Extrait du Journal de Saone et Loire http://archives.lejsl.com/cgi/jsl_handle?artid=/setl/20040413.JSA1474.html
Après des dégâts aux États-Unis et au Canada
Repéré à Gien, un coléoptère asiatique menace nos forêts
Aux États-Unis, 8.000 arbres ont dû être abattus. A Gien, une équipe d’étudiants dijonnais a détecté la présence d’un coléoptère qui ne connaît pas de prédateur naturel sous nos latitudes.
Neuf centimètres de long, cinq pour les larves, un corps vernissé noir tacheté de blanc ou de beige : c’est ainsi que se présentent anoplophora chinensis et anoplophora glabripennis, deux espèces de capricorne répandus en Asie et notamment en Chine où ils prolifèrent de préférence dans les bois tendres, de type érables, peupliers, pommiers, poiriers, hêtres, platanes.
Jusqu’ici, ce coléoptère était inconnu sous nos latitudes mais les échanges mondiaux se généralisant, ce petit insecte s’est trouvé importé sous d’autres cieux comme les États-Unis et le Canada où lui et ses congénères ont fait des dégâts considérables.
En France, l’une de ces espèces a été repérée par hasard, en mai dernier, par des étudiants dijonnais qui avaient entrepris une recherche de coléoptères à Gien (Loiret). Ayant mis la main sur ce longicorne, ils en ont rapporté un exemplaire à Dijon qu’ils ont montré à Mme Prost, entomologiste au muséum et membre de l’union des entomologistes français. Pour la scientifique dijonnaise, le doute n’était pas permis : cette espèce était inconnue sous nos latitudes.
Le sujet a donc été aussitôt envoyé à l’INRA de Montpellier qui a confirmé ce que Mme Prost suspectait. Il s’agissait bien d’un anoplophora, vraisemblablement arrivé en France par l’un des canaux connus : soit les bonsaïs, car les larves y nichent ou des palettes de bois tendres servant au transport de matériaux lourds en provenance d’Asie, de Chine notamment. Les larves, une fois pondues par les adultes, vivent dans le bois ou les troncs des arbres, ils y puisent leur nourriture. entraînant des dégâts considérables. Leur temps de vie est de deux ans, suffisamment en tout cas pour avoir raison de leur hôte. La prolifération peut être très importante, comme cela s’est passé aux États-Unis et au Canada.
Sitôt le danger potentiel identifié, les forestiers, premiers concernés ont sollicité l’avis d’entomologistes. Le 28 mai dernier, le ministère de l’Agriculture faisait paraître un arrêté destiné à engager la lutte contre l’indésirable Et à Dijon, le 3 avril dernier, une réunion mise en place au muséum à l’initiative de l’association « Forestiers du monde », pilotée par M. Cabassy et par Mme Prost, a permis de sensibiliser des publics susceptibles d’identifier l’insecte - randonneurs, animateurs, forestiers publics et privés. Mme Prost l’a rappelé : « La vigilance s’impose car si l’insecte a été identifié à Gien, il n’est pas exclu qu’il soit présent ailleurs, peut-être même dans notre région, et n’ait pas encore été repéré, tout comme on ignore aussi depuis combien de temps il se trouvait dans la région de Gien ».
Une seule solution existe, pour l’instant : abattre l’arbre envahi et le brûler car, autre donnée non négligeable : si, en Asie, ce type de coléoptère dispose d’un prédateur naturel qui permet de limiter les dégâts, ce n’est pas le cas en France, ni en Europe. Les difficultés de lutte font donc craindre un risque important de dissémination sur le territoire national. D’où l’importance de sensibiliser le plus de monde possible.
« Tout propriétaire ou exploitant, y compris les collectivités locales, est tenu, en cas de présence ou de suspicion de cet insecte, d’en faire la déclaration auprès de la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt de la région concernée.»
Déceler l’anoplophora
La présence d’anoplophora est décelable par l’apparition de trous assez gros (8 à 11 cm), circulaires, dans les troncs et les branches d’arbres. Ces incisions de ponte sont creusées à l’aide des mandibules. Puis, les larves, jeunes ou moins jeunes, rejettent de la sciure hors de la galerie, à la base de l’arbre ou à l’aisselle des branches. La larve peut vivre jusqu’à deux ans, c’est elle qui fait des dégâts en creusant des galeries. L’adulte vit deux ou trois mois, s’accouple, pond et disparaît. Il est donc utile de détecter très tôt la présence des larves ou des adultes. Ces derniers sont aisément identifiables car ils sont les seuls de leur espèce, sous nos latitudes, à présenter ces caractéristiques : noirs tachetés de blanc ou beige. Si vous en découvrez un, apportez-le à l’un des contacts sous-mentionnés. Si, par ailleurs, vous possédez un bonsaï et que vous remarquez un trou dans le tronc, contactez aussi l’un de ces services qui pourront rechercher la provenance de l’importation.
« Forestiers du monde »,
M. Cabassy
tél. 03.80.45.82.99
muséum, Mme Prost
tél. 03.80.76.82.76
LNPV, unité d’entomologie, ENSAM-INRA Zoologie, 2 place Viala, 34060 Montpellier. APV à Beaune.