Le premier site
francophone
du bonsaï et
des arts associés

background speedbar
Nouvel utilisateur ?Inscrivez-vous !

x
imprimer

Comment faire un bon rempotage

Kingju nous a proposé sur le forum un sujet concernant la manière de faire un bon rempotage. Il a détaillé sa façon de procéder, vous la retrouverez dans cet article.


D’une manière générale, il faut rempoter lorsque :

- l’eau ne pénètre plus visiblement aisément dans le substrat (substrat trop compact ou pas drainant donc constamment humide....)
- lorsque les racines sortent du pot (par en dessous ou au dessus).

Pour le choix du type de substrat, tout est aussi question de localisation géographique et de la fréquence d’arrosage que l’on peut offrir à l’arbre, Kingju utilisant généralement :

L’akadama avec kanuma (très peu) est réservé aux érables essentiellement palmatum . Les buergerianum sont plus souvent dans akadama et kyriu.

Les autres feuillus dans un substrat à dominance pumice.
Les juniperus pouzzolane avec akadama ou pumice.
Les pins substrat à dominante kyriu ou arène granitique quand j’en ai.
Les ifs substrat à base de graviers et pouzzolane.
Peu d’écorce de pins compostés (jamais plus de 10%) dans tout cela...

Dans ce sujet sur le rempotage, on s’intéressera ici particulièrement à rappeler la méthode et pas nécessairement à savoir s’il vaut mieux utiliser tel ou tel substrat et dans quels proportions, la méthode étant valable pour tous les types de substrat.

Par contre sur la granulométrie un petit petit rappel s’impose :

La granulométrie dépend de l’étape de travail de l’arbre :

Plus l’arbre est jeune plus on cherche à développer le racinaire, plus la granulométrie est grosse

Plus l’arbre est établi en bonsaï, plus les rempotages sont espacés dans le temps avec une granulométrie plus fine.

Commençons par les substrats.

Kingju les utilise tous tamisés, dépoussiérés et quelquefois même lavés.

Durant l’hiver, les substrats sont triés dans des bacs en fonction de la granulométrie obtenue. Ca occupe...

Les reliquats de pouzzolane, akadama, pomice et autres substrats trop fins ne sont pas jetés, ils serviront de supports aux boutures ou pour développer la mousse préalablement séchée et émiettée.

Il s’agit en grande majorité d’akadama 3-6mm avec un peu de kanuma.

Vous l’avez compris ses substrats sont prêts depuis quelques mois déjà, il suffit de faire le mélange. Il n’est pas de ceux qui préconisent différentes granulométries : une grosse dans le fond, une moyenne au milieu, petite au dessus. Il préfère de loin savoir où en est est l’arbre et adapter la granulométrie à cette étape.

Le substrat est donc prêt. Voyons maintenant ce dont nous aurons nécessairement besoin :

- des grilles de drainage ou du grillage.
- un couteau à lame très souple si possible qui est comme une cuillère à pamplemousse : il n’y a qu’un seul coté de dentelé et pas sur toute la longueur.

- des baguettes en bois du type de celle que l’on trouve en restauration
- des tubes comme ceux utilisés en aquariophilie de différents diamètres (il est aussi possible d’utiliser un morceau de chambre à air ou un morceau de moquette)
- des chutes de ligatures de différentes longueurs et de différents diamètres histoire de ne pas gaspiller.

Quelques outils : pince et ciseaux à racines, pince à jin, pince coupe-fil.

Il faut commencer par découper le grillage d’une taille un peu supérieure à celle du trou de drainage.

Avec de premières petites chutes de ligatures, réalisation des cavaliers qui vont maintenir le grillage au dessus des trous.

Des fils de ligatures plus longs dont le diamètre dépendra de la grosseur de l’arbre à maintenir seront également disposés soit par les trous prévus à cet effet, soit par le trou de drainage central.

Il est aussi possible d’en préparer un ou deux à l’avance tels que ceux-ci :

Ici, l’on voit qu’il est possible de prévoir jusqu’à 3 fils d’attache. 2 suffiront.

Vous vous demandez à quoi tout ça peut bien servir ? Attacher l’arbre ? Eh oui, c’est indispensable si vous ne voulez pas qu’il puisse se retrouver les racines à l’air lors d’un coup de vent par exemple. Cette opération est aussi nécessaire afin de lui permettre de développer un bon racinaire qui risquerait d’être endommagé si l’arbre venait à bouger dans son pot.

Et on a toujours pas touché à l’arbre. Et il n’est pas encore question de le faire. Sinon il serait à racines nues depuis trop longtemps déjà. Tout doit être prêt avant. Il ne s’agit pas de dépoter un arbre et de se dire ensuite comment on fait maintenant ?

Maintenant, c’est la préparation du moyen de protéger l’écorce lors de l’arrimage de l’arbre au pot.

Pour celà, prendre un morceau assez grand de tube pour aquarium dans lequel 2 incisions suffisamment espacées seront pratiquées. Ensuite, couper la partie supérieur en la pinçant. Le tube n’est pas sectionné dans son intégralité. Résultat :

Il suffira ensuite de faire passer un fil à chaque extrémité et le faire ressortir dans l’espace ouvert.

Avant de s’occuper de l’arbre à dépoter, placer un petit monticule de substrat au centre du pot :

Voilà maintenant que le matériel est prêt, on va pouvoir s’occuper de l’arbre à dépoter en se focalisant sur le travail des racines et sans perdre de temps à faire autre chose pour ne pas les laisser à l’air libre trop longtemps.

1ère étape : redresser les extrémités des cavaliers maintenant les grilles sour les trous de drainage et sectionner les fils de ligature maintenant l’arbre dans pot (dessus et dessous) :

Ensuite, désolidariser l’arbre des bords du pot en utilisant le fameux couteau souple tout autour du pot en imprimant de léger mouvement de haut en bas :


Avant de sortir l’arbre du pot, s’il y en a, mettre la mousse de côté :

Et l’arbre vient tout seul :

On voit clairement que les racines ont bien colonisé le pot y compris sur les bords. Il est bien temps de rempoter.

Retirer le substrat avec une baquette en bois en"grattant" en commencant par le fond puis la surface. Il serait aussi possible de le faire avec une griffe à trois dents ou une fourchette mais ce serait plus de risque de blesser les jeunes radicelles si importantes pour l’arbre.

Et puis pour un arbre de taille raisonnable et déjà dans un substrat minéral depuis longtemps ce n’est pas indispensable.

Veiller à deméler avec précaution le pain racinaire pour découvrir toute la longueur des racines.

Un autre exemple de racinaire :

L’intérêt d’un rempotage c’est aussi de vérifier l’état sanitaire. Quand elles sont de cette couleur et en cette quantité, l’année s’est bien passée. Dans ce cas cas précis, ce n’était que sa première année en pot après un retour de 3 ans en pleine terre. Et donc, il faut le rempoter à nouveau, l’arbre étant si vigoureux que les racines poussaient l’arbre hors du pot.

Les mêmes racines une fois démêlées :

Une fois le substrat retiré, on en profite pour s’occuper des racines. En fait, il faut les regarder comme lorsque l’on taille une branche : on retire tout ce qui est long sans ramification proche, tout ce qui monte ou se croise et que l’on ne peut replacer ailleurs. On taille juste sous un départ de ramification de racines quand c’est possible,

Exemple de taille (traits rouges) :

Bien entendu le travail sur les racines doit être le plus rapide possible afin d’éviter qu’elles ne se déssèchent. Il faut prévoir à proximité un pulvérisateur ou un linge humide pour les pulvériser ou les recouvrir en cas de besoin.

Après la pose du mastic :

C’est maintenant le moment de disposer l’arbre dans le pot et c’est là qu’entre en jeu la méthode d’arrimage de l’arbre :

A l’aide de la pince à Jin on tire tout en tournant les deux fils. On va ainsi venir plaquer le plastique de protection contre l’écorce de l’arbre.

L’opération sera répétée de l’autre côté.

C’est le moment d’ajouter le reste du substrat. Il est très important de faire pénétrer ce substrat entre les racines en pratiquant des mouvements circulaires rapides à l’aide d’une baquette en bois, ceci pour éviter les poches d’air nuisible à un arrosage homogène.

Une fois l’opération faite et avant l’arrosage :

Ensuite, il faut arroser copieusement mais en pluie fine pour ne pas malmener le substrat encore instable, pour le lessiver entièrement des dernières poussières ou impuretés. On arrosera tant que l’eau issue des trous de drainage ne sera pas claire.

Après l’arrosage :

Pour terminer les mousses sont de retour :

L’arbre sera ensuite placé hors-gel jusqu’au retour des températures positives la nuit lorsque cela est nécessaire en raison de la localisation.

Pendant quelques semaines après le rempotage, le nouveau substrat n’est pas bien stable dans le pot, on veillera donc à le protéger des assauts des oiseaux qui sortent de l’hiver affamés et qui aiment fouiller. On y placera idéalement un grillage un plastique par exemple.

Il ne faut pas oublier que la période où les températures remontent est aussi celle où les bourgeons se réveillent et où le besoin en eau devient plus important (et oui le bourgeonnement "consomme" de l’eau), il faut donc surveiller à nouveau les besoins et les réactions de vos arbres.

Les débutants hésitent souvent à se lancer dans ce type d’opération. A partir du moment où tout le matériel est prêt, il n’y a aucune crainte à avoir, même si cela semble un peu difficile, ça ne l’est au final pas tant que ça.

L’érable utilisé pour l’article en feuilles fin mai 2016 :

L’arbre (un zelkova) dont vous voyez les photos du racinaire "en bloc" et une fois démêlé sous le terme "un autre exemple de racinaire" , en feuilles également :

Bon(s) rempotage(s) !

Le sujet sur le forum.

haut de page