Ce plan de hêtre a été prélevé en 2003 sur une prairie sommitale, d’un âge estimé à 8 - 10 ans.
Régulièrement brouté par les bovins, il présentait néanmoins une dynamique intéressante.
Récupérer l’arbre n’était pas chose difficile (j’en avais l’autorisation). Poursuivre l’oeuvre de la nature et en faire un bonsaï libre et naturel était autrement épineux.
Mais j’ai relevé le défi. Pour ce faire, j’ai suivi tout au long de ces années quelques règles simples :
le laisser s’épanouir, en un mot le laisser vivre,
le laisser prendre du mouvement, sans contrainte, sans ligature,
appliquer une taille douce aux ciseaux, le prolongment de la main.
10 à 12 ans plus tard, l’arbre avait finalement bien avancé. En voici quelques photos :
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2015. Le travail d'élaboration de ce hêtre bonsaï est terminé.
Environ 40 cm de hauteur - Age estimé à 25 ans.
Reste à lui trouver une poterie et à l'entretenir.
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Pour le pot, pas de souci; je l’ai sournoisement chouravé à sa copine, une azalée.
Preuve à l’appui !
2022 - 2023. Désormais un peu à l'étroit dans son pot.
Cette poterie va retrouver son ancienne propriétaire.
A prévoir, une taille de remise en forme et d'éclaicisement.
Il semblerait que tu aies redressé ce Hêtre. Et c’est heureux
Les photos de 2015 montrent un arbre qui a été bousculé par une avalanche ou un éboulis, à la limite du déracinement
L’angle d’inclinaison du tronc a été modifié mais très peu.
Ce bonsaï est une interprétation libre du style penché - shakan pour les japonisants.
Mais que les puristes me pardonnent, je n’ai fait que suivre les mouvements de l’arbre, y compris le tronc, depuis son prélèvement.
Le style shakan est lié aux forces de la nature : vent, neige, éboulis, recherche de la lumière, arbre de pente montagneuse voire de bord de mer, comme tu le précises.
Pour cet arbre, une présentation bien pensée pourrait / devrait en tenir compte.
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Je suis désolé, LeeOw mais l’examen 3D des branches ne permet pas de créer un style balai, par ailleurs un peu curieux pour un hêtre.
En fait, je n’avais que peu d’options; j’ai donc essayé d’obtenir le maximum tout en repectant l’arbre depuis son prélèvement.
salut, je le trouve plus convainquant et émouvant dans cette position redressée qu’avant
Je trouve le pot original mais je n’ai pas le niveau pour savoir avec certitude si c’est un bon choix ou pas … Je le trouve un peu trop profond, mais je pense que sa couleur ocre-rouge va bien aller avec le vert des feuilles (complementarité des couleurs).
Niveau association arbre-pot, je ne suis pas très original, je le verrais davantage dans une coupe plate, ovale ou rectangulaire pour radeau (pour représenter un paysage de plaine), orange ou beige.
Je trouve ce redressement particulièrement judicieux. Il est respectueux du développement initial de l’arbre dans sa prairie sommitale. Les angles de départ des charpentières témoignent d’une croissance dans la position que tu as fini par adopter pour lui.
L’inclinaison précédente semblait « forcée » et donnait l’impression d’un arbre sur lequel une vache aurait trébuché.
Le pot de Heinzlreiter est superbe. L’émail usé et la couleur cassée évitent la violence des associations de couleurs complémentaires. Entre lie de vin et sang de boeuf ce pot pourrait s’en sortir aussi bien avec des feuillus que beaucoup de résineux.
Hé, ho @LeeOw … caaalme. Tu frises le crime de lèse-majesté : Horst Heizlreiter livre les plus grands noms du bonsaï étasunien (ex : Ryan Neil) et européens (ex : papy Walter Pall).
Il n’y a pas beaucoup de potiers hexagonaux qui peuvent en dire autant.
Hé bien ,tu m’en apprends là, je ne savais pas ça, et connaissais nullement ce potier avant que toto en parle ici .
Bref, faut que je jette un oeil à ce qu’il fait . Le pot choisi par toto est loin d être dégueu ; mais meilleure chaussure est trouvable pour cet arbre amha , mais ceci n’est que mon ressenti …
je partage ton avis, mais peut-être qu’un grand et brillant pro du Bonsai le trouverait top ? je me rappelle d’un pot qu’avait utilisé Olivier80 pour un pin sylvestre semi-cascade que je trouvais contestable car pas assez profond (selon moi) et en fait, lors de l’expo, un grand maitre japonais l’avait trouvé top… donc ça fait reflechir ^^
Je vais tenter quelques commentaires aux questions que vous soulevez.
Après une douzaine d’années de travail, j’ai amené ce yamadori de hêtre à un maximun de son (ses) cycles(s) de beauté (2015).
Evidemment les choix esthétiques qui furent les meins , à l’époque, peuvent être dicutés ou contestés.
Pendant 4-5 ans l’arbre s’est maintenu en l’état puis il s’est lentement dégradé : perte de la compacité, défaut de bourgeonnement par ici, branche qui sèche par là… Enfin ,une vie d’arbre et de bonsaï en somme (le cycle de beauté bascule dans l’autre sens).
J’ai donc décidé de reprendre l’arbre que j’ai redressé dans son pot, en 2 rempotages successifs, pour ajuster au mieux le pain racinaire.
Le voilà donc en 2024, fraichement rempoté.
Les travaux concernant le nouveau design prendront probablement une bonne dizaine d’années.
Le choix de la poterie n’est pas arrêté.
Ce pot, au demeurant très original, convient bien à l’arbre, lui permettant de se développer à l’aise pendant cette période de travaux. Il habillait jusqu’à présent un de mes érables japonais dont voici la photo :
Je ne suis pas sûr que la baisse de forme de ce hêtre était dû à son inclinaison. En revanche, le placer dans un volume de substrat plus confortable ne pourra jouer que dans le bon sens.
Je précise mes propos.
Les modifications de cet arbre ne sont pas liés, à priori, à une baisse de forme, une négligence ou des mauvais soins mais s’inscrivent dans le cadre logique, naturel de l’évolution d’un arbre.
Le bonsaï est un être vivant et j’aime à respecter cette dimension. Je les laisse volontiers s’exprimer en évitant de leur appliquer des contraintes « drastiques ». Inévitablement, le bonsaï s’échappe et il faut repenser le design !
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Je te dois un petit éclaircissement.
J’ouvre de nouveaux sujets que pour des bonsaï en cours de structuration ou de restructuration.
Je désire ainsi préserver l’intimité de mon jardin de bonsaï.
Mais toute règle mérite son exception :
OBJECTIFS DE L’ANNEE 1 DE LA RESTRUCTURATION : FORTIFIER L’ARBRE.
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Les travaux de l’année :
rempotage au printemps une huitaine de jours avant le débourrement,
aucune intervention sur les rameaux qui se développent (ni pincement à l’ouverture des bourgeons ni taille en vert les semaines suivantes),
Les rameaux qui se sont développés ce printemps sont laissés en place jusqu’à la fin de l’automne,
Soins habituels,
Engrais tout au long du printemps pour favoriser la croissance ; engrais de mi-août à fin octobre pour préparer l’arbre aux travaux de l’année suivante (remification),
A la fin de l’automne :
→ suppression des feuilles sèches( pour pouvoir travailler sur l’arbre correctement). Sinon, on laisse légitimement les feuilles sèches sur l’arbre tout l’hiver,
→ taille des bourgeons forts sur l’ensemble de l’arbre (les gros bourgeons terminaux) pour préparer l’arbre aux travaux de l’année suivante.
→ haubanage si nécessaire. Je n’utilise quasiment jamais la ligature, certes par philosophie, mais surtout parce que la ligature marque très prapidement et durablement l’écorce des branches.
L’année prochaine sera principalement réservée à la ramification de l’arbre. J’utiliserai, pour ce faire, la technique dite du broutage de mouton.
Voici les principes qui régissent à l’élaboration d’un hêtre en bonsaï.
Toutes les techniques que j’utilise (pincement, taille en vert, taille de séléction ou de structure, suppression de bourgeons etc. …) se déclinent à l’aune de ces principes.
Le grossissement du tronc et des branches est obtenu par la technique dite de l’abstention. Les nouvelles pousses de l’année sont laissées libres de s’exprimer et ne sont rabattues qu’à l’automne (ainsi l’arbre se fortifie mais se ramifie guère).
La ramification s’obtient par la taille précoce à l’ouverture des bourgeons et par leur sélection (ainsi l’arbre se ramifie mais aussi s’affaiblit).
C’est alternance de ces deux techniques, année après année, qui permet à l’arbre de se charpenter et de se ramifier. Le rythme de l’alternance nous est dicté par l’arbre, son état de santé et son comportement les années précédentes.
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La taille de structure (retrait important de bois) est pratiquée fin Mars plutôt l’année d’un rempotage.
La défoliation est à proscrire pour le hêtre, à l’origine d’un stress inutile pour cette espèce qui se trouve déjà, fin juin, physiologiquement en état de semi-repos. La défoliation peut avantageusement être remplacée par la technique dite du broutage de mouton,
Les haubanages au raphia, peuvent rester en place plusieurs années. Vérifier régulièrement leur efficacité et l’intégrité des écorces.