Bonjour à toutes et tous,
Je voudrais aborder le sujet des présentations en expo.
Quand je me suis mis à écrire ce texte, je me suis dit que je n’allais pas me faire des amis. Que j’allais avoir droit à des trucs du genre :
“Moi, je fais du bonsaï Français et je fais comme je veux.”
Aux adeptes de cette idée, je réponds que le bonsaï est Japonais ou en tout cas, asiatique.
Que les Japonais ont établi certaines règles ou conventions (je préfère ce mot à celui de règles) et qu’il conviendrait de les respecter.
Est-ce que Teddy Riner se présente sur le tatami en bermuda, avec un casque intégral et des combat-shoes ?
Une présentation m’en dit souvent long sur le bonsaïka.
À travers une exposition, on peut comprendre que le bonsaïka est susceptible de progresser.
Une présentation révèle souvent le côté caché de chacun par ce qu’elle est le reflet du caractère de son propriétaire.
Le bonsaï est le prolongement de soi-même, si on ne travaille pas, si on ne nettoie pas, cela révèle aussi une face de nous-mêmes et nous pousse à nous améliorer. Il en est de même pour les présentations.
Je suis toujours triste, déçu, parfois en colère quand je vois une présentation mal fichue d’un bel arbre.
Savoir présenter un arbre en expo est une finalité, un aboutissement d’un travail, même si un bonsaï n’est jamais fini, c’est aussi une démonstration de savoir. Ça peut être aussi une reconnaissance au sein d’un club par ses pairs qui ont sélectionné le bonsaï pour l’exposer.
Dans d’autres cas, c’est une marque de confiance qu’attribue l’organisateur de l’exposition en acceptant l’arbre qu’un candidat propose.
Enfin, c’est un étalage de moyens financiers, c’est là bien sûr la moins noble cause, pourtant il ne faut pas la voir de façon négative, car elle nous permet de voir de très beaux arbres et d’analyser leurs constructions. Mais une mauvaise présentation d’un arbre de haut prix est d’autant plus dommage.
Bref quelque soit ce qui nous motive à exposer, je trouve dommage de ne pas donner plus d’attention à la présentation et son esthétisme.
À mes yeux, exposer un arbre en faisant fi des règles de présentation démontre des lacunes dans notre passion commune. La transmission de ces conventions en devient impossible.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et on exprime plus facilement une chose bien comprise.
Je ne comprends pas ce dilettantisme, je me dis : “Ils ont fait le plus dur avec leurs arbres et ils bâclent la fin de leur travail.”
Même si on connaît parfaitement le fonctionnement d’un véhicule, on ne peut être un as du volant si on ne connaît pas le code de la route.
Je comprends d’autant moins ce dilettantisme quand il s’agit de “je-m’en-foutisme”, ou pire encore quand il démontre un esprit provocateur, ce manque de respect me met en rogne.
Pour moi, ces deux derniers genres de présentations devraient être retirés des expositions.
Apprendre les règles de bases de présentation est une chose bien plus passionnante qu’on pourrait le croire quand elles sont enseignées intelligemment. C’est du “bonheur” de voir ce sujet se démythifier quand cet enseignement explique la raison de ces conventions, elles ont souvent une raison logique quand elles ne sont pas tout simplement historiques.
Quand on le comprend, on se sent invité à découvrir la multitude de leurs subtilités.
Je pense qu’il est temps d’y penser parce qu’on voit de plus en plus d’inepties en expo.
C’est d’ailleurs une remarque générale, car même au Japon je constate de plus en plus de présentations bizarres. Ce qui donne une mauvaise image de ce qu’est le bonsaï aux débutants.
Ça me rend triste de voir ça.