(Première remarque ici : « Tourner autour »)
(Deuxième remarque ici. « La trahison photographique »)
Troisième remarque : « Comme une sculpture »
Sous l’injonction de livrer une face avant, l’auteur de l’arbre agit comme si son œuvre était destinée à devenir une bête de concours.
Plutôt que d’exhiber LA face avantageuse – LA « face avant » - il serait peut-être plus pertinent de photographier l’angle de vue sous lequel l’arbre est le moins séduisant ! C’est sans doute un peu utopique car on a tendance à montrer spontanément sa création sous le meilleur jour.
Entre d’une part, se valoriser et d’autre part se soumettre à la critique, source de débat et donc de progrès, il faut choisir.
Une sculpture n’a de face avant que si elle représente un sujet réputé avoir intrinsèquement un devant et un derrière. C’est le cas de la représentation d’un être humain. Le visage, c’est le devant, par définition. Une sculpture abstraite, tout comme un arbre, n’a pas de devant, à moins que l’artiste n’interdise de tourner autour par la disposition des lieux d’exposition. C’est ce qui se passe pour les bonsaïs en exposition à la queue leu-leu sur des tables.
Prenons un exemple.
Un tronc puissant, de belles charpentières… n’est ce pas ?
Le photographe de cette œuvre signée Antony Gormley a choisi un angle de vue qui devient ipso facto, pour nous, la « face avant » de la sculpture « Knot II » (2010). La sculpture proprement dite n’a pas de face avant, ici c’est sa représentation photographique qui la décrète. Pour appréhender l’opus dans son entièreté il faut être sur place.
Dans votre jardin vous pouvez – vous devez – pouvoir contempler votre œuvre sous tous les angles ou tourner le pot ad libitum pour en jouir sans entraves.