Chronique d'un prunellier : de l'invention à la culture

292454

IMG_4406.JPG
Invention (*) de l’arbre : Automne 2015

 

292456

IMG_8404.JPG
Mise en caisse de culture : Mars 2018

 

Je vous propose de décrire les circonstances atypiques du prélèvement de ce prunellier.

Je profiterai aussi de ce fil pour livrer mes observations liées à l'espèce Prunus spinosa, celles que j'ai accumulées à ce jour et celles qui émergeront avec le temps.

Je possède actuellement 3 prunelliers en culture et j'espère bien en prélever une paire d'autres.

 

(*) J'utilise dans le titre de ce fil le terme "invention" plutôt que "découverte". Cela mérite une explication.

Les grottes de Lascaux ou Chauvet ont été inventées. On invente un trésor alors qu'il existait avant sa mis à jour et cette antériorité devrait amener à faire usage du verbe "découvrir" . Mais en français le fait de trouver quelque chose de caché, d’enfoui, de révéler une chose inconnue ou maintenue secrète est une invention. C'est une bizarrerie de plus.

Et pourtant je trouve que le terme convient parfaitement à un arbre sauvage qui a du potentiel (selon l'expression consacrée).

Tant que personne n'aura posé sur lui l’œil du bonsai-ka yamadoriste il est un arbre à tout autre pareil. Le promeneur ordinaire y verra un buisson et, au mieux, pourra nommer l'espèce. Mais votre imagination, votre capacité à le projeter dans le futur en font un arbre différent, un arbre qui contient des valeurs esthétiques que vous "voyez".

A l'évidence vous avez construit quelque chose mentalement. C'est cette projection suivie de sa métamorphose en bonsaï qui est assurément une invention. Cela paraît étrange a priori parce que ce n'est pas l'arbre dans son environnement naturel qui est inventé, mais le bonsaï qui est possiblement en lui.

Pratiquer un yamadori est une invention

Le yamadoriste est donc un inventeur.

Belle invention ! Tu es un génie.

T'as laissé beaucoup de branches, non ?

C'est une marcotte ? Dans tous les cas ça fait vraiment beaucoup de bourgeons à alimenter avec, je suppose, relativement peu de racines.

Selon l’article 716 du code civil, un « trésor » découvert fortuitement (sans le rechercher) appartient à 50% au propriétaire du terrain et à 50% à l’inventeur (celui qui l’a trouvé). Ainsi, si vous trouvez vous-même, sur un terrain vous appartenant, un ensemble de monnaies ou tout autre objet archéologique, il vous revient en totalité (mais la déclaration reste obligatoire). La découverte doit nécessairement être fortuite, c'est-à-dire sans intention de trouver !

Merci pour le partage, il est magnifique.

Belle invention ! Tu es un génie.

N’exagérons pas. Tu me fais rougir. Il n'y a rien de vraiment génial : la plupart des membres de ce forum auraient certainement eu la même émotion que moi en tournant autour de cet arbre

https://youtu.be/KMj0aoLqkn8

Cette vidéo a été prise sur site en Juillet 2017

PS : pourquoi la vidéo s'affiche-t-elle parfois directement dans le message et parfois pas ?

 

Selon l’article 716 du code civil, un « trésor »...

 

Ta précision t’honore.

Mais je me plaçais moins sur le plan pénal ou administratif en invoquant l’invention. Je voulais simplement introduire un point de vocabulaire toujours dans un souci d’émancipation par rapport à la culture japonaise. « Yamadori » désigne l’action de prélever et de rapporter à la maison, mais il n’y a pas, à ma connaissance, de terme japonais qui signifierait l’imagination en marche au moment de la trouvaille.

 

T'as laissé beaucoup de branches, non ?

C’est une marcotte ?

 

Bien vu. J’ai simplement scié le haut au moment du prélèvement.

Il faut savoir que les branches qu’on voit sont remplies de centaines de boutons floraux. Je vais donc d’abord profiter du spectacle qui s’annonce et je vais réduire après la floraison. Et puis il y a une foule de possibilités pour tailler, j’ai l’embarras du choix.

« C’est une marcotte ?  »

Oui et non

En théorie tu as tout à fait raison.

Mais je ne veux pas me priver du spectacle de ces "organes"  :newsm_8: en train de s'exprimer dans une orgie. Il y en a vraiment beaucoup. Je ne veux pas rater cette partouze.

Et puis , fais moi confiance : il y a du monde dans le substrat.

292498

IMG_8397.JPG

La vidéo du message#5: (par copie du lien complet de la barre d'adresse)

 

https://www.youtube.com/watch?v=KMj0aoLqkn8&feature=youtu.be

Il est encore plus beau en vidéo , superbe trouvaille et super système racinaire qui devrait être suffisant pour alimenter cette foule de bourgeons , même si je pense que j'en aurais fait sauter la moitié pour garder un peu plus de jus pour la pousse . 

Quand j'enlève les fleurs je ne le fai pas pour les réserves, mais plutôt pour gagner du temps.

Là les fleurs sont "conçues" donc plus d'alimentation en énergie...jusqu'à fécondation/nouaison.

Si je les enlèves, c'est parce que sur ces plantes "têtu de la fleur", couper les fleurs conduit presque automatiquement à une sortie instantanée des bourgeons à feuilles. On peut donc gagner deux trois semaines de pousse sur l'année, ce qui n'est pas négligeable.

Après j'aime les fleurs aussi..;je te comprend bonsaïphil.

Son écorce

https://www.youtube.com/watch?v=1y53X7BmREM&feature=youtu.be

 

Mouai ... beaucoup trop rugueuse à mon goût , j'aurais envie de passer un coup de papier de verre de 80 à 220 pour avoir la douceur subtile d'un manche à balais , chacun ses goûts évidemment ...

 

Elle est superbe ! les P.spinosa que je rencontre n'ont pas cette écorce grumeleuse , elle n'est pas lisse non plus mais a un aspect tout autre , par contre j'ai croisé des P.amygdalus qui présentent cette même écorce , ils sont très exposés aux vents froids .

Cette écorce est un mystère pour moi, et je suis allé voir un coin envahi de prunelliers depuis au moins 40 ans (date vérifiée de l'abandon de cette ancienne pâture). Rien ne ressemble ou ne commence à ressembler à ça, même sur les plus vieux ou ceux qui sont morts.

Ce sont certainement les conditions locales plus que l'âge qui provoquent cette écorce. A t-elle un rôle protecteur contre le vent, l'ensoleillement? Est-ce l'effet de l'altitude? De périodes sèches ou chaudes?

 

Elle est superbe ! les P.spinosa que je rencontre n'ont pas cette écorce grumeleuse , elle n'est pas lisse non plus mais a un aspect tout autre ,.

 

 

...je suis allé voir un coin envahi de prunelliers....... Rien ne ressemble ou ne commence à ressembler à ça, même sur les plus vieux ou ceux qui sont morts.

Ce sont certainement les conditions locales plus que l'âge qui provoquent cette écorce. A t-elle un rôle protecteur contre le vent, l'ensoleillement? Est-ce l'effet de l'altitude? De périodes sèches ou chaudes?

 

Vous n'avez pas assez cherché :-)

On peut écarter certains facteurs à l'origine de cette écorce de l'épine noire (la bien nommée).

La protection contre le vent ne me semble pas une bonne piste. L'altitude n'y est pour rien. L'arbre décrit plus haut poussait à 200-300m d'altitude, autant dire rien.

J'ai observé des dizaines de sites (plus qu'une centaine ?) dans ma région et parmi tous ces sites je n'en connais que deux où les prunelliers développent cette superbe écorce.

Des prunelliers il y en partout et pourtant les lieux où il développe des caractéristiques intéressantes pour un bonsaï-ka sont singuliers.

  • Ensoleillement maximum : versants dirigés plein sud

  • Sols à texture rocailleuse calcaire (pierriers) et pauvresen terre et en matières organiques

  • Endroits secs

  • Environnement végétal concurrent ou même hostile (ex : clématite)

Tous ces facteurs l'empêchent de former des troncs lisses et gris aussi droits que des piquets.

Tous ceux qui habitent près des causses n'ont aucune excuse. Tous les montagnards habitués aux pierriers devraient trouver leur bonheur.

En fleurs

vidéo du jour

https://www.youtube.com/watch?v=-A0BMqRfTr0&feature=youtu.be

 

Une bien belle invention, merci du partage.

C'était l'occasion de m'essayer au montage vidéo.

Ce n'est pas vraiment abouti. Les séquences sont sans doute encore trop longues.

Mais je pense que la vidéo est plus à même de reproduire les volumes d'un arbre, surtout quand sa structure est un peu compliquée ce qui est souvent le cas du prunellier qui est très sauvage.

 

Prise isolément la fleur de Prunus spinosa ne dure pas très longtemps : elle perd ses pétales en une semaine. Mais comme les bourgeons floraux ne s'ouvrent pas en même temps, la floraison proprement s'étale sur deux semaines au moins.

Je redoute un peu le moment de la suppression des inflorescences à la nouaison. Ça va être un travail de dingue.

 

Dans la foulée je réduirai et/ou supprimerai les branches. Ce sera un choix cornélien. Je pense m'orienter vers une structure retombante.

Couic

 

Attachment 293217 not found.

 

Il y a de quoi s'amuser (surtout avec Paint).

 

En tout cas, il a intérêt à être pas mal réduit, non?

Je te remercie pour la peine que tu t'es donné à réaliser cette image virtuelle.

Pour ce qui est du volume c'est à peu près ça.

Mais la réalité est très différente et on voit bien que de simples images 2D traduisent mal la réalité du terrain.

Comme tu dis , il y a de quoi s'amuser et en premier lieu il y a les affres du "je coupe" ou "je ne coupes pas" sans compter les "je coupe où".

J'ai réalisé une petite vidéo de l'endroit névralgique où la branche qui sort du tronc se sépare.

J'en extrait deux captures pour illustrer

Il y a d'abord ce mouvement que j'aimerais garder

293229

Extrait1.JPG

Il y a ensuite ce départ "presque" à trois branches. Faut il en supprimer une ?

293228

Extrait2.JPG

Je me demande si ce n'est pas le moment de jeter par dessus bord les conventions traditionnelles qui incitent à se débarrasser de cette situation en n'autorisant que deux branches.

En observant ce prunellier tel qu'il a été prélevé et avant une taille de mise en forme, on voit bien une caractéristique de l'espèce.

Elle défie les notions de haut et de bas telles que les connaissent la très grande majorité des autres espèces.

Une branche peut se développer naturellement et sur plusieurs années du haut vers le bas et grossir sensiblement dans cette direction

Le cas 1 est symptomatique : la branche bifurque peu après l'aisselle, puis elle donne naissance à d'autres branches vers le bas (2 et 3)

 

296209

prunellier_bas1.jpg

En observant attentivement l'image, on voit que les pousses du haut vers le bas avec des départs sous les branches ne sont pas des exceptions.

Je savais qu'il y en avait, mais j'ai laissé de coté la question depuis le printemps dernier.

Il s'agit de trous de vers

Il y en a quatre

298904

PSpinosa_vers16.JPG

Le trou dans la dernière image est différent : il s'agit à l'évidence d'une attaque plus ancienne.

Pour les trois autres il n'est pas du tout impossible que la bestiole soit encore dans la place.

L'idée qu'elle puisse me ronger de l'intérieur ce bois que je trouve intéressant, m'est insupportable.

Je me tourne vers tous ceux qui ont vécu une situation similaire pour :

1/ Me donner une piste quant aux espèces de nuisibles à envisager

2/ Des conseils pour ce qui est de la conduite à tenir

 

Je poste ce message avant de mettre en application mon plan : injection à la seringue de ce produit que j'ai trouvé au fond de mes étagères. C'est un produit très fluide d'où son intérêt.

298908

IMG_0020.JPG

Je pars du principe que le produit ne pourrait avoir aucune interaction avec les parties vivantes de l'arbre.

Qu'n pensez vous ?