Après avoir réagi vivement sur ce forum au sujet de "L'interdiction des pesticides en France", je me dois de vous faire partager ma petite expérience des solutions alternatives pour traiter les maladies, éloigner les ravageurs et tenter de régler la plupart des problèmes que nous rencontrons de plus en plus fréquemment dans nos pots de fleurs et dans nos petits ou grand jardins.
Ces solutions ont l'avantages d'utiliser des plantes communes, à récolter en pleine nature, ce qui est toujours agréable, ou même facilement cultivables, pour ceux qui ont la chance d'avoir de la place.
C'est amusant à faire, sans danger pour vos plantes, et 100% bio-dégradable.
Débutant en bonsaï, mon expérience vient essentiellement de la culture d'un potager et de l'entretien de quelques arbres fruitiers .
Je dois préciser que j'habite au paradis: une petite commune rurale d'une centaine d'habitants, sur 40 km² de surface dont 90% en forêts de feuillus.
Dans cet environnement, c'est un jeu d'aller chercher le sureau, la bardane, l'ortie, la fougère aigle, de cultiver un carré de consoude...
Ce n'est pas le cas de tout le monde ici? Dommage. Vous pourrez trouver des plantes séchées dans le commerce ou des préparations toutes faites. Le mieux sera de prévoir un petit séjour maraude à la campagne au printemps.
Ce n'est pas à vous que j'apprendrai à tailler quelques rameaux ou à effeuiller un arbuste sans lui nuire. Pourtant, renseignez vous sur les plantes protégées régionalement où rares (la prêle d'hiver par exemple) et demandez des autorisations pour récolter. Peu de gens vous empêcherons de prélever des orties ou des rumex, et même vous serez souvent remerciés.
Bien sûr, une grande partie de ces plantes ne peuvent pas se récolter avant le printemps et après la fin de l'été dans la plupart des régions. Mais il est possible de les faire sécher ou de stocker certaines préparations quelques mois.
Je ne doute pas que beaucoup d'entre vous qui en ont la possibilité essayeront quelques recettes et feront partager leurs résultats.
Je commencerai par proposer une recette pour le traitement de l'oïdium, qui est un problème abordé souvent ici.
C'est une recette préventive et curative, aux effets spectaculaires après quelques traitements.
Ce n'est pas la plus simple car elle mélange deux préparations. Mais elle réunit les principes de la décoction et de l'extrait fermenté (purin).
Le principe restera le même pour toutes les préparations, seul l'ingrédient d'origine change (parfois les dosages).
Faire une décoction de racine d'ortie avec 1 kg de racines hachées à tremper pendant 24h dans 10l d'eau de pluie de préférence (ou eau du robinet aérée au moins une heure), à température ambiante. Faire ensuite chauffer à couvert 30mn à eau frémissante.
Trois points importants : la qualité de l'eau,(ni trop calcaire, ni acide), couvrir la décoction pendant qu'on chauffe et avoir bien haché les racines (j'utilise une paire de cisailles pour haie et je hache les racines dans un seau).
Cette décoction est à mélanger à une quantité égale d'extrait fermenté de feuilles de sureau noir dilué à 10%.
On l'obtient en faisant macérer 1kg de feuilles fraîches hachées dans 10l d'eau de pluie.
On la diluera à 10%, toujours dans de l'eau de qualité (pluie), au moment de l'utilisation.
(Donc 100g de feuilles fraîches fermentées dans 1 litre d'eau donneront 10 litres une fois dilués qu'on ajoute aux 10 litres de décoctions d'orties = mélange prêt pour arroser)
Pour la fermentation, utiliser un récipient plastique ou bois (pas de métal). A pratiquer dans une remise à cause de l'odeur, plus ou moins forte, qui s'en dégage après le cinquième jour environ.
Couvrir, mais pas de façon complètement étanche (deux épaisseurs croisées de toile de jute par exemple).
Plus la température est élevée, plus la fermentation est rapide. Une à deux semaines à 18-20°, plus long si la température est plus basse.
Brasser tous les jours quelques minutes (le temps de votre chanson préférée) jusqu'à l'apparition de bulles.
Arrêter la fermentation lorsque les bulles n'apparaissent plus après une minute de brassage (ne pas confondre les bulles dues au brassage, et l'écume de la fermentation).
Filtrer pour bloquer la fermentation (j'utilise un vieux bas en nylon).
Stocker.
L'extrait fermenté se conserve plusieurs mois dans des bidons plastiques bien remplis, dans un endroit frais et à l'abris de la lumière.
Les bidons doivent être propres. (Je prends des bidons de 5l d'eau déminéralisée pour fer à repasser.)
La décoction de racines quant à elle se conserve mal.
Utiliser le mélange en arrosage. Mais ce n'est pas un arrosage, l'arbre ne devant pas avoir soif (il doit avoir été arrosé la veille par exemple). L'odeur peut être forte mais ne persiste pas après 24h.
Bien sûr, pas de feuilles aux sureaux avant le printemps. On trouve dans le commerce des feuilles de sureau séchées.
En sec, réduire la dose de feuilles pour la fermentation à 10% à 20% (100g à 200g pour 10l d'eau, pas plus).
Autre recette pour l’oïdium, l'extrait fermenté de racines de rumex:
150g de racines hachées de rumex pour 10l d'eau. (même principe que plus haut,brasser quotidiennement, arrêter la fermentation quand il n'y a plus d'écume).
Employer pur, par arrosage au sol sous la couronne de l'arbre.
