A la recherche de mon expression propre
J’ai compris qu’on pouvait faire un arbre qualitatif soi même dans un temps pas si important en étudiant la culture. La notion de temps, le fait de prendre son temps est aussi important que, le fait de faire les choses dans leur temporalité est aussi très important, c’est une source de joies multiples et de satisfactions.Si on nous l’enlève ce n’est pas un hasard non plus.
Un bonsai doit paraitre vieux il doit pas forcément être vieux y a une nuance.c’est un art tout en nuances en subtilités.
La finalité n’est pas l’arbre que certains considèrent trop comme un objet, un avoir,un jouet, un support pour valoriser leur ego.Elle est ailleurs.
Pour moi peu importe la façon dont on procède, l’important s’est de se trouver soi même, de vivre avec les arbres, la nature, sa nature. On se trouve en partie quand on a trouvé son expression, le voyage est une façon d’aller vers soi .C’est le fait de faire qui compte, de marcher, qui induit tout comme l’état d’esprit qui sert de fil conducteur.
C’est un art qui fait grandir, car il cadre , il définit un cadre notamment par la rigueur, la constance qu’il induit, pour bien faire il faut rien lâcher.C’est deux natures qui collaborent , qui dansent ensemble.L’arbre agit plus sur vous que vous sur lui, c’est ainsi les interactions extérieures agissent sur nous
On peut identifier les arbres de certains bonsaikas car ils ont leur style, leur signature, leur expression propre. Ils se sont individualisés, le concept d’individualisation est important tout comme celui de la joie ainsi que celui de l’expérience.
Chaque œuvre est une sorte de projection de son auteur. La structure d’un arbre peut montrer la façon dont quelqu’un réfléchit.
Hervé Dora est en dépit des apparences sans doute celui qui est le plus proche de l’authenticité.Pourquoi ? car il est, il aime profondément la nature.Il connait l’importance du verbe « faire » qu’il porte en étendard pourquoi car il donne accès à l’émancipation, à l’individualisation soit à la réalisation de l’être ce qui peut être considérée comme étant la finalité d’une existence.Il a une énorme culture classique,il connait son sujet, il a beaucoup travaillé, ressenti.Il faut être pour vivre et vivre pour être.
Pour bien faire ce que l’on fait, il faut être ce que l’on fait, la prise de posture n’est pas suffisante.Y a pleins de très bons bonsaikas dont on n’entend jamais parlé , en attendant leurs arbres à eux remplissent les expos.
A l’issue de la première phase, j’avais mes repères, une expérience, un vécu, des acquis, je savais ce que j’aimai faire, ce qui me correspondait en termes de variétés. J’aime les feuillus qui ramifient, les arbres qui demandent du travail, les arbres avec lesquels on peut créer.
J’aime partir d’une idée, d’une page blanche, faire créer, l’arbre, avoir un projet, faire des choses classique, d’autres qui le sont moins. Je trouve qu’il est intéressant de varier les approches, de ne pas être que dans la répétition, la copie, la mono approche. Il faut essayer, expérimenter, diversifier, élargir sa perception.
L’instant que j’affectionne le plus c’est le moment où mon projet commence à se concrétiser, quand je peux dire ayez, c’est parfois un tout petit instant fugace. Tout comme le fait d’être juste au milieu des arbres me suffit aussi.
J’ai choisi de travailler seul à un moment car le fait d’agir seul vous oblige à tout faire, à tout décider, à être autonome, responsable. L’arbre ça sera vous, ça sera l’ensemble de vos choix, de vos instants, de vos gestes. Une œuvre c’est ça ainsi qu’une recherche, un pas, ce n’est pas une finalité en soi.
Suite aux conclusions de la phase 1, j’ai choisi de créer, de faire mes arbres à partir d’élément le plus simple, le plus jeune possible .Pourquoi ? car c’est plus difficile, plus qualitatif, car dans ce cas on invente l’arbre, on le crée, car j’éprouve autant de plaisir qu’à travailler sur un yamadori, car ça me permet de faire, d’expérimenter, c’est plus gratifiant, car j’en suis l’auteur car je pourrai signer l’œuvre, car on fait tout, car il n’est pas nécessaire d’avoir un gros arbre, car on peut faire à partir de rien , car l’important c’est le fait de faire , pas d’avoir , car ça me suffit. L’œuvre sera de moi pas d’un autre ou d’autre chose car elle va m’apprendre, me faire grandir, me donner des émotions, m’aider à vivre ,à être et à devenir.
Pour aussi démontrer qu’on peut faire à partir de pas grand-chose, que c’est accessible à tous, qu’on n’a pas besoin d’un arbre cher, trop gros avec toutes ces contraintes associées pour faire loin de là sans faut car je ne suis qu’un amateur passionné.
Faire un arbre c’est un marathon, le plus dur n’est pas de faire mais de tenir la distance. C’est très fragile, un petit rien et ….Une étape n’est pas significative ce qu’il faut c’est tenir la distance ça c’est plus difficile. La force du chemin, de l’histoire vécue avec un arbre.
Il faut aider autrui,être solidaire, lui donner des clés, pas être dans l’imposition, c’est ça l’esprit de camaraderie.
Un kazari c’est un espace, un cadre, une représentation symbolique qui rend hommage à la nature comme peuvent l’être les dessins, les peintures, les sculptures, les photos, les poèmes, les livres.
On dessine, on peint, on sculpte avec un élément, un motif végétal c’est le médium que nous employons que nous avons choisi pour faire ici dans ce repère, cette dimension là.
J’ai choisi de procéder par série, que chaque élément de la série soit différent .Pourquoi ? Pour expérimenter, essayer, chercher, avoir de la diversité pour voir ce qui marche, ce qui ne marche pas. Ensuite je peux garder ce qui me convient exclure ce qui ne me convient pas.C’est aussi faire les arbres de demain, les induire en les commençant.
A force de faire, de travailler, des automatismes s’installent, vous n’avez plus à être concentré sur ce que vous faite du coup vous pouvez penser, réfléchir à autre chose, c’est à ce moment là qu’on commence à méditer car il y a la maîtrise du geste, vous en êtes libéré. Certains arbres sont tellement élastique que peu importe si la branche soit à droite, à gauche au final il et vous trouverez toujours une solution. L’important n’est pas là.Un arbre propose toujours quelque chose il faut juste être à son écoute et non s’écouter soi.
L’arbre n’est pas une chose, un objet, c’est un être, un concept, un camarade, une nature comme nous en sommes aussi une.
L’expression, le style viennent naturellement en faisant. A un moment il suffit de s’arrêter de prendre du recul, de regarder ce que l’on a produit, ils se sont installés là sous votre nez sans que vous y fassiez attention. On se retrouve avec son soi, son expression sous le nez voilà c’est là plus besoin de chercher celle- ci, elle est là, ça veut pas dire pour autant qu’il faut s’arrêter à celle-ci pour pas s’enfermer puis car y a l’après …
Je partage ce qu’Ando dit. Je pense qu’on peut faire, vivre l’expérience avec des choses relativement simple et à moins de coût, de façon authentique . C’est aussi l’une de mes motivations.
Tout est lié sciences, arts, spiritualité.Cette pratique le démontre, on peut la voir de façon global, systémique et holistique.
J’ai eu l’occasion de discuter avec des peintres, des dessinateurs, des photographes ou des poètes qui m’ont expliqué qu’ils ressentaient ce que moi je ressens en créant un bonsai. Ceci démontre bien que c’est une voie possible parmi d’autres comme certains l’ont dit.
J’ai aussi échangé avec des bonsaikas connus ou non qui m’ont dit vivre une expérience similaire à la mienne, le fait qu’il y ait convergence est significatif c’est un aspect important en science…
L’égotisme, la starification, tous les problèmes, les difficultés issues du facteur humain ou « h » m’ont heurté jamais les arbres la nature ou autre.
Un arbre ne peut pas être moche ou insignifiant, un arbre c’est comme un être il est et rien que ça…Dire qu’un arbre est moche, insignifiant, c’est être dans une croyance, c’est porté un jugement, c’est être dans une certitude, une norme, une forme de conformisme.
J’ai construit des arbres sur des soi disant défauts qui leur ont donné leur caractère, leur personnalité aux arbres en les rendant unique.c’est l’individuation de l’arbre.
Dans l’art l’émotion a de l’importance celles qu’on ressent, celles qu’on suscite chez l’autre, bien qu’elles soient de nature différente cela démontre bien le côté fondamental de la joie, du ressenti, par conséquent l’importance de vivre cette expérience, l’importance du faire, d’être et de vivre.
J’estime qu’il est souhaitable pour soi de s’interroger sur ce qu’est réellement cette pratique, son authenticité, d’étudier ces bases, les éléments sur lesquelles elle repose, ces fondations. Il faut être vigilant au fait de ne pas dénaturer, dévoyer celle-ci. C’est un art, une philosophie qui comme d’autres peuvent faire grandir un individu.
Petite analogie, dans le milieu de la photo, on parle plus de technique, de matériel que de photographie, ça vous rappelle rien ? un influenceur influence et il faut se méfier des influences.Quand j’ai demandé conseils à un photographe expérimenté, il m’a conseillé ce petit livre, bon nombre de gens ont signalé que ce qu’il manquait souvent c’est une culture de la photographie, de son histoire. J’ai vécu la même chose dans d’autres domaines, on m’a conseillait non pas des livres technique mais des livres philosophique car c’est l’idée, l’état d’esprit……Catalogue - Creaphis
Le fait que Yasushi Onouma m’est présenté cela comme étant une philosophie a été très important pour moi, pour mon évolution.
Un bonsai c’est un graphisme, un dessin, une peinture, une photo, une ou des histoires, de la musique que l’œil peut entendre .Les notions de graphisme d’expressivité y sont capitales.
Ex d’arbre de la série n° 2