L'esprit du bonsaï : discussion sur un texte japonais

Salut à tous,

Avant d’aller plus loin dans de nouveaux ateliers que nous allons vivre ensemble ici sur PB (avec peut être vos arbres!!??), je voudrais vous proposer une réflexion à partir de texte qui révèle "l’esprit" dans lequel nous aimerions faire ces ateliers YAMA GOYA.

Voici un premier texte de Matsuo Basho:

"Vas vers le pin si tu veux apprendre au sujet du pin, vas vers le bambou si tu veux apprendre sur le bambou. Et en faisant ainsi, tu dois quitter ta préoccupation subjective avec toi-même. Sinon, tu t’imposes à l’objet et tu n’apprends rien."

Puis un texte extrait du superbe livre "fleurs et arbres" de Sakurasawa Nyoiti réédité par Joseph Somm illustré de très beaux dessins de Thierry Font:

"Le bonsaï tient à représenter un vieil arbre, seul dans la grande nature, admirable par sa tenue et ses proportions. (…) " C’est une condition indispensable. Un objet, pour être parfait, ne doit pas seulement réunir toutes les qualités matérielles, il doit encore se revêtir d’une qualité impondérable et imperceptible que l’on appelle couramment ("au Japon") le "sabi".

Le sabi est intraduisible en Français. Ce qu’on pourrait trouver de plus approchant serait la patine, mais le sabi est une qualité encore plus délicate que la patine. (…) Certaines écorces rugueuses et douces à la fois possèdent ce "sabi" naturellement, mais la plupart en sont totalement dépourvues. Un bonsaï parfait en tout points, sauf le "sabi" n’est pas présentable. (…)

(Exemple plus loin dans le texte, plus philosophique) La tête des arbres très vieux est toujours arrondie en parasol. Au contraire, celle des arbres jeunes est pointue et donne l’impression d’une ambition insatisfaite. Détestable effet! Chaque être doit être content de son sort, arbre aussi bien qu’humain. Il n’est rien de plus désagréable que voir un bonsaï non résigné qui pointe sa tête vers le ciel. C’est un manque d’équilibre, de sagesse, c’est une offense à la sagesse divine qui sait exactement ce qu’il faut à chacun. (…)

Un bonsaï parfait ne doit révéler aucun artifice,(…) comme un samouraï qui revient du combat en riant des blessures ne doit pas en parler à ceux qu’il rencontre sur le chemin, le petit arbre ne doit rien dire. Son écorce peut être rugueuse, inégale, diverse dans ses aspects, bien que revêtue toujours du "sabi", mais il ne doit porter, aucune trace de greffe ni de ligature. (…) Parce que toutes les parties de la plante concourent à une harmonie, il ne faut pas que les branches soient plus agées que les racines, ni les racines plus agées que les branches."

Voilà un texte à méditer, à lire et à relire, l’important est bien évidement le fond, pas la forme, c’est l’esprit même de ce qui est écrit là qui importe.

Je vous propose une réflexion commune sur ces textes, en toute amitié bien sûr.

A vous!

Patrice