Bonjour,
J'ai prélevé (après accord de l'ONF et aide d'un garde) un joli hêtre voici 8 ans. Il vient des Alpes du Sud (06) et s'est bien habitué au caisson de culture. Je l'avais laissé dans son substrat d'origine que j'ai amendé régulièrement afin de respecter sa mycorhize et ses besoins en nutriments.
Je l'ai mis en pot en automne 2011 toujours dans son substrat d'origine, afin de voir si tout se passait bien sans trop le stresser mais je rencontre quelques difficultés avec le nebari malgré la préparation progressive et les tailles racinaires partielles faites chaque année en caisson… Ce hêtre est un peu caractériel, voyez-vous ?
Caractère que j'ai respecté sur les parties aériennes car je trouvais intéressant de conserver son identité sauvage.
Ce yamadori poussait en moyenne montagne (1400m) et ses jeunes pousses étaient régulièrement boulotées par les chevreuils. Les hêtres forment alors souvent des "coussins" dans ce cas-là et se ramassent sur eux-mêmes pour se protéger des agressions récurrentes. Ils restent nains et s'étalent jusqu'à ce que le centre du "coussin" soit inaccessible aux herbivores. Ils vont alors produire à cet endroit des bourgeons apicaux et l'un (ou plusieurs) d'entre eux va (vont) vite prendre le dessus pour former un (des) arbre(s) de haut-jet en très peu de temps puisque les racines se sont développées pendant des années. Le "coussin", en manque de nourriture et de lumière, toutes deux monopolisées par le(s) haut-jet(s), va alors dépérir. À vous d'intervenir avant !
Vous avez des sujets intéressants pour le prélèvement partout où il y a cette pression des prédateurs en montagne, en particulier dans les Pyrénées, enfin dans les Alpes aussi, mais de manière plus reculée et plus haut… et donc moins accessible et je parle d'expérience ! Le jour du prélèvement, en novembre (comme j'allais redescendre mon yamadori sous un climat méditerranéen (au dessus de Nice), je voulais éviter une saison post-prélèvement trop chaude) je me suis tapé 5 heures de marche aller, de nombreuses heures de travail pour prélever l'arbre sous la pluie (moins de stress, même en automne), puis de nuit toujours sous la pluie, avec la frontale et les mains gelées (le garde de l'ONF m'avait abandonné à mon triste sort depuis longtemps et plus ça allait, plus je me demandais ce que je foutais là), une nuit sous la tente encore et toujours sous la pluie (là je me demandais plus ce que je foutais ici, tout couvert de boue, j'avais juste envie de pleurer) avant les 8 heures de marche retour dans le brouillard avec pas moins de 25 kilos de terre humide sanglés à mon sac à dos sans compter le matos, le sac de couchage et la tente (là j'ai vraiment pleuré). Même si je trouve que ça valait le coup je me referais pas une expédition comme celle-ci, du moins pas tout seul !
Si vous voyez quelque chose d'intéressant, renseignez-vous après vos balades auprès de l'ONF ou des communes. Les forêts et les pâturages estivaux où vous pouvez trouver ce que vous cherchez sont le plus souvent gérés soit par l'un soit par les autres en milieu montagnard.
Bref j'arrête les digressions et je reviens à ce hêtre…
Identité conservée donc. Il partait dans tous les sens mais je voulais voir comment tout ça allait évoluer. J'ai juste aéré l'intérieur et attendu en pinçant les jeunes pousses tous les ans à une ou deux feuilles. Il y a trois ans, on m'a offert un pot (pas très beau, mais chut… faut pas le dire). Je l'ai alors complètement sorti de son caisson pour la première fois et mis en pot comme je le disais plus haut.
Maintenant, plusieurs questions me viennent à l'esprit et c'est pour cela que je viens vers vous :
- Meilleure période de rempotage :
J'aimerais rempoter mon hêtre cet automne plutôt qu'au printemps mais comme la période de végétation et, a fortiori, celle du rempotage printanier (quand les bourgeons commencent à gonfler, à partir de mi avril) approchant, je voulais avoir votre avis. Il faut néanmoins prendre en compte que je suis désormais à Bordeaux avec un climat océanique altéré dont l'humidité correspond plutôt bien au hêtre mais ce n'est certainement pas le cas des températures estivales beaucoup trop chaudes ; bien que je l'expose à la lumière directe le plus possible avant les premières grosses chaleurs, c'est sans lumière directe du tout en juillet/août (bien que dans un coin lumineux du jardin). Je veux prendre le maximum de précautions pour le rempotage : durant l'été 2013, je l'avais laissé avec du soleil direct quelques heures par jour en plein été et il n'avait pas apprécié, les marges des feuilles avaient brûlé sur 3 à 5mm alors qu'il était dans son pot depuis plus d'un an.
D'après votre expérience, le fait que je veuille travailler le nebari et le contexte climatique ; printemps ou automne ?
- Taille des racines :
Comment faire pour former un nebari digne de ce nom ? Malgré des tailles relativement importantes du pain racinaire au profit des racines affleurantes, je n'arrive pas à les favoriser… J'avais pensé à remonter encore le bout de pivot qui reste, à enduire les racines affleurantes d'hormone de bouturage, même à faire des greffes de racines sur le collet ! Bref, je ne sais pas comment procéder…
- Substrat :
La question du substrat se pose également… Je n'ai certainement pas fait le bon choix en le conservant dans son substrat d'origine aussi longtemps (il est assez lourd), le mauvais développement du nebari est aussi lié à ça. Un mélange d'akadama et de pumice de moyenne granulométrie (3 à 5mm) avec de l'écorce de pin compostée pour la mycorhize me paraissait une bonne idée. Dois-je en plus ajouter une mycorhize artificiellement pour favoriser la reprise malgré la conservation d'un peu de substrat d'origine ? Si vous pouviez me donner votre avis et me dire (avec force détails) comment bien opérer...
- Taille du houppier :
J'aimerais vraiment conserver le développement aérien actuel sans avoir à revenir trop en arrière mais ce n'est pas forcément la chose à faire… Le problème à un moment, c'est d'arriver à prendre du recul ! En prenant les photos, je me suis rendu compte que les branches étaient très allongées et très fines. Je crois que j'ai toujours eu peur d'intervenir franchement. Les questions de reprise et de bourgeonnement arrière me préoccupent beaucoup et j'aurais préféré épaissir les branches actuelles en rabattant les jeunes rameaux à une ou deux feuilles chaque année, quitte à perdre du temps.
Dois-je effectuer la taille avant, pendant ou après le rempotage ?
Je vous joins comme je le disais en parlant de la taille du houppier quelques photos de l'état des lieux. J'ai ôté un bonne partie du feuillage marcescent pour plus de clarté et pardonnez-moi pour la qualité des photos mais je n'ai que mon téléphone.
À vos claviers et merci d'avance !
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