La Direction de l’arbre : Equilibre et Dynamisme
C’est une notion pas toujours bien comprise et pourtant déterminante dans la construction d’un arbre. En effet, la direction prévaut lorsqu’il faut positionner l’arbre dans son pot, légèrement décalé par rapport au centre, si le style de l’arbre s’y prête. En exposition, cette direction est primordiale pour bien placer l’arbre sur sa tablette, à droite ou à gauche de l’espace figurant une longueur de tatamis, puis positionner la plante d’accompagnement par rapport à l’arbre.
En outre, la direction de l’arbre favorise sa lecture, permettant au regard de comprendre sa construction dans les trois dimensions et de saisir son dynamisme ou au contraire sa placidité dans la cas d’un arbre vénérable.
Dans la tradition occidentale, toute représentation picturale est traversée de lignes de force et de directions. La décomposition d’un tableau de la Renaissance italienne renvoie à un ensemble de lignes directrices chargées de mettre en exergue le sujet principal.
En l’absence d’éléments perspectifs, la composition géométrique très savante, fait intervenir différents subterfuges destinés à permettre au regard d’être dirigé immédiatement vers le point focal de la toile, puis de découvrir par ces lignes directives les éléments du tableau par ordre d’importance des sujets et selon leur symbolique. L’ensemble de la construction doit refléter l’équilibre.
Dans la tradition chinoise et japonaise, il en va de même, à cette différence près que le format est systématiquement plus haut que large. L’écriture d’idéogrammes se faisant de bas en haut, le kakejiku en est naturellement fortement imprégné, l’image représentée en conservant le principe de support. Le point focal est généralement proche de l’axe vertical passant par le centre de la peinture. S’il est décalé, un espace vide prenant autant d’importance que l’espace plein, vient équilibrer l’ensemble.
La construction d’un bonsaï, parce qu’il est destiné à être vu sur une face, comme une image en deux dimensions, obéit à des règles proches, si on veut que l’arbre présenté au regard puisse évoquer la majesté, la dramaturgie d’un arbre ayant subi les affres du temps ou au contraire la légèreté d’un style lettré ou d’un érable à la fine ramification.
John Yoshio Naka dans ses ouvrages "Techniques du Bonsaï" tome 1 et 2, "John Naka’s
Sketchbook" y exprime tous les principe directifs et équilibrant nécessaires à construire un bel arbre.
Faite de dynamisme ou de stabilité, cette construction répond aux principes généraux déjà définis dans un projet. Ainsi la position de la cime, la longueur ou l’inclinaison d’une branche sont des éléments qui permettront au visiteur de comprendre ce que l’amateur aura voulu exprimer : force, puissance, élégance, mouvement
Michel Bernard | Octobre 2016 | La Direction de l’arbre : Equilibre et dynamisme |