une actu hors du comun

c’est un olivier de quelque 1 800 ans, qui pèse 16 tonnes, mesure près de 4 mètres de haut et 7 mètres de circonférence. Il devait quitter Peñíscola, dans la province de Castellon en Espagne, lundi 25 avril en fin d’après-midi, pour être replanté, mercredi, à Royan (Charente-Maritime).

Né au temps des Romains, cet arbre finira donc sa vie dans "le paysage de Toscane", la partie dite "méditerranéenne" des Jardins du monde, un parc floral de 7,5 hectares, situé à l’est de Royan à l’emplacement d’anciens marais où avaient été déversés les gravats de cette ville après sa destruction pendant la seconde guerre mondiale.

L’initiative de ce déménagement original revient à Jean-Philippe Marcadé, directeur de ce parc floral. "Au cours d’un voyage en Espagne, à l’automne, je suis tombé, le long d’une route, sur ce monstre qui n’était plus dans son champ d’origine", raconte-t-il. Les cultivateurs espagnols sont plus soucieux de la production des olives que de l’avenir de ces arbres, admirés pour leurs troncs noueux et leur feuillage gris-vert. L’olivier n’est productif qu’entre sa huitième et sa centième année. Au-delà, il se contente d’être décoratif. Mais il occupe beaucoup de place dans l’oliveraie et les cultivateurs préfèrent l’arracher pour pouvoir planter de jeunes arbres. Les vieux végétaux sont alors "hébergés" chez des spécialistes. Ils en font un commerce qui semble lucratif.

Ce vénérable olivier vaut en effet 25 000 eu- ros. Et il en coûtera 2 000 pour le transporter. C’est en convoi exceptionnel qu’il parcourra les 800 kilomètres qui séparent son village d’origine et l’estuaire de la Gironde. Au départ et à l’arrivée, une grue de 40 tonnes sera installée pour le hisser et le décharger du véhicule. Il aura été préalablement légèrement taillé afin de diminuer sa hauteur et sa largeur. L’ascétisme naturel de cet arbre présente au moins un avantage : il vit sur sa motte de terre, ce qui réduit, si l’on peut dire, son encombrement. De plus, il consommera peu d’eau pendant le voyage.

Dès son arrivée, l’olivier, qui n’a pas encore été "baptisé", sera immédiatement replanté. Il sera alors l’incontestable doyen de ce parc, créé en 2002, ravissant ainsi facilement la vedette à un bonsaï de 1885.

Si l’état civil de ce dernier est incontestable puisqu’il est né dans un pot qui garantit sa date de naissance, celui de l’olivier est plus aléatoire. Impossible, en effet, de lui appliquer la dendrochronologie (calcul de l’âge en fonction du nombre de cernes à l’intérieur du tronc), car cela supposerait qu’il soit auparavant coupé. La seule solution est de partir de la circonférence en sachant qu’un olivier "prend" entre 40 cm et 50 cm tous les cent ans. Mais, au-delà de 400 ans, ce système d’estimation manque, paraît-il, de fiabilité.