J'ai découvert cette aubépine le 25 Mars 2015 dans une zone ouverte possédant un sol très pauvre, sablonneux et bourré de galets à 20cm de profondeur : une couche d'humus quasi-inexistante ou prolifèrent les sedums sexangulaires, les sedums acres ou les superbes lichens terricoles (sans doute Cladonia rangiformis ). Au mois de mai les Orchidées (Orchis militaris) sont abondantes. Même les aubépines y ont du mal puisque j'ai pu observer qu'arrivées à taille d'homme elles végètent puis s'éteignent.
Bref j'étais en présence d'une zone de combat en plaine où l'été devient infernal. Pour le yamadoriste des régions au climat continental, c'est un paradis. Pas d'ombre, rien qui ne retienne l'eau, pas de nutriments.
Lors de mon premier passage j'ai immédiatement éliminé les branches qui me gênaient dans la lecture de "l'arbre qui est dans l'arbre". Ça me permet d'inventer le candidat bonsaï.
Voici le résultat
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Retour sur les lieux en Mai 2015 pour dégager des herbes qui poussent directement sous l'arbre. Il faut donner de la lumière en bas sous peine d'abandon des premières charpentières par l'arbre. Dans le même esprit, j'ai éliminé les jeunes pousses de cornouillers ou d'aubépines qui serraient "l'élégante" de trop près.
Autre précaution fondamentale : entourer l'arbre de bois morts bien piquant (prunellier ou aubépine) pour dissuader du piétinement aussi bien par les sangliers que par les mammifères à deux pattes.
Prises de vues de l'arbre en feuilles
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La suite s'est déroulée une fois de plus au péril de ma vie.
On est en plein décembre 2015 et ce pouvait être le moment de creuser un fossé tout autour de cette aubépine. J'avais à peine décrit un demi cercle à la pioche autour de notre arbre quand j'entends au loin des rires gras assortis d'exclamations gutturales. Le temps de ranger mes outils et de m'éloigner d'une dizaine de mètres qu'ils étaient sur moi.
Bien avant qu'ils m'aient repéré j'ai eu tout le temps de voir s'approcher les deux lascars en armes. Ils poussaient devant eu leurs bedaine proéminente. Croyez-le ou pas, dans cet espace ouvert, j'ai été obligé de toussoter un peu pour que les deux chasseurs notent ma présence. Mise en garde, sermons, menaces. C'était chaud. Quand la brutalité rencontre la délicatesse le discours est impossible. (voir ici).
J'ai achevé le cerclage le mois suivant. Le fossé a bien évidemment été rebouché.
Au printemps 2016 je supprime la grosse branche du bas qui était en opposition avec une autre charpentière et je réduis encore les branches-tuyau dans le sommet de l'arbre. J'ai répandu de l'agrosil sur la surface du sol à l'intérieur du cerclage.
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Printemps 2016
L'année 2017 a été peu productive en terme de feuillage. L'arbre marque une pause mais il se porte bien. Je ne touche à rien. La pousse reprend bien en 2018, mais je reste passif, ce qui n'empêche pas d'être contemplatif.
Le temps était venu de me poser des questions : à quoi bon augmenter ma collection d'aubépines ? L'occasion n'était-elle pas trop belle pour faire profiter un yamadoriste néophyte d'une belle expérience ? Certes, ce faisant ppdl n'a pas connu l'aventure exaltante du contact avec le chasseur primitif (un pléonasme), l'enivrement que procure en été les odeurs de serpolet aux alentours, la charge des moustiques qui infestent les lieux. Mais un jour, peut être …..