en fait, le niveau de lumière capté par une plante entraîne deux phénomènes majeurs. Avant tout il faut savoir que l'auxine est l'élément chimique qui permet de transférer l'information lumineuse capter par les cellules d'une plante, entre ces dernières.
Premièrement, lorsqu'une plante est éclairée non uniformément, que par exemple il n'y a qu'un coté qui est exposé à la lumière (c'est le cas lorsque l'on rentre un arbre durant l'hiver et qu'une seule de ses faces est exposée au soleil si on ne le tourne pas régulièrement), on observera une croissance orientée vers la lumière. Les branches moins éclairées auront tendance à s'allonger et à se courber pour capter la lumière. C'est aussi pour ça qu'aucune branche n'est droite dans la nature, elle est en constante mouvance pour capter la lumière.
En fait, une faible dose de lumière provoquera la migration de l'auxine vers les parties les plus sombres -> allongement et courbure de ces dernières. Une forte dose de lumière provoquera la destruction de l'auxine dans les parties éclairées et l'auxine dans les parties sombres sera toujours présente -> allongement et courbure de ces dernières.
Cela s'explique par le rétrécissement des cellules les plus éclairées pour permettre aux cellules les moins éclairées de s'allonger pour pouvoir s'orienter vers la lumière.
C'est ce que l'on constate lorsque les entre nœuds de nos arbres sont trop longs. En tout cas c'est un des facteurs qui rentre en compte à côté de l'irrigation et de la fertilisation des plantes.
Donc tu n'as pas tort quand tu dis que la lumière détruit l'auxine, à trop forte concentration. Mais il semble que l'absence de bourgeonnement s'explique par un autre phénomène lui aussi explicable par l'auxine.
Deuxièmement, dans les plantes à tendance apicale, le bourgeon terminal (l'apex) aura tendance à capter beaucoup plus de lumière que les bourgeons auxiliaire, donc il produira beaucoup plus d'auxine. Ce qui aura pour effet de permettre le développement de ce dernier et d'inhiber le développement des bourgeons auxiliaires.
Lorsque l'on pratique le pincement, donc que l'on supprime l'apex, on dit que l'on redistribue la vigueur, en fait on redistribue l'auxine dans toute la plante, donc aux bourgeons auxiliaires qui pourront alors se développer.
Donc, ce n'est pas tant la lumière qui empêche le bourgeonnement en détruisant l'auxine, c'est la prédominance de l'apex chez une plante à tendance apicale.
Quelque informations supplémentaires : une plante est polarisée, c'est-à-dire qu'elle à un "plafond" (l'apex) et un "plancher" (dominance apicale au niveau racinaire, je pense que c'est ce que l'on appel la racine pivot.
La distribution de l'auxine se fait de haut en bas, des bourgeons apicaux jusqu'aux racines en dernier.
Diverses expériences ont montré qu'en jouant avec la concentration d'auxine, on pouvait favoriser la rhizogénèse (la fabrication des racines). Une concentration optimale (aux alentours de 10 -6 mol.L-1) était bénéfique pour le développement du système racinaire de la plante mais qu'au dessus, cette auxine était toxique et en dessous, elle n'était pas très efficace.
C'est pour cela, je pense, que l'on met de l'hormone de bouturage sur les boutures, mais pas trop, pour favoriser le développer des racines.
Donc l'action conjuguée de l'hormone de bouturage, de la suppression de l'apex, et du moins long chemin qu'a à faire l'auxine du haut de la bouture vers le bas favorise la rhizogénèse.
Cela dit, il existe d'autres hormones autre que les auxines, les cytokinines qui elles favorisent le développement racinaire et en dernier le développement du bourgeon apical (cette fois ci le chemin est inverse, du bas vers le haut). Ces deux composés chimiques ont donc une action antagoniste pour permettre un bon équilibre entre racinaire et partie aérienne.
Pour conclure avec des applications que l'on fait avec nos arbres :
- lorsque les entre nœuds s'allongent : pas assez de lumière sur toute la plante, l'auxine migre vers les parties sombres et peut être détruite dans les parties trop éclairées
- lorsque l'on pince : on supprime la grosse réserve d'auxine du bourgeon apical qui va se répandre dans tout le reste de la plante et notamment dans les bourgeons auxiliaires -> bourgeonnement arrière
- lorsque l'on fait une bouture : on concentre une dose d'auxine optimale à la base de celle-ci, et en pinçant l'auxine de la plante sera plus uniformément répartie -> apparition des nouvelles racines