La "face avant" d'un bonsaï : un artifice tordu?

Prétendre que le bouddhisme, ses avatars et autre confucianisme, n’auraient jamais eu d’influence sur les arts japonais, la peinture plus particulièrement, est aussi stupide qu’énoncer que l’art occidental n’aurait jamais été traversé par la religion chrétienne.

Lire:

  • Japanese Painting in The Literati Style, Yoshiho Yonezawa et Chu Yoshizawa, The Heybonsha Survey Of Japan Art N°23
  • Painting Nature for the Nation, Taki Katei and the Challenges to Sinophile Culture in Meiji Japan par Rosina Buckland
  • Silver Wind, The arts of Sakai Hôitsu Matthew P. McKelway, Yale University Press
  • l’Empire du regard, Mille ans de peinture japonaise par Maurice Coyaud, Ed. Phébus;
  • Challenging Past and Present, The Metamorphosis of Nineteen Century Japanese Art, edited by Ellen P. Conant, University of Hawai’i Press
  • Dictionary of Japanese Artists: Painting, Sculpture, Ceramics, Prints, Lacquer
    by Laurance P. Roberts
    …et j’en passe parce que je vais pas tous les citer.

Mais bon, y’a peut-être un chercheur qui trouverait que ces ouvrages sont des tissus de connerie

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Vu à la Convention de l’European Bonsaï Association 2024

Indépendamment d’un dispositif très peu intégré dans les parti-pris de l’exposition, ces panneaux articulés en paravent pourraient laisser penser que l’auteur veuille élargir la contemplation de son arbre à d’autres angles que celle de la vue depuis le couloir.

Il n’en est rien. Les parois ne sont pas des miroirs et leur largeur interdit une vision globale de l’arbre. Tout cela est pour le moins frustrant du point de vue d’une alternative au regard sur l’œuvre.

J’en retiendrais une idée à adapter pour accéder à une vision sur plusieurs angles, même symétriquement inversée.

Vu régulièrement au japon.

Pour moi les questions sont pourquoi son usage et y a t-il une symbolique.

Il y a quelques temps, cette (vieille) info en avait fait grincer plus d’un, mais, techniquement, en tokonoma, on n’expose pas de yamadori. CF livre de Mr Bauer, lumière sur le bonsaïdo.

Les yamadori sont exposés devant des paravents… Toujours selon le même ouvrage.

J’avais aussi lu que les paravents étaient (toujours ? souvent ? parfois ? classiquement ?) utilisés pour les arbres de la collection impériale…

ça dépend peut être des paravents. Les arbres de la collection Impériale sont toujours présentés avec des paravents dorés mais tous les paravents dorés ne sont pas les paravents Impériaux…

En effet, d’où mes hésitations :joy:

Affirmation inconnue de M. Hiramatsu, très surpris quand je lui en ai parlé. Probablement encore une lubie personnelle qui est ensuite considérée comme « la » norme japonaise.

La preuve du contraire est sur la page d’accueil du musée du bonsai d’Omiya.

Koji Hiramatsu a effectivement été surpris de certaines choses/affirmations qu’on nous a tenu pour normes pendant des décennies. Les Maîtres Japonais qui ont transmis à l’époque n’étaient pas ceux qui ont transmis à Koji Hiramatsu. De là à dire que certains ont tord et les autres ont forcément raison… Je ne suis qu’un modeste petit Charentais Maritime, je n’ai pas l’omniscience.

Je pense qu’interpréter en termes de « maîtres » est une erreur. Les professionnels du bonsaï au Japon sont d’abord et surtout des commerçants ou des producteurs (voire les deux) qui doivent gagner leur vie en vendant des arbres (surtout) et des formations (un peu). Le « maître », c’est surtout celui qui trouve sa clientèle.
J’ai regardé la ref de « Bonsai-dô ». Donc en fait, c’est un gars qui n’a jamais travaillé au Japon, qui a juste suivi en France les enseignements d’un Japonais dont on peut probablement deviner l’identité, et qui utilise un terme « bonsai-dô » que je n’ai jamais entendu prononcer par un Japonais. J’avoue être très dubitatif (pour utiliser un euphémisme) sur la véracité d’informations obtenues de cette manière.
L’avantage de ce que je dis, c’est que c’est vérifiable : on peut aller sur les sites de grandes pépinières japonaises et voir si oui ou non, certains des arbres exposés en tokonoma sont des yamadoris ou pas.

La joie d’avoir des certitudes.

C’est bien pour cela que je te dis d’aller vérifier toi-même : certains des arbres que l’on voit exposés dans les tokonomas de ces pépinières sont-ils des yamadoris ou pas ?

Ce n’est pas mon propos.

Ce qui a été de rigueur (ou non) il y a des décennies ne l’est peut être plus.

Je ne suis qu’un simple amateur de Bonsaï. Je me documente à la hauteur de ce que je peux dans le temps qui m’est imparti.

Un arbre, prélèvement ou pas, lorsqu’il est passé sous les mains de professionnels, Maîtres ou pas, Pépiniéristes ou pas aura t il le cachet de son origine ? Sera t il une copie d’une copie ? Dans la mouvance actuelle ? Aura t il une face ou deux ? Les arbres de la collection Impériale sont ils issus de semi, de marcottes ou prélèvements ?

Ce n’est pas mon propos.

La manière d’exposer devrait dépendre de l’origine de l’arbre ?

Donnez-moi une raison valable, une seule, de s’interdire de disposer un arbre prélevé dans une alcôve.

Donnez-moi une raison pour placer certains arbres devant des paravents dorés et d’autres arbres pas.

Pour moi, c’est la forme de l’arbre au moment de son exposition qui pourrait – éventuellement - avoir une incidence sur la manière de le montrer. Mais son histoire ? on ne voit pas pourquoi elle jouerait un rôle !

L’histoire d’un arbre fonde la relation personnelle que je nourris avec lui. Elle est du domaine de l’intime et inaccessible à l’œil. Au contraire de la forme de l’arbre, elle ne peut pas être partagée avec un public dans une exhibition.

Ceci dit, je comprendrais très bien qu’un anthropologue ou un historien de l’art s’intéresse aux questions que vous soulevez.

Concernant l utilisation des paravents et autres, on ne peut sans doute pas comprendre un choix esthétiques propre à la tradition et à la culture japonaise. C’est une raison suffisante pour s accorder la possibilité de s en affranchir. On peut aussi faire un effort important pour s imprégner de cette culture, en comprendre une bonne partie et choisir d appliquer ce qu’on a compris.

Par contre je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas chercher, au moins en partie, à partager en exposition, l’ histoire de l’ arbre et la relation que l’ on a avec. Dans l’art il n’ est pas nécessaire de se restreindre à l’ esthétique pure.

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L’histoire que vit le créateur avec son œuvre n’est pas la même que celle du spectateur.

Par ex, c’est la raison pour laquelle Soulage ne donnait pas de titre à ces œuvres.Il considérait aussi qu’une fois qu’elles étaient offertes au public elles ne lui appartenaient plus.Il voulait pas influencer l’expérience de l’autre avec celles - ci.

Je ne dis pas non plus qu’il faut s’imposer de partager ça en exposition. On peut choisir de l’ occulter comme on peut choisir de la partager. C’est un choix à faire, qui encore une fois, offre une diversité intéressante.

oui c’est comme tout, c’est un choix, une œuvre c’est une somme de choix, de décisions.

un type d’approche aussi

chacun peut faire les choix qu’il veut il a cette liberté là.

@peuceb
Comment partager son histoire avec l’arbre ?
Par du texte ?
Je crois pouvoir écrire à peu près correctement, mais jamais assez bien pour traduire tout le vécu avec un de mes arbres.
De toute manière, mon histoire avec l’arbre, c’est du domaine du privé, de l’intime comme je l’ai écris plus haut. Pour ma part j’estime qu’il faut une nette démarcation entre domaine publique et sphère privée. Une question de pudeur, peut être.