[LBTDPB] - Les bois morts : Esprit et techniques

Deuxième sujet : Les bois morts des bonsaï sous tous leurs aspects.

On y parlera de l’esthétique (choix de forme et d’aspect), et surtout des techniques de conservation, qui sont en perpétuelle évolution.

J’espère que tout ceux qui ont de l’expérience viendront enrichir le débat, car le sujet est vaste…


Il y a deux sources d’inspiration dans l’art du bonsaï : les spécimens superbes des maîtres japonais et les arbres vénérables de la nature.

Mais le sentiment essentiel que nous désirons créer sur nos petits arbres, c’est l’âge, la maturité, la patine du temps.

La plupart des techniques utilisées en bonsaï ont pour objectif de renforcer cet aspect.

Créer du bois mort sur un arbre (ou mettre en valeur celui déjà existant) va, de façon évidente, améliorer son esthétique. Encore faut-il que cela soit cohérent avec l’arbre : le bois mort raconte une histoire de l’arbre, une expérience de son vécu.

[size="3"][color="#000080"]Jin[/color][/size] (morceau de branche morte)

[size="3"][color="#0000FF"]shari miki[/color][/size](écorçage du tronc ou branches)

[size="3"][color="#0000FF"]saba miki[/color][/size](tronc creux)

[size="3"][color="#0000FF"]uro miki[/color][/size] (trou qui traverse le tronc)

sont autant de possibilités de bois mort.

Mais on ne fait pas n’importe quel type de bois mort sur n’importe quel type d’arbre (espèce).

Voyons ce que la nature peut nous enseigner :

On va probablement s’inspirer plus facilement des arbres qui vivent dans des conditions climatiques difficiles, comme en montagne. En effet, ceux-ci exprimeront toute la dramatique de la vie en altitude.

Quelques exemples de bois morts dans la nature :

pin à crochets : Un chef d’œuvre de mère nature

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if : Quelle sculpture !

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genévrier : il y a-t-il des lutins qui ont passé du liquide à jin ?

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Mais nous pourrons trouver aussi en plaine des arbres qui auront subi des orages, tempêtes ou quelques autres outrages du temps.

Châtaignier : drôle de monstre

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Frêne : Sur le bord de l’eau au marais poitevin

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La contemplation et l’observation assidue des bois morts des arbres que la nature nous offre vont nous fournir une foule de sentiments et d’informations très utiles pour la pratique de notre passion commune.

Autre exemple d’arbre sculpté par le temps : un des mes préférés…

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Les techniques de création de bois mort :

Dans la création de bois mort, comme dans la pratique de l’art du bonsaï en général, il existe plusieurs voies pour atteindre son but.

Désirons-nous avoir un résultat évident tout de suite ou voulons-nous travailler sur la durée en collaborant avec le temps qui passe ?

Il n’y a pas une technique pour créer un bois mort, mais une association de plusieurs techniques qui, ensemble, pourront nous permettre d’obtenir le résultat souhaité.

Croire que l’on peut créer un beau bois mort sur un arbre en quelques heures est illusoire, il faut aussi prévoir l’évolution de celui-ci dans le temps.

Les techniques employées vont dépendre surtout de la qualité du bois et de l’espèce travaillée.

Si nous travaillons sur du bois dur, les travaux et techniques seront parfois différents de ceux utilisés sur du bois tendre.

On privilégiera l’utilisation d’outils à main (pinces à fendre, ciseaux à bois, couteaux, pince à jin). Toutefois, dans le cas de bois très durs (if, genévrier), on pourra utiliser des outils électriques.

Attention ! Avec ces outils électriques, on ne fera qu’un premier travail de « gros œuvre ».

Travail manuel ou mécanique, nous devons toujours travailler dans le sens des fibres du bois.

Liquide à jin ou pas :

Tout dépend de l’étape de travail où nous sommes et de la qualité du bois de l’arbre. L’utilisation du liquide à jin va stopper l’évolution du bois mort.

Pour faire un [color="#0000FF"]shari[/color]:

On tire les fibres avec une pince à jin

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On passe une brosse de nylon souple

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Et voilà le résultat:

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Pour créer un[color="#0000FF"] jin[/color]

Le futur jin avec une branche qui vient d’être coupée.

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On délimite l’écorçage avec un couteau.

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Avec une pince à fendre on tire des morceaux de fibres.

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Avec une pince à jin on tire fibre après fibre.

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On passe une petite brosse rotative dans le sens des fibres.

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Le résultat.

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N’hésitez pas à poser des questions, les amis

Patrice BONGRAND