La route est longue, multiple, et infinie pour atteindre les horizons divers et variés du bonsaï.
Il n’est pas une voie inexploitable au nom de je ne sais quelle prétention à détenir une vérité qui serait unique.
L’art, le plaisir et la jouissance créative ne peuvent s’exprimer que dans la multiplicité des champs d’action à travers une liberté propre à chacun. Ainsi s’il ne devait y avoir qu’une seule voie ce serait celle du carrefour, celui qui ouvre à toutes les voies.
J’ai vu des gens travailler ensemble, des jardins improbables, les uns à côté des autres, des hommes travaillant pour lui à travers son voisin, faisant leur beurre ensemble, sans angoisse de concurrence, échangeant des clients, travaillant main dans la main.
Certains traditionnalistes, d’autres plus contemporrains, des artistes, de simples jardiniers, des amateurs, des professionnels… et tous faisaient du bonsaï.
J’ai eu la chance avec mon petit sac à dos en bandoullière, de travailler des arbres qui avaient déjà été vendus, travaillés puis revendus, retravaillés… par des individus imprimant leur patte puis délaissant le soin au suivant, sans rancune, sans animosité.
Des dragons de génévrier à perte de vue, en pleine terre, en pot, en container, sur des étagères, en partance pour la chine, la malaisie, les émirats arabes.
Je le dis comme je le pense, le marché du bonsaï en France n’existe pas. Trop de querelles de clochers, trop de questionnements absurdes, trop d’individualisme, trop d’égo, trop de raleries, de jalousies et d’incapacité à travailler main dans la main avec pour seul et unique but le plaisir de faire, de gagner sa vie, d’aimer le bonsaï sous toutes ses formes, mercantiles et artistiques.
La capacité productive asiatique est infinie, ouverte, et sans limite.
Nombre de discutions que j’ai pu avoir avec Min shuan Lo, Chen chen lian, Mr Yiu, Mr fu… n’ont eu que pour seule constatation finale que le bonsaï est un art sans limite, mouvant et transformable à volonté de générations en générations…
Un seul point commun entre nous tous la vie du végétal.
Tout le reste n’est que questionnement sans réponse. Faire et défaire, faire et défaire, faire et défaire, ainsi se meut l’art du bonsaï.
On pose une empreinte à l’instant « T », éphémère, un autre reprend derrière et en imprime la sienne.
Le bonsaï est un art de transmission.
Nous ne sommes que des passeurs de savoirs, d’échange et d’idées à travers un savoir faire qui n’appartient à personne sinon au vent, celui de l’illusoire.
Travailler un génévrier somptueux, jusque tard dansla nuit avec Mr Chen, une bière à la main, refaire le monde à travers le bonsaï, échanger ses idées, mettre les mains dedans, voilà des instants inoubliables… Ouvrons nous, un peu, et le monde sera à nous.
PS : Le kodama fera un article complet sur ce voyage au bout de la nuit à travers son blog.
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