Changement de substrat

Bonjour,

voilà quelques temps que je me demande comment m'y prendre pour changer le type de substrat de mes protégés.

Indépendemment de l’époque idéale, je parle plutôt de la manière de m’y prendre, car passer d’un substrat terreau sable (comme dans l’ancien temps :spb110:  ) à du substrat drainant, voir très drainant et neutre sans réserve de nouriture, des précautions doivent sans doute être prises pour assurer la survie des arbres.

Faut-il conserver une partie de l’anciens substrat? Peut-on sans vergogne démèler le pain racinaire pour tout éliminer de l’ancien substrat (le pain étant tellement compact qu’à chaque rempotage de mes feuillus, je laisse une boule de terreau/racines sous le tronc).

A votre bon coeur les spécialistes :spb52:

Bonjour Philb58 

 

pas précisément spécialiste mais je pense pouvoir te répondre:

 

2 solutions qui peuvent se complémenter: 

soit tu "perce" de nombreux  trous dans l'ancien substrat compact ,à l'aide d'une baguette et ensuite tu remplis les trous avec du substrat moderne  

 

tu peux également découper des" part de gâteaux " chaque rempotage et ainsi renouveler le substrat sur plusieurs années .

 

ces méthodes sont indiquées dans" les bases du bonsaï " du regretté M. Sacal 

 

il me semble que pour des feuillus qui ne soient pas d'un age  vénérable tu peux tout changer en un rempotage comme je l'ai fais .

Faut-il conserver une partie de l'anciens substrat? Peut-on sans vergogne démèler le pain racinaire pour tout éliminer de l'ancien substrat (le pain étant tellement compact qu'à chaque rempotage de mes feuillus, je laisse une boule de terreau/racines sous le tronc).

  :spb52:

Tu peux "sans vergogne" éliminer l'intégralité de l'ancien substrat par du nouveau plus drainant au printemps prochain.

Ce sera d’ailleurs l’occasion de revenir sur la partie sous le tronc où tu as conservé année après année à la fois une terre compacte et des racines anarchiques. Éliminer quelques racines bien choisies à cet endroit donnera de la place près du tronc pour le nouveau substrat

Tu sera sans doute amené à nettoyer au jet le vieux substrat à cet endroit, tellement les racines y seront denses.

 

Le perçage de puits à la baguette est un pis-aller que je te déconseille.

Si l'espèce s'y prête et si l'arbre est bien vigoureux, tu peux éventuellement procéder (toujours au printemps) à la méthode des parts de gâteau. Le problème avec cette méthode c'est qu'elle est aveugle contrairement au peignage des racines sur le pourtour et leur réduction sur le même pourtour.

Je ne la pratique qu'une fois tous les 10 ans.

Salut a toi Bonsaiphil

Peut tu m’expliquer pourquoi le perçage de puit est un pis-aller?

Je ne l’ai jamais pratiqué mais je l’ai vu conseiller souvent sur le forum.

Merci pour vos réponses :spb105:

Je peux donc éliminer tout l’ancien substrat et revenir « racine nues » sans risque?

Dois-je réduire la ramure en parallèle pour réduire les risque de déséquilibre racines/feuillage ou bien je laisse tout (hors mis la taille d'entretien qui élimine les branches inadéquates)? Je sais que l'arbre fait des réserves dans ses branches, ça lui permet de supporter l'hiver et redémarer au printemps, mais qu'en est-il si on coupe de manière importante dans les racines??

Peut tu m'expliquer pourquoi le perçage de puit est un pis-aller?

Je ne l’ai jamais pratiqué mais je l’ai vu conseiller souvent sur le forum.

Dans le schéma ci-contre on montre ce qui se passe après avoir creusé des puits dans un ancien substrat inadapté (trop dense, trop vieux etc...)

248795

puits.jpg

En rouge : une zone où l’ancien substrat, dejà trop dense, est comprimé par

1/ l’introduction en force de la baguette

2/ la rotation de la baguette pour élargir le puit .

La zone rouge devient quelque chose proche du béton.

En pratiquant le creusement, inutile de dire que des racines sont comprimées, blessées voire sectionnées.

La zone « bétonnée » devient d’autant plus difficile à être colonisée par les racines qui lui sont extérieures.

L’eau d’arrosage s’écoulera préférentiellement par les puits en laissant l’ancien substrat sous-irrigué.

Soit un pot de 30x20x5cm c’est à dire 3000cm-cube

le diamètre d’une baguette chinoise est 0,5cm. Son volume enfoui sera donc (0,5/2)^2 x pi x 5cm soit 0,9817 cm-cube.

En tournant la baguette pour élargir un peu le trou on peut arriver à, disons, 1,5cm-cube.

On creuse 10 trous. d’où un volume de puits de 15cm-cube soit 0,5% du volume de la terre.

vous pouvez creuser 20 puits dans ce même pot, vous n’arriverez qu’à 1% de terre drainante en ayant doublé le nombre de racines perturbées.

 

Comment dit-on en anglais ? "very poor technic"

ça c'est de la science :spb107:

du même avis que Bonsaiphil je remplacerai l'ancien substrat par quelque chose de très drainant sauf pour certaine espèces comme le chêne ou les pins ou je rajoute un peu de l'ancien substrat si il y a du mycelium

Merci Bonsaiphil pour ton explication,c’est logique…!

Cela m’étonne encore plus maintenant que cette technique soit proposée régulièrement!?!

Teste la et tu comprendras pourquoi :wink:

Salut a toi Antonin

Je test cette technique depuis fin octobre sur un arbre que j’ai récupéré.

Teste la et tu comprendras pourquoi ;)

Quand j'ai commencé à m'intéresser aux bonsaïs au début des années 80, mon ouvrage de référence était : " The Japanese Art of Miniature Trees and Landscapes" de Yuji Yoshimura et G.M. Halforf (édition de 1979). Je l'ai fait venir des USA sur les conseils d'un ami.

Dans le chapitre des substrats aucune référence à l’Akadama, à la pierre ponce ou autre Pouzzolane. On y lisait qu’il fallait chercher dans son entourage des terres argileuses non poudreuses. C’est ce que j’ai fait et je me rappelle avoir utilisé le four de la cuisinière durant des heures pour sécher mille et une terre prélevées chacune à 50cm de profondeur tel qu’il était préconisé.

 

 

Ce qui devait arriver arriva. Plus d'une fois, au mois de juillet ou d’août suivant un rempotage, l'eau ne trouvait plus son chemin à travers une terre qui s'était délitée. C'était bouché. Je me rappelle que j'avais alors recours à ce qui tombait sous le sens instinctivement : creuser des trous avec des baguettes.

C’était fastidieux et comme le montre la suite, inutile

J'ai ensuite essayé de surveiller attentivement l'humidité du pain racinaire et, le cas échéant, de bassiner avec précaution et parcimonie les arbres en train d'étouffer en attendant le printemps pour un nouvel rempotage.

C’est à cette période que je me suis rendu compte que la méthode des puits, que j’ai pratiquée durant près d’une décennie, n’avait aucun avantage par rapport à une surveillance raisonnée de l’humidité. Il faut parfois du temps pour comprendre. Je vous parle d’une époque où les amateurs n’étaient pas légion, où la pierre ponce était juste bonne à se frotter dans le bain, où le premier magasin vendant des pots était à 150km (Heidelberg).

Bref , j’avais compris que la méthode des puits de drainage , en plus d’être intrusive était en plus risquée parce qu’on n’était jamais sûr que la motte était humide de manière homogène.

Il a fallu attendre les année 1990 pour que j’achète mes premiers sacs d’Akadama, de sable de quartz calibré et lavé et le début des années 2000 pour que je mette plus de soin à dépoussiérer et tamiser correctement et systématiquement mes substrats.

Tout cela pour dire que mes arbres des années 80 ont survécu à mes errements de débutant parce que j'ai préféré dans ce cas une méthode douce et réfléchie à celle de la perforation du substrat à la force du poignet.

Les puits de drainage ne constituent pas un danger majeur de blessures aux racines, leur seul avantage est de donner bonne conscience au bonsai-ka qui les pratique et, pire, à ceux qui les conseillent.

En gros, selon toi (je tutoie sur les forums, c’est plus convivial…), les trous ne servent à rien mais ne sont pas forcément mauvais pour autant. Sauf s’il y a compression mais ça, dur à vérifier…

La solution quand on a un substrat compact est de surveiller l’humidité et de donner des bains modérés quand c’est nécessaire (donc pas d’arrosage classique ?) en attendant un rempotage au printemps.

Pour les bains c’est l’eau par dessus le pot ou toujours en dessous?

Effectivement , au mieux, les puits ne servent à rien

Il faut faire attention avec le bassinage. Toujours par en dessous.

De pllus il faut veiller à ce que le niveau d'eau du bain n'arrive qu'à , disons, un tiers de la hauteur du substrat.

Ensuite il faut laisser le le temps au substrat de pomper, d'absorber par capillarité l'eau du bain.

Quand la surface de la terre, précédemment sèche, est devenue humide, on peut sortir l'arbre du bain

 

C'est ce que j’appelle plus haut "surveillance raisonnée de l'humidité", entre autre.

Il y a méprise avec le terme bassinage, en horticulture il désigne un arrosage très léger en pluie fine de sorte que l’on mouille les feuilles sans détremper le sol et en rien le fait de faire un bain à une plante dans une bassine! Je réserve ce traitement aux plantes qui ont eu un gros coup se soif en les immergeants totalement partie aérienne comprise. Prendre habitude d’arroser par « trempage » est pour moi illogique. Comment s’effectuerai le lessivage complet du substrat si l’eau s’infiltre du bas vers le haut? Je suis également partisan des puits dans les substrats qui ne prennent plus l’eau correctement, en attendant un vrai rempotage dans du drainant.

Bien vu Shrub !!

Bassiner c’est arroser finement voire pulvériser !!

Il y a méprise avec le terme bassinage, en horticulture il désigne un arrosage très léger en pluie fine de sorte que l'on mouille les feuilles sans détremper le sol et en rien le fait de faire un bain à une plante dans une bassine! Je réserve ce traitement aux plantes qui ont eu un gros coup se soif en les immergeants totalement partie aérienne comprise. Prendre habitude d'arroser par "trempage" est pour moi illogique. Comment s'effectuerai le lessivage complet du substrat si l'eau s'infiltre du bas vers le haut? Je suis également partisan des puits dans les substrats qui ne prennent plus l'eau correctement, en attendant un vrai rempotage dans du drainant.

Salut! Exact, en lisant le forum cet après-midi je me suis rendu compte de cette méprise de ma part. Ce terme peut porter à confusion pour le néophyte que je suis...

L’arrosage par trempage, je le fais par période de forte chaleur, depuis des années, une fois par semaine, dans de l’eau à température ambiante…

C’est courant au Japon, il faut juste éviter que l’eau ne dépasse du rebord de la coupe.

Cela chasse l’air complètement et permet un remplacement de ce dernier et favorise les échanges gazeux…

bassinage.... en horticulture il désigne un arrosage très léger en pluie fine ...

....Comment s'effectuerai le lessivage complet du substrat si l'eau s'infiltre du bas vers le haut?

Bassinage : Merci d'avoir rectifié mon imprécision. Je suis vraiment nul sur ce coup. Ma langue maternelle me fait faire de fautes de vocabulaire, parfois. :-)

 

Lessivage : A l'évidence, il ne peut y avoir de lessivage avec un bain . Et c'est bien pour cela que cette méthode ne peut être qu'un pis aller durant l'hiver, le temps d'attendre le rempotage printanier. Mais elle garantit une humidification homogène d'un substrat compacté. Cette humidification homogène est plus aléatoire avec la méthode des puits que j'ai utilisée bien trop longtemps.

Il n’y a pas de quoi bonsaiphil :wink:

Quand tu parles de phénomène de bétonnage du substrat lors de la réalisation des puits, cela concernait-il des substrats à base de terre franche avec une possible forte proportion d’argile (mélanges old school)? Avec des mélanges avec une forte part de « terreau de jardinerie » je n’ai pas vu ce phénomène.

Dans le texte de mon message j'ai mis "bétonné" entre guillemets, sur le schéma je parle de zone de compression ce qui est plus réaliste.

 

Ceci dit quel que soit le substrat, le fait d'écarter de la terre entraine forcément cette compression. La masse de substrat reste la même et il occupe un peu moins de volume. C'est mathématique.

Quoiqu'il en soit, après avoir comparé le comportement des arbres ayant subi la méthode intrusive des puits avec ceux qui en sont restés indemne, je n'ai pas constaté de différence. Les deux souffrent et il faut croiser les doigts jusqu'au printemps en faisant au mieux (voir ici).

Mon explication est bien sûr postérieure à mes observations....