Des travaux sur Sycomore

Antonin, administrateur sur Parlons Bonsaï, m’a confié courant des années 2000 un bonsaï d’érable sycomore.
Les années suivantes m’ont permis :

  1. d’équilibrer physiologiquement l’arbre qui avait « souffert » des techniques de travail en particulier la taille des branches et le clip and grow.
  2. de l’installer dans un pot et de contrôler qu’il s’y trouve bien.
  3. de faire un compactage, non pas en ligaturant scoubidou ou taillant des branches complètes, mais en respectant les pousses faibles intérieures et en favorisant le bourgeonnement arrière.
  4. enfin d’améliorer la ramification.
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Le voici en 2016 après la feuillaison :
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                 Acer pseudoplatanus ‘Atropurpureum’
                 Erable sycomore d’environ 20-25 ans
                 Pot émaillé vert noir de Horst Heinzlreiter

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                 Détail du pot de Horst Heinzlreiter.

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Entre 2019 et 2022, l’absence de soins spécifiques et une moindre attention de ma part a fini par étioler cet arbre et je me suis résolu en 2022 à couper les branches de cime.

           Feuillaison 2023.
           Après la coupe des branches de cime, l’arbre n’a plus la même allure !
           Un peu de travail s’impose.

Les objectifs :
Reconstituer une cime digne de ce nom,
Redessiner les branches,
Améliorer la ramification.

Voici, brièvement décrites, les techniques que je vais appliquer pour refaçonner cet arbre :
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→ Les feuilles sont retirées fin Mai - début Juin favorisant l’entrée de la lumière et le bourgeonnement arrière. Les petits rameaux internes faibles sont respectés et leurs feuilles sont laissées en place.
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→ Une fois les feuilles repoussées quelques semaines plus tard, retirer à nouveau ces nouvelles feuilles mais seulement 1 sur 2.
Une lumière suffisante pénétrera à l’intérieur de l’arbre favorisant les bourgeons fraîchement éclos et les pousses faibles dont le feuillage avait été initialement respecté.
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Tout cela se pratiquant sur un arbre en bonne santé, ayant reçu de bonnes doses d’engrais au printemps et en tournant l’arbre régulièrement sur toutes ses faces.
Enfin, les travaux et les gestes doivent être mesurés et progressifs, au rythme de l’arbre et des saisons.
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N.B.
La pousse du sycomore, en nature, est spectaculaire les premières années, pouvant atteindre 0,5 mètre par an ce qui laisse augurer de la taille des entre nœuds !!
Quiconque s’est essayé à démarrer un jeune plan de sycomore a pu mesurer les dégâts. Il n’est pas rare d’avoir des entre nœuds de 8-10 cm en fin de printemps.
C’est une des raisons qui me pousse à penser qu’il faut, dès le début, travailler l’arbre dans un pot. Certes le tronc grossira moins vite mais on évitera des coupes sauvages de branches et de vilaines cicatrices.

Mais il est remarquable de constater, au bout de 15 à 20 ans, l’équilibre des forces lors de la pousse printanière. Un arbre bien travaillé, sous contrôle bienveillant de son bonsaïka, réduira naturellement la taille de ses feuilles et les entre nœuds sur l’ensemble des branches seront courts, de l’ordre de quelques millimètres.
Par contre, si l’arbre est d’une manière ou d’une autre « stimulé » (coupe intempestive de rameaux, changement dans le réglage des paramètres tel que le soleil, l’arrosage, l’engrais, l’effeuillage …etc), les entre nœuds s’allongeront de plus belle.

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Toujours aussi interessantes tes explications :+1:
Cet arbre est entre de bonnes mains :sunglasses:

Il y a longtemps, très longtemps j’avais un sycomore.
Il n’a pas fait long feu. Et j’ai jeté l’éponge. Depuis j’ai mis une croix sur l’espèce.

J’apprécie d’autant plus ce travail qui m’oblige à remettre en question un a priori
Chapeau bas toto-du-Doubs !

Merci @Clem et @bonsaiphil

Je sais bien que le sycomore a mauvaise presse chez les bonsaïka.
Et pourtant cette espèce est magnifique
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     Un érable sycomore bi-centenaire dans mon Jura d'adoption.

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Mais il faut bien l’avouer, c’est un arbre qui n’est pas simple à gérer.
Des grandes feuilles, de grands entre-noeuds, une ramification frustre, parfois des branches qui sèchent.
Cela fait près de quarante ans que je me frotte à cette espèce et à défaut de comprendre, j’apprends encore.
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En ce qui concerne l’érable de ce post, il m’est nécessaire de rebondir après la perte des branches de cime. Je vais appliquer les techniques que j’ai évoquées dans le précédent message et être patient, car le sycomore évolue lentement.
Une chance malgré tout car j’ai 2 faces avant disponibles : la face avant actuelle et la face arrière qui pourra, le cas échéant, servir de face avant. La reconstruction s’en trouve un peu facilitée.
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      La face arrière actuelle (photo 2014).

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      La face avant actuelle (photo 2014).
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Le nebari est bien plus puissant en face avant :sunglasses:

Sur la face arrière, le tronc semble avoir plus de mouvements, avec la courbe du tronc plus visible, du moins sur photo, mais vu la différence de nebari, perso je préfère la face avant actuelle.
Niveau cicatrices visibles, c’est kiff kiff

C’est un très très bel arbre, le travail réalisé est bluffant…

Je me méfie des trucs qu’on dit comme étant pas possible vu que j’en ai vu certains finalement réalisé, j’ai vu une le sevrage d’une marcotte de pin noir il n’y a pas si longtemps.

Suite à l’abandon forcé de la cime, j’ai du mal à comprendre comment tu es passé de l’arbre en 2022 (à gauche) à celui qu’on voit à droite.

A moins qu’à droite ce soit une photo plus ancienne …?
Ai-je bien lu ?
Ce n’est pas clair pour moi, car je ne crois pas trop aux miracles :grinning:
Quelques précisions supplémentaires s’imposeraient peut-être, sans vouloir te presser plus que cela

EDIT : Je viens de me rendre compte que j’avais omis de voir la date de la photo de droite dans un message ultérieur : 2014. Tout s’explique

La face avant actuelle est celle que j’ai toujours privilégiée.
Cela étant, si la reconstruction l’exige, j’utiliserais la face arrière sans hésitation, car elle a aussi beaucoup de caractère.

Merci corto35
L’arbre futur sera nécessairement un peu différent mais quoi qu’il en soit, vive le sycomore !

Tu es 2014 fois pardonné :sweat_smile:

Il est vrai que j’aime cette espèce.
Le sycomore est un défi permament et mérite bien que l’on y consacre un peu de temps.
J’avais rédigé en 2009 un petit écrit sur la prise en charge de l’érable sycomore en bonsaï.
Malheureusement le texte est peu lisible, ayant subi les affres de l’ancien forum.
En voici toutefois le lien :

https://www.parlonsbonsai.com/t/erable-sycomore/79939

Et voici notre sycomore en Mai 2024.
Il est en bonne forme.
Engrais généreux l'année dernière pour préparer l'arbre aux travaux.
Première taille de structure cet hiver.

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 Défoliation ce jour favorisant le bourgeonnement arrière.
 Les feuilles des jeunes rameaux internes sont laissées en place.
 La lumière pénètre.
 Lest's go. Les travaux ne font que de débuter.

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 Je rajoute l'autre face.
 L'une ou l'autre sera choisie comme face avant.
 Cela dépend des réponses de l'arbre à mes sollicitations.
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 Plaisir printanier.
 Successivement : genévrier, érable deshojo, hêtre; à droite érable sycomore.
 La reconstruction de la cime du sycomore se poursuit d'un pas de sénateur.
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