Katsura 1er de Kiwi

Petit débutant, je m’intéresse au bonsaï depuis des années, avec des expériences infructueuses, des essais, sans réels résultats probants, je lorgne souvent sur les érables, notamment les cultivars emblématiques du Japon.

Hiver 2023, jour de promotion, le marketing a raison de moi, je craque. C’est le premier « bonsaï » que je m’offre.

Katsura 1er arrive dans son colis le 17 février 2023. Stress, excitation, joie se mélangent. Le déballage commence.
Première rencontre, le coup de foudre se confirme. Un style que je n’arrive pas à définir, mais qui m’attire et me plaît. Les bourgeons de cet érable Katsura commençaient à peine à sortir. Le transport aura eu raison d’une petite branche sur une extrémité, rien de méchant. Ouf… Puis, un gros défaut me saute aux yeux, une profonde coupe à la base de l’arbre. Ce défaut, je l’avais bien identifié sur les photos avant achat. Sauf qu’en vrai, la coupe est plus profonde que ce que je m’étais imaginé. Je me dis pas de soucis, patience et techniques permettront de refermer ce trou. Une marcotte ? Oula un peu trop pour moi, laissons cette idée de côté. J’essaierai autre chose.
Je reste (très) satisfait. Je pose fièrement Katsura 1er sur ma terrasse. Exposé au soleil le matin puis à ombre le reste de la journée, il prend ses marques.

Découverte d’une spécificité des katsura, leur démarrage très précoce. Je profite de ses couleurs printanières pour lesquelles les photos ne rendent pas justice. Les premières semaines, je suis émerveillé face à ces nuances de jaune et rouge orangés chatoyants.

Très vitre, je me rends compte que le pincement est à réaliser tôt, très tôt, mais il est trop tard déjà pour le débutant que je suis. Je n’ai pas osé trop intervenir et les entre-noeuds se sont allongés… Un travail de sélection sera à effectuer cette année 2024 pour corriger cette erreur. Pourquoi cette année ? Et bien, tout seul, face à mon arbre, je n’ai pas réussi à faire les bonnes interventions au bon moment. Où couper ? Quand couper ? Est-ce le bon choix ? Quelles conséquences ? Des questions, encore des question pour au final m’abstenir. Une solution ? Un club ! Oui, mais en 2023, je n’ai pas sauté le pas.

Un point sur lequel je ne me suis pas abstenu, c’est le travail de cette grosse coupe à la base du tronc. Délicatement, à l’aide d’un couteau bien affûté, je retire l’écorce au niveau de la coupe. Une fois fait, j’applique du mastic cicatrisant en espérant que le bourrelet cicatriciel se forme et commence à un peu combler ce vide. Je verrai bien en 2024 quand je recommencerai l’opération. Mais ai-je pris une photo pour pouvoir comparer ? Zut…

En avant à présent pour une année de culture. Non sans stress, pour moi comme pour Katsura 1er. Premières vacances en juin, et bam, première vague de chaleur en mon absence ! Malgré les soins apportés par une personne de confiance, un défaut d’arrosage a eu raison du feuillage. Retour de vacances, je constate les dégâts et fais un point sur la situation. Des feuilles sont grillées sur les pourtours. Je m’approche pour regarder plus en détail. Les feuilles sous la canopée sont en bon état. Sauvé ? J’espère. Je coupe les feuilles desséchées pour laisser entrer la lumière en me disant que cela aidera au bourgeonnement de nouvelles pousses. J’arrose copieusement et reste très vigilant durant les mois d’été.

Secondes vacances début septembre, j’ai prévu un arrosage automatique au goutte-à-goutte en complément de l’arrosage par la même personne de confiance qui n’y était pour rien. S’occuper d’un bonsaï, c’est tout un art que je touche à peine du bout du doigt, alors comment blâmer une personne qui ne s’y connaît pas du tout ? Tout se passe bien. Katsura 1er a correctement récupéré.

Le temps passe et nouveau loupé pour moi : pas d’engraissement en automne. C’est pourtant la base pour les érables… Mince, mince mince ! Manque de préparation, manque de temps, d’autres soucis qui ont occupés mon cerveau à cette période ont mené à cette situation. Résultat, changement de technique pour 2024 : j’utilise des boulettes d’engrais à poser sur le substrat. Je vais donc au plus simple pour moi. Fini les sachets de thé et autres paniers à vider/nettoyer/remplir. Je règle une alarme toutes les six semaines. J’achète un stock de boulettes d’engrais japonais prêtes à poser sur le substrat. Me voilà mieux préparé pour 2024.
Pour les érables, l’engrais en boulettes, ce sera à l’automne. En attendant, pour ce printemps, je leur donne uniquement un peu d’engrais liquide doux, en même temps que mes plantes d’intérieur. C’est juste par précaution suite au manque d’engraissement de 2023. En 2025, si tout va bien, pas d’engrais au printemps. Apparemment, pour les érables, il vaut mieux privilégier l’engraissement d’automne uniquement.

En février 2024, premier rempotage, long, très long. Non seulement je fais très attention pour ne pas abîmer l’arbre, mais en plus, la motte est tellement compacte que le démêlage m’a pris presque 1h30. Une fois enlevé l’ancien substrat, riche en graviers et terre glaise, je peux enfin analyser le racinaire. Etape dont je n’ai pas pris de photo… il faut que je prenne le réflexe de prendre des photos… enfin bref c’est un autre sujet. Je vois donc un racinaire et un nébari sans prétention, mais une racine pivot bien présente. J’en profite donc pour la réduire d’environ un tiers, tailler les racines trop longues et retour dans son pot profond avec de l’akadama pure. Granulométries moyennes et fines sont mélangées. Une lecture récente m’apprend qu’il vaut mieux favoriser une granulométrie grossière pour développer le racinaire. C’est raté, on s’améliorera la prochaine fois. D’autant plus qu’il me faut lui trouver un pot qui lui convient mieux.

Suite à la lecture d’un magazine bien connu dans le monde du bonsaï, notamment un numéro reprenant les travaux à effectuer mois par mois, je découvre une technique particulière pour le pincement des érables. Alors hop, au débourrement en mars 2024, j’applique cette technique nouvelle pour moi. Avec appréhension certes, mais bon il faut bien s’y mettre à mon moment donné ! En avant pour le pincement des pousses embryonnaires. Au travers d’une autre lecture, j’apprends qu’on appelle cela « chigohazumi ». Mon cerveau n’a pas encore réussi à retenir ce nouveau terme. Un pincement ici, un pincement là, j’enlève les écailles et les pousses apicales. Tous les jours, inspection et pincement à la moindre pousse suffisamment développée. Autre lecture, post pincement celle-ci, apparemment cette technique est pour les arbres matures… bon bah on dira que Katsura 1er est un peu précoce et déjà mature !

Avril 2024, développement des feuilles, une zone présente un feuillage faible. Dû au manque d’engraissement en 2023 ? Au rempotage et à la coupe de la racine pivot ? Au coup de chaud de l’été dernier ? Un coup de froid cet hiver ? Un peu de tout à la fois peut-être.

Grande décision. C’est fini de tâtonner seul dans mon coin. Je prends enfin contact avec le club de bonsaï local ! Première journée découverte, je rencontre des gens super, sympathiques et passionnés. Prochaine séance, la défoliation en mai 2024. Cela tombe à pic ! Katsura 1er sera de la partie.

Je constate que faire ce bilan me fait prendre beaucoup de recul sur cette première année avec Katsura 1er et le chemin qu’on va parcourir ensemble. En espérant que la lecture vous plaise. :slight_smile:

j’aime bien ton cheminement

Avant toute autre remarque je vais insister sur le fait qu’il est hors de question de défolier cet arbre au cours de la saison 2024.
La première raison de ma mise en garde est liée au fait que ton érable vient d’être rempoté. Il a été dérangé au niveau des racines.
La seconde raison - et la plus importante - est liée au stade de culture de cet arbre. A mon avis tu n’en est absolument pas au stade de la recherche d’une ramification fine. C’est la structure globale de cet arbre qui devrait attirer ton attention.

Tu as choisi de conserver la structure dite en lance-pierre. Je respecte ce choix tout en pointant le fait que c’est un style difficile. (J’en sais quelque chose)
Dans cette optique il y a deux branches importantes que je chercherais à développer si cet arbre était dans ma collection. Il s’agit de A1 et A2 dans le schéma ci-dessous

Pour ce faire il faut leurs donner de la lumière. Ca tombe bien : dans le houpier du tronc vertical il y a deux départs supersymétriques. Il faudrait regleer ce problème en réduisant fortement l’un d’un ou même en en supprimant un. (oui je sais c’est dur)

Merci @Noiretna. J’ai essayé de résumer au mieux les principales réflexions et étapes de cette première année de vie commune.

@bonsaiphil, merci pour tes conseils.
Concernant la défoliation, je n’envisageais pas de défoliation complète. Toutefois, je me posais la question de l’utilité d’une défoliation sélective, surtout à cause des longs entre-noeuds développés l’année dernière. Le but étant de pouvoir revenir en arrière. Mais je dois probablement me tromper de technique. A te lire et à continuer dans ma réflexion, une taille de sélection serait plus appropriée probablement. Pour continuer dans le constat de mes erreurs (autoflagellation ?), je n’ai pas laissé de tires-sèves pour favoriser le développement de certaines branches. D’où ma motivation pour m’investir dans un club, réussir à franchir certaines barrières psychologiques et à faire ce qu’il faut quand il faut.
Sur la structure, maintenant que je te lis, la notion de lance-pierre me parle. Je verrai bien où on ira avec cet arbre. A ce stade j’apprécie son allure mais je prends note de ton avertissement sur la difficulté de ce style.
Enfin, sur les deux branches symétriques, j’ai identifié ce problème début 2024. Et en effet, je ne l’ai pas abordé dans le premier message de ce fil. Un oubli pour échapper à la pensée traumatisante de ce que cela implique ? Une voix intérieure avait commencé à me murmurer qu’il faudra probablement en couper une des deux… Ce que tu confirmes dans ton message. Etape difficile mais nécessaire. Je pourrais me consoler en faisant des boutures grâce aux parties sectionnées :thinking:

Pour éviter toute ambiguïté, à mon avis les branchettes à conserver et à chouchouter A1 et A2 sont les suivantes


katsura2