal, au niveau de la 1ere branche de gauche, tu as egalement une autre branche qui part vers l’interieur (vers le tronc fils) que tu as conservée. J’imagine que c’est un choix réflechi de ta part de la conserver ?
D’après l’APG, les celtis sont classés désormais dans les Cannabaceae Rosales, ce qui, comme j’ai plein de Celtis sinensis, me fait plaisir quelque part…
J’ai aussi cette perte de branchettes un peu aléatoire, en plus le C. sinensis me fait deux sortes de pousses : des pousses vigoureuses à entre-nœuds longs et d’autres plus fines à entre-nœuds très courts et qui sont celles sujettes à la perte aléatoire. Je me rappelle avoir lu un article de Kindai qui indiquait que le C. sinensis fait aussi des feuilles sans bourgeons axillaire et qu’il fallait les supprimer. Dernière remarque, il fait des racines fibreuses pas toujours très dociles pour faire un beau racinaire. Par contre, il est assez facile de faire enfler la base du tronc. Cicatrise bien.
Cette branche dont le départ est quasiment à la même hauteur que la charpentière gauche ne vient pas vraiment concurrencer l’arbre secondaire. Elle revient nettement vers l’arrière de l’arbre pour donner de la profondeur à la composition. C’est encore un de ces effets photographiques qui nous enduisent d’erreur. Voir les pointillées ci-dessous
Cela est d’autant plus vrai que j’ai haubané cette branche au début du mois de juillet pour accentuer l’effet de profondeur comme on peut éventuellement l’observer sur les photos
Je partage l’opinion de lanig quand il explique que ses micocouliers cicatrisent bien. Cela mérite pourtant d’être nuancé.
Les bourrelets cicatriciel de mes Celtis occidentalis sont agréablement joufflus. Mais à quel prix !Quelle inertie ! Il faudra vous armer de patience pour arriver à fermer les coupes.
Quoique très lente, la turgescence des bourrelets est continue jusqu’à ce que la cicatrice soit refermée. À voir les lèvres on a l’impression qu’elles sont le siège d’une activité débordante à l’égal du hêtre par exemple. En réalité, elles ne progressent que très mollement.
Le volume de ces bourrelets peu même devenir esthétiquement gênant. Il faut donc se munir de la pince à creuser et y aller généreusement. Au début j’étais dans l’ignorance de cette propension à provoquer une bosse.
Salut @bonsaiphil , les mousses viennent toute seule dans tes pots, ou tu les implante ? l’intérêt pour toi n’est que visuel , ou bien cela est bénéfique pour autre chose ? car franchement, d après ce que j’en sais, peu d’intérêt sauf en expo, ou à visé esthétique . Sinon éventuellement, en été est un bon indicateur du substrat sec avec le changement de couleur .
Elles viennent toutes seules et se développent plutôt la deuxième année après un rempotage.
Dans les années 1980, je m’échinais à disperser de la poudre de mousse séchée sur le substrat pour provoquer cette mousse. Mais en ne faisant rien, les résultats étaient équivalents.
J’ai aussi essayé cette technique pour obtenir des espèces de mousses différentes, sans plus de succès.
La mousse permet de jouer un rôle de rétention d’humidité dans la partie superficielle du substrat. C’est là que ça sèche le plus vite. Les racines y prolifèrent alors moins vite.
Je trouve que ça remplace avantageusement la sphaigne du Chili que l’on dépose parfois pour viser les mêmes effets.
Ah ben non.
Au contraire, la mousse empêche de voir le changement de couleur du substrat au séchage. La mousse proprement dit ne sèche jamais chez moi. Ou alors c’est que c’est vraiment la catastrophe totale en dessous.
Je laisse la mousse et j’essaye d’en faire mon alliée. En plus c’est doux et beau. Je ne saisis pas bien pourquoi tu la combat…
Quand la mousse s’installe, il faut surveiller le pourtour du nebari et ne pas la laisser grimper sur le tronc.
Un autre avantage de la mousse c’est qu’il y a moins d’invasion de sagine ou d’oxalis et autre plantules invasives. Il est plus facile d’enlever les éventuelles pousses dont les racines n’ont pas encore percé la mousse.
Je viens de découvrir le nostoc ou crachat de lune.
J’ai la chance de ne pas en avoir sur mes substrats.
Pour le reste il est vrai que je suis vite envahi aussi et qu’en 15 jours sans rien faire la mousse gagne beaucoup de terrain.