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Formation et ramification du frène d’Europe (Fraxinus Exelsior)

Article réalisé à partir de l’expérience de Pascal37, membre et administrateur du Forum ParlonsBonsaï

1) Rappel sur la structure des branches du frêne

Les feuilles du frêne sont composées de plusieurs folioles (de 7 à 11).

Elles sont en structure opposée sur la branche et leur disposition est en règle générale ce que nous appellerons alternée.

A la base de chacune des feuilles, on trouve un bourgeon. Au sommet de la branche un bourgeon terminal ou apical est épaulé par deux bourgeons. Les petites folioles à la base des jeunes branches donnent également des bourgeons.

Si l’on observe une branche horizontale par rapport au tronc, on remarquera du fait de l’alternance des paires de feuilles (cf figure A) :

- des bourgeons "verticaux" (qui partent au dessus et en dessous de la branche),
- des bourgeons "horizontaux" (qui partent vers la droite et vers la gauche de la branche).

La disposition des ces bourgeons est très importante pour le travail du frêne.



2) Formation de branches et ramification

Pour travailler correctement un frêne, celui-ci doit être en parfaite santé pour répondre au mieux à nos interventions.

Un arbre malade ou peu engraissé la saison précédente ne donnera pas forcément feuilles ou branches là où on le souhaiterait, surtout si celui-ci est travaillé depuis longtemps et la ramification importante.

Avec le temps et le travail apporté, le frêne a tendance à multiplier ses bourgeons dormants qui pourront ou pas se réveiller au moment voulu.

A) Formation des branches maîtresses :

Au début du printemps, juste avant le débourrement, on supprime sur le tronc les bourgeons indésirables au profit de ceux qui donneront des charpentières.

On laisse donc démarrer et grossir ces nouvelles branches. Pendant toute la période de croissance, on surveille attentivement la grosseur de la pousse et on peut les haubaner délicatement pour les orienter correctement. En effet, en règle générale, les nouvelles branches ont tendance à filer verticalement.

Si à un certain stade, la grosseur de la branche nous paraît correcte, on pince ou on coupe la partie terminale de la branche pour arrêter sa croissance.

Si la saison est bien avancée (août, septembre) on ne fait plus rien et on attend patiemment le printemps pour opérer ce qui suit. On en profite pour bien engraisser l’arbre en P (Phosphore) et K (Potassium)

Si au contraire on est juste à la fin du printemps, alors on peut commencer et amorcer la structure de l’arbre.

On évitera de pincer ou de couper les branches frêles ou poussives, on les laissera se fortifier une saison de plus si nécessaire.

Vous aurez noté qu’à ce stade on ne s’occupe pas de la longueur des entre-noeuds.

B) Ramification et branches secondaires :

Le grand défaut du frêne est de faire de longs scions avec de longs entre-noeuds et par là même, de grandes feuilles.

Plus la branche à ramifier est grosse, plus elle portera donc des entre-noeuds longs. C’est ce que l’on constate si on laisse filer une branche charpentière au moment de sa création.

Si on avait à pincer à ce stade au début du printemps, on obtiendrait une distribution de branches secondaires espacée, ou en bout de charpentière, peu conforme a ce que l’on recherche. Il faut donc se résigner à couper afin d’obtenir une ramification plus proche du tronc.

Cette première coupe a donc pour objectif d’obtenir une nouvelle cime, et éventuellement une première branche secondaire, début d’une belle distribution alternée.

- Mais il faut savoir où couper ?

Nous dirons au plus proche du tronc, ceci afin de prévoir au plus près les futures ramifications, mais également pour anticiper la conicité de la branche charpentière.

En fonction de la position souhaitée, nous repérons donc et coupons au dessus :

  • de bourgeons verticaux :
    • Dans ce cas, on surveillera l’évolution de ces bourgeons et on supprimera le bourgeon montant.
  • de bourgeons horizontaux :
    • Si l’on souhaite affiner une branche on ne gardera qu’un seul bourgeon.
    • Si non, on peut garder les deux bourgeons : une future cime et une future branche secondaire.

Il faudra donc veiller au cours de leur croissance à ce que les branches secondaires présentent une dissymétrie en terme de grosseur. On arrêtera donc plus tôt la croissance de la branchette en pinçant et on coupera la nouvelle cime au moment voulu et à l’endroit voulu (pour faire une deuxième branche secondaire...).

Si une branche secondaire est trop frêle ou trop faible pour être coupée, on laissera passer une saison avant de la rabattre plus proche de la branche porteuse, sinon on aurait des risques de la voir sécher.

Voila donc le grand principe de formation.

On fera la même chose pour le travail des branches secondaires et autres. Mais si cela parait simple en théorie, il n’en est rien car le résultat peut être différent au niveau bourgeonnement, répartition des forces au niveau des branches....

D’où l’intérêt de bien "sentir" son arbre, de comprendre ses besoins, ses forces et ses faiblesses. Un différé de travail sur une branche peut destabiliser l’allure de votre arbre, mais à ce stade, on n’y apportera pas d’attention.

Tout est donc question de patience, mais plus on respectera ce cadre de travail plus le résultat sera payant à long terme




C) Pincement et entretien :

L’objectif sur le frêne est de maintenir des entre-noeuds courts et des branches d’une certaine grosseur.

On pince donc en règle générale après le débourrement, à 4 feuilles. Ceci nous permet également de réveiller des bourgeons dormants, mais ce n’est pas l’objectif premier (ceux-ci se réveillent plus facilement par la taille).

Sur un arbre bien avancé en terme de ramification, la taille pourra se résumer au pincement du bourgeon terminal... tant les feuilles et entre-noeuds seront courts.

D) Techniques annexes

  • Ablation du bourgeon terminal avant debourrement :

Cette technique est intéressante quand on a des branchettes courtes à ramifier (une dizaine de cm, voire beaucoup moins, en gros entre 2 et 10cm) et une réserve de bourgeons intéressante avec entre-nœuds courts. L’objectif est de réveiller cette réserve de bourgeons en vue de créer de nouvelles sorties.
Juste avant le débourrement quand les bourgeons sont bien gros on pince avec les ongles les 3 bourgeons de tête, mais sans endommager la branche (et la réserve d’azote contenue à la base des bourgeons).

Si cette opération est pratiquée sur des branches grandes et longues, le réveil des bourgeons ne sera que partiel, mais cela ne présente aucun intérêt compte tenu de la longueur des entre-nœuds sur ces branches.

La technique est donc à utiliser pour des ramifications terminales.

  • Pincement post débourrement :

Essayer de ramifier de cette manière donne des résultats assez aléatoire car seul quelques bourgeons forts se réveillerons.
L’objectif du pincement est de limiter les entre-nœuds et mettre à disposition une réserve de bourgeons pour une utilisation future et éviter le grossissement des branches.
Attention à ne pas le faire systématiquement au débourrement car l’arbre va se focaliser sur la création et l’épanouissement des bourgeons de tête !
Néanmoins, cela peut être intéressant pour équilibrer les forces au sein d’une branche en cas de départ sur les chapeaux de roues, ou pour stopper la pousse apicale. Il faut donc respecter un certain niveau de pousse avant de le faire, puis recouper comme expliqué plus haut, juste avant la maturation complète des feuilles (au moment où elles sont de couleur vert foncé !).

  • Effeuillage :

L’effeuillage aide à ramifier.
Lorsqu’il est couplé a un pincement tardif, on obtient des résultats intéressants sur le bourgeonnement arrière (d’où l’intérêt d’avoir des branches avec des entre-nœuds courts et une bonne réserve de bourgeons).
Attention à ne pas le faire trop tard, car les sorties et nouveaux bourgeons n’auront pas forcément le temps de forcir avant l’hiver, avec pour conséquences des pertes possibles au début du printemps suivant. Le mieux, est alors de prévoir un bon programme d’engraissement !!!!

L’effeuillage s’effectue au moment ou la coloration du feuillage vire au vert foncé :

  • A ce stade l’arbre a terminé un cycle de croissance. Et bien que les branches ne soient pas encore aoûtées, il a accumulé suffisamment d’énergie pour repartir sur un cycle de pousse plus discret. Si on le travaille à ce moment là il répondra parfaitement, plus tard ce serait efficace mais les nouvelles pousses seront faibles pour le printemps suivant.

Pour cet arbre, il est donc possible :

    • de rabattre les pousses de l’année au plus proche à 1 ou 2 paires de feuilles suivant la direction souhaitée pour la future pousse et à condition que la branche soit forte et que leur grosseur soit optimale. Si elle est faible, on ne fera rien dessus.
    • de défolier avec ou sans coupe comme ci-dessus. Le pincement aura déjà eu lieu (pour des entre-nœuds courts, freiner une pousse trop active d’une branche ou branchette....).
  • Comment conserver de la vigueur durant la phase de ramification :

Le frêne a une identité. Il développe naturellement 4 niveaux de ramification, et une dominance apicale spécifique.
Lorsqu’on le travaille, on doit respecter ses caractéristiques en canalisant son énergie... autrement, à un certain niveau de ramification, il va passer son temps à "réfléchir" sur ce qui est le bout de ses branches maitresses : branche arrière ? troisième branche secondaire ? C ’est à nous de lui indiquer le chemin, tout en maintenant suffisamment de force sur les autres branches. Le travail en vert permet cela (laisser pousser, arrêter une pousse...) Il n’est pas simple néanmoins d’avoir une maitrise globale. C’est pour cela que la ramification a un certain stade ralentit l’arbre. Si un doute subsiste, alors on ne fait rien et on observe ce qui se passe : l’arbre nous montrera ses forces ! Ce qui nous permettra d’élaborer un schéma directeur de travail.

pour illustrer :

Voila un frêne déjà ramifié qui a été taillé et effeuillé.

Certaines parties n’ont pas été taillées volontairement avant effeuillage pour garder de l’inertie (celles que l’on veut comme têtes de charpentière). On remarque nettement leur vigueur après effeuillage par rapport aux autres branches. Les autres branches, ramifiées a présent (certaines étaient dominantes en début de printemps) , ont juste fait une petite pousse avec des entre-nœuds très courts.
A ce stade on ne touche surtout pas ces "têtes" de branche, on laisse filer , on travaillera en mai/juin l’année prochaine pour de nouvelles branches secondaires. On pourra au préalable peut être juste pincer en bout pour arrêter la pousse si la branche prend de trop grosse proportion et si elle "mange" trop d’énergie par rapport aux autres !

... mission accomplie pour cette année : ramifications arrières, énergie conservée.... mais par contre engrais à fond , histoire de ne pas perdre de branchettes l’année prochaine !!!

Quand on regarde par dessous on comprend un peu mieux (charpentière A) : quelle branche aurait pu capter la dominance apicale 1,2 ou 3 ? Nous le savions avant la taille et l’effeuillage mais l’arbre non. Lui aurait plutôt naturellement favorisé les branches fortes. Si on avait pincé toutes les nouvelles sorties avant/après effeuillage, l’arbre aurait donc eu du mal a re-canaliser tant les forces auraient été plus ou moins équilibrées sur toutes les branches (elles ont presque la même grosseur et la même ramification). Là il est clair qu’il prend le chemin qu’on lui a indiqué en douceur, on ne l’a pas stoppé (on aurait pu aussi choisir temporairement la branche 1 ou 3 (pour les faire grossir par exemple ) mais à l’encontre de la logique de pousse naturelle).

De même on essaiera de faire la même chose sur les branches secondaires (1 et 3) mais à une échelle quelque peu différente.

Voila donc un schéma théorique qui pourrait se résumer à  :

- on laisse pousser, on pince, on coupe.

Tout est donc question de temps et de bons choix.

Il faut également ne pas oublier que plus les branches coupées seront grosses, plus les pousses qui suivront seront vigoureuses et grossiront rapidement. L’objectif majeur étant donc d’arriver à une ramification de plus en plus fine qui permettra une canalisation de la force de l’arbre sur l’ensemble de ses branches.

L’avantage avec le frêne c’est qu’il pardonne facilement les erreurs, car plus on le travaille, plus il fournira de bourgeons dormants qui pourront prendre le relais. Ce qui est difficile, c’est de maîtriser sa vigueur qui, sur un oubli, peut remettre en question toute la structure d’une branche, voire de l’arbre.

Mais en bonsaï, nous n’allons pas nous plaindre, rares sont les espèces aussi vigoureuses.

Un article intéressant sur l’évolution sur plusieurs années d’un frêne prélevé par pascal37

Un lien intéressant sur le projet d’un futur mame de fraxinus travaillé par pascal37

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