[color=red]Interview de Walter Pall[/color]
[color=gray][b]Né en 1944, Walter Pall a commencé à s’intéresser au bonsaï à l’age de 33 ans pour en faire son métier à mi-temps depuis 1990.
Walter Pall est l’un des grands artistes européens, souvent surnommé l’encyclopédie vivante du bonsaï. Excellent photographe, il écrit de nombreux articles qu’il sait agrémenter de photos superbes et participe à plusieurs forums dont Parlons Bonsai.
Il a reçu de nombreux prix à travers le monde, telle la "Crespi Cup Award" en 2000 en Italie avec son célèbre "Rocky Mountain Juniper"
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Suite au week-end de St Jean d’Angely, Walter se prête pour PB au jeu des questions, devenu un classique chez nous…[/b][/color]
Le 15 Mars 2005 par le bucheron
1) Que faites vous ? Quoi de neuf ?
Je ne suis pas bien sur de ce que vous souhaitez savoir. Bien, je profite de la vie. Je suis très actif en ce moment, bien plus que je ne l’ai jamais été, mais j’essaye de faire uniquement ce que j’aime faire. Je suis dans une situation chanceuse qui me permet de ne faire que ça. J’aime voyager à travers le monde et porter la bonne parole sur l’art du bonsai. Je fais ça 2 à 3 mois par an. Dans l’intervalle, je travaille mes arbres, je fais des prélèvements, prend des photos et écrit beaucoup sur Internet. Je me considère comme un amateur qui essaye de travailler d’une façon professionnelle. Amateur, car je ne vends que quelques arbres. Je ne gagne pas vraiment d’argent avec le bonsai mais professionnel car j’essaye de faire le mieux possible. Sinon ça ne mériterait pas d’y passer autant de temps.
2/ Depuis combien de temps pratiquez-vous le Bonsai ? et comment avez-vous attrapé le virus ?
Je fais du bonsaï depuis 1979. Jusqu’à 1990 en tant que complet amateur avec un "honnête" job et le bonsai comme sérieux hobby. Depuis 1990 je me suis plus ou moins retiré du cruel monde des affaires et je fais du bonsaï de façon professionnelle.
J’ai attrapé le virus du bonsai en 1979 en voyant une exposition de bonsai dans une grande jardinerie. Je les ai trouvé très intriguant et j’ai pensé qu’il était impossible que quelqu’un puisse créer ça. Comme faire des choses impossibles est ce qui m’intéresse le plus, j’ai réalisé que c’était là une voie à explorer.
Cela combinait beaucoup de ce que j’avais fait précédemment : un vif intérêt pour l’horticulture, les arts et faire des choses de mes mains en formant quelque chose sur une longue période de temps.
3) A part de l’argent et des femmes, qu’est-ce que l’art du bonsai vous a apporté ?
Bien, je ne vois pas pourquoi l’argent et les femmes ne devraient pas faire partie de l’attraction. En fait, ils en font bien partie. Mais ce qui me motive si c’est ce que vous demandez, ce qui me fait courir ? C’est ce merveilleux sentiment de faire quelque chose à partir de rien, d’être créatif, d’y mettre toute son âme et finalement voir cette âme dans l’arbre, sourir à un arbre pendant des années et finalement le voir un jour vous sourir en retour. Ensuite vous exposez cet arbre et d’autres voient aussi ce sourire.
4) Quels sont vos principales influences ?
Je n’ai jamais eu un maitre unique. Je n’ai jamais fait d’atelier. Mais j’ai lu à peu près tout ce qui peut-être lu sur le bonsai. Plus que le lire, je l’ai étudié. Et j’ai passé de longues heures à regarder des démonstrations et des ateliers. J’ai vu énormément d’expositions et de livres sur les bonsai et j’y ai beaucoup réfléchi. Mon influence principale est la nature. En ce qui concerne les techniques et l’art des bonsai, j’ai appris la plupart de ce que je sais dés le début dans les livres de John Naka et de Peter Adams.
5) Quelle est la chose que vous aimez par dessus tout dans cet art et quelle est la chose que vous détestez le plus dans cet art ?
Ce que j’aime le plus, c’est ce sentiment merveilleux quand un arbre me parle de façon claire et forte, qu’il ait été créé par moi ou par un autre.
Ce que je déteste le plus, ce sont la jalousie et la politique dans le bonsai.
6) Quels sont vos arbres préférés ? (dans votre collection ou parmi les chefs-d’oeuvre connus)
J’aime toutes les espèces d’arbres. Je possede et je fais plusieurs styles différents, classique, néoclassique, moderne, naturel, penjing etc. Qu’est ce que j’aime le plus ? C’est trés difficile de répondre. J’aime l’arbre qui est en face de moi, tout ce qu’il est. Mais si vous me demandez de donner le nom d’un style, je choisi le style moderne autant que le style naturel.
Concernant les espèces, Je suis un des rares professionnels qui utilise les conifères aussi bien que les feuillus. J’aime les deux et j’essaye de tirer le meilleur d’eux.
7) Que donneriez-vous pour obtenir un arbre ?
Bien, j’ai abandonné un travail bien payé pour vivre presque dans la pauvreté. Si ca répond à votre question.
8) Chez vous, combien d’arbres possédez vous ?
Honnêtement, je n’en sais rien. Un peu plus de 500 arbres. Parmi eux, environ 100 exposables, 200 en développement, 100 au tout début de leur formation et le reste que je ne devrais pas avoir car ils n’arriveront jamais à un niveau satisfaisant.
9) Etes-vous spécialisé, comme certains bonsaika célèbres, dans une espèce ou un style particulier ? Ou essayez-vous d’être éclectique, spécialement dans votre collection de shohin ?
Je pratique toutes les espèces et les styles. Toutes les espèces qui poussent bien dans mon jardin. Je forme [des arbres] de toutes tailles, depuis les très petits jusqu’aux très grands. Je possède plus de 100 shohin.
10) Votre travail vous a permis de visiter la majorité des pays européens, donc pour vous, lequel présente la meilleure philosophie bonsaï ou est le plus prometteur en terme de développement du bonsaï dans le futur ?
Je pense que l’Italie domine le monde du bonsaï européen à l’heure actuelle. [Mais] les Italiens sont très exclusivement concentrés sur le style du bonsaï moderne et les conifères. C’est un peu trop restrictif pour moi. L’Espagne possède un matériel brut exceptionnel. La France possède également en théorie un matériel remarquable. Mes observations sont que la France a une poignée d’artistes exceptionnels et un grand nombre de jeunes très prometteurs. En comparaison aux autres pays, j’ai vu beaucoup plus de jeunes motivés [par le bonsai] en France. Les Français ont également tendance à s’intéresser davantage au côté artistique qu’au côté technique du bonsaï. Ils sont très créatifs et parle esthétique la plupart du temps. Je pense que la France jouera un rôle majeur dans le bonsaï occidental dans, disons, 10 ans.
11) Etant donné que vous avez reçu un grand nombre de prix dans le monde entier, y en a t’il un dont vous êtes plus particulièrement fier ?
Et bien, il s’agit probablement de la seconde et troisième place aux Gingko Award (1997 et 1999) et la première place à la Crespi Cup en 2000.
12) Bon, finalement, quand est-ce qu’on se boit une bière tous les deux pour discuter de tout ça plus sérieusement ?
Quand vous voulez. Le week-end à St Jean d’Angely a été une introduction magnifique. Je pense que nous devrions avoir plus d’occasions de ce genre. J’apprécierais certainement de faire à nouveau quelque chose en France.
Un échantillon des arbres qu’on peut voir plus en détail sur son site :http://walter-pall.de
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