Je sais pas si c'était mieux avant, mais natif de basse Bretagne, je me souviens de chevaux et de boeufs tirant les charrues, de vaches avec des cornes menées aux prés chaque jour, de coquelicots peupler les champs de blé, d'avoine et de seigle, et traverser la France en voiture dans les années 60, c'était nettoyer le pare-brise au moins deux fois à cause des insectes collés. Y'avait pas d'hyper marchés et faire les courses c'était le marché au bourg et dans quelques commerces dits de proximité: boulangerie, quincaillerie, grainetier, boucherie-charcuterie-triperie et l'inévitable café-restaurant-épicerie.
Le fermier d'à côté vendait son lait directement à la ferme et pas à la coopérative, tuait un cochon une fois ou deux par an dont il faisait profiter les voisins. Il vendait aussi ses oeufs, ses poulets (nourris au grain), ses lapins, du beurre baratté à la main, et sa femme entretenait un potager et une basse-cour. On lui achetait aussi les salades, carottes, haricots, patates, oignons, tomates, pommes, fraises, céleri, etc.... Il n'a jamais eu de tracteur, mais des traits bretons. Lui et sa femme vivotaient c'est vrai, avec des conditions de travail qui les ont usé.
Les Amap n'ont rien inventé en matière de circuit court.
Je me garderai bien de juger ou même d'émettre une critique sur les agriculteurs, trop de paysans dans la famille, dont deux morts L'un d'un cancer des poumons à 43 ans, pour usage de produits phyto sans protection dans les serres à fleurs, à moins que ce soit les produits répandus sur ses 350 ha dans la Brie. Sa mère est décédée à peine 2 ans plus tard, vraisemblablement des mêmes causes. Le deuxième, c'était le chou-fleur et l'artichaut, lymphome et tumeur au cerveau à 45 ans, sa femme avec un cancer du sein.
Je me souviens des révoltes paysannes lors des remembrements des années 60 et 70. Le passage de l'agriculture traditionnelle à l'agriculture intensive ne s'est pas faite sans dommages, ni sans drames, du moins dans le monde agricole breton. Ça se réglait d'abord à coups de fourche ou de fusil, avant que les CRS ne débarquent. La mort d'un monde pour qu'un autre vive.
Il n'en demeure pas moins que les pesticides font peur. A tord ou à raison? Nier leur innocuité n'est plus possible. Des agriculteurs, français et américains ont fait condamner Monsanto à cause des conséquences de l'usage de pesticides sur leur santé, des molécules interdites depuis 30 à 40 ans se trouvent encore dans les nappes phréatiques et les cours d'eau, des plages sont interdites à cause des algues vertes, des gosses sont nés malformés parce que leur mère a été exposée à des produits pourtant autorisés et vendus comme sans risque, en Guadeloupe les produits chimiques de traitement des bananiers ont pollués les sols et les nappes phréatiques pour 500 ans, des paysans se suicident criblés de dettes parce que leurs produits sont sous payés.
Souhaiter que l'agriculture change, pour que les produits soient plus sains et que les agriculteurs soient mieux payés, est ce seulement un discours de citadin naïf?
En ville c'est pas mieux, on parle même de micro-particules cancérigènes qu'on retrouve dans le placenta de femmes récemment accouchées et que dire des produits ménagers vecteur d'une pollution intérieure peut-être plus dangereuse que l'air extérieur pollué. Le métro est surchargé en particules fines et il vaut mieux ne pas être trop près des entrées de tunnels. Au 16 septembre 2019, 86 départements en alerte sécheresse avec restriction d'eau. Les dernières études concernant le changement climatique sont pas réjouissantes. Les modélisations des élévations de température dépassent les prévisions du GIEC. Bref réchauffement climatique, pollutions, surconsommation même combat.
Qu'est ce qu'on fait? On continue ou on change?